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L’ECOLE POUR DÉFICIENTS AUDITIFS : DÉDRAMATISER LE HANDICAP PAR L’EDUCATION

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A l’Ecole pour déficients auditifs (EDA), bâtie au cœur de la rue du Bla-bla (rue Princesse), au quartier del’Hippodrome, en Commune II, un jeudi matin. A 09 heures déjà,l’ambiance est studieuse. Les élèves déficients auditifs apprennent l’alphabet pour pouvoir lire, écrire et signer.

La cour est presque vide. Elèves et maîtres sont en classe comme dans les autres écoles normales. Dans chaque classe, l’on peut voir des enseignants qui expliquent, avec des gestuels, le cours aux élèves. Ceux-ci prennent note dans leur cahier ou recopient au tableau noir.

Dans cet univers, la parole fait place aux signes, mimes (imitations), communication visuelle et gestuelle. Les signes des déficients auditifs instruits et ceux non instruits sont différents. Mais les deux handicapés auditifs se comprennent, peuvent communiquer. L’école enseigne les mêmes programmes que les écoles ordinaires, d’où les mêmes évaluations et examens scolaires (CAP, BT, DEF, Bac et autres).

EDA est une structure étatique créée en janvier 1993 par l’Association malienne des sourds (AMASOURDS). Elle comprend trois cycles : le préscolaire (de 3 à 6 ans), le 1er cycle (de 7 à 12 ans) et le second cycle (de 13 ans et plus). Chaque cycle à sa direction. L’établissement compte 365 élèves déficients auditifs encadrés par 32 enseignants.

C’est un établissement scolaire déclaré d’utilité publique. Elle est destinée à accueillir des enfants ayant un déficit auditif. Elle est la première école pour déficients auditifs au Mali.

L’Etat et des partenaires aident cette école en lui fournissant du matériel didactique, des moyens de transport et des formations professionnelles. L’ONG « Agir » de la Première dame, Mme Kéïta Aminata Maïga, a offert un minibus à l’Association malienne de sports pour déficients auditifs (AMASDA).

Le Projet éducation inclusive pour enfants déficients visuels de l’école primaire, de l’ONG internationale « Sightsavers », s’occupe de la lutte contre la cécité et pour la réhabilitation des handicapés auditifs et visuels. Il est mis en œuvre dans six écoles dont quatre classiques, une intégrative et une spéciale dans les Régions de Koulikoro, Ségou et Gao et dans le district de Bamako.

Dans un entretien, le directeur du Centre de développement de la petite enfance (CDPE) à l’EDA, Makan Koné, a précisé que le déficit de communication entre élèves et parents à la maison, la non maitrise des signes auditifs par les enseignants, le manque de formation continue des enseignants en langue de signes, pour pouvoir communiquer avec les élèves auditifs, sont les difficultés de l’école.

Pour lui, beaucoup de déficients auditifs ont des problèmes familiaux. Car ils sont rejetés et stigmatisés par leurs parents ou la société. Et c’est pourquoi, l’Ecole pour déficients auditifs leur sert de cadre de réconfort, d’épanouissement et de consolation.

Selon M. Koné, cet établissement vise trois principaux objectifs dont le dépistage précoce des enfants. Il poursuit, en précisant que, dès l’arrivée des enfants, ils sont suivis à travers des tests sur la situation de leur handicap, par des apprentissages comme dans les écoles ordinaires et, enfin, ils reçoivent une formation professionnelle.

Par ailleurs, Makan Koné a précisé que les heures de rentrée dans cette école sont pareilles que dans les établissements classiques. C’est-à-dire, de 8 heures à 11 heures pour les préscolaires, du lundi au vendredi. « La seule différence est qu’ici, les élèves reçoivent leur enseignement à travers la langue des signes (Communication visuelle et gestuelle) », a-t-il indique.

Le directeur du second cycle, Aboubacar Sangaré, a expliqué, pour sa part, que la seule différence avec les écoles dites normales est l’absence de cours les après midi. Ici, la journée est continue. « Cette école est connue comme la seule destinée aux sourds, sur la rive gauche, et le seul second cycle au Mali. Très généralement, le nombre de garçons est plus élevé que les filles dans les classes, car il y a plus de garçons malades que de filles », explique-t-il.

En 7e année, il y a 13 filles et 34 garçons, en 8e année, 10 filles et 20 garçons, en 9e, 15 filles et 18 les garçons », a ajouté M. Sangaré avant de dire que, pour adhérer à cette école, il faut, d’abord, certains critères, comme être sourd-muet ou être un handicapé de la surdité.

Selon lui, depuis un certain temps, avec une politique du gouvernement, l’école accueille, désormais, des enfants qui n’ont aucun problème de handicap. Ce qui permet aux élèves de s’épanouir avec les non malades pour qu’ils puissent avoir une certaine considération à leur égard. Il termine en lançant un appel au gouvernement à construire de nouvelles structures pour que ces enfants puissent poursuivre leur formation, après le Diplôme d’études fondamentales (DEF) car, beaucoup d’entre eux s’arrêtent au second cycle. « Souvent, ils perdent même toutes les notions acquises à l’école », a regretté le directeur de l’école.

Aux alentours de la cour, se sont réunis des parents d’élèves, formant un «grin » sous un arbre, non loin de la direction du premier cycle. Chacun attend son enfant pour l’encourager et lui remonter le moral car, souvent, il arrive que ces élèves refusent de suivre les cours.Faguimba Dembélé est un (grand) parent d’élève. « J’accompagne chaque matin mon petit-fils à cette école que je trouve très intéressante, car elle donne de bonnes formations, toute chose qui apporte beaucoup à mon petit-fils, depuis son arrivée ici», dit-il. Selon lui, depuis l’inscription du garçon, « beaucoup de choses ont changé dans sa vie, surtout l’intérêt que lui portent ses amis et les enseignants. Il ne se sent plus seul et ne s’éloigne plus des gens ».

Il incite tous les parents de sourds et en situation de handicap à veiller sur ces enfants et à penser à leur avenir pour qu’ils fassent partie de l’élite de demain, tout comme les élèves des écoles dites normales.

FC/SYW/MD

AMAP

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