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ÉDUCATION : ORAL DU BAC, L’INNOVATION QUI INQUIÈTE

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Le retour annoncé de l’oral au baccalauréat (BAC) suscite un débat chez les acteurs de l’école. Si l’innovation est saluée par certains, selon le blogueur Boubacar Sounkoro, d’autres manifestent leur réticence au contraire.

Supprimé depuis des années au Mali, le retour du contrôle oral au baccalauréat fait débat. Le ministre de l’Éducation nationale, Dr Timoré Tioulenta, l’a annoncé à la télévision nationale lors de la rentrée scolaire cette année (2019-2020). Il s’agirait de se conformer à une directive de l’UEMOA (Union économique monétaire ouest-africaine) prônant ce contrôle. Il y va aussi de la compétitivité des élèves maliens dans la sous-région.

Les tractations sont en cours entre les différents acteurs sur les modalités de la mise en œuvre de cette réforme. Avec des milliers de candidats au baccalauréat, l’organisation de l’oral n’est pas une équation facile à résoudre. En 2019, ils étaient près de 10 000 candidats pour 280 centres d’examens.

PEUR ET INQUIÉTUDE

A la veille, lors du bac, tous les surveillants sont convoqués au centre concerné pour un briefing dirigé par le président du centre en vue de la lecture des textes officiels régissant les examens. Les centaines de candidats remplissent la cour de l’examen. Place à la peur et à l’inquiétude. Interdit de regarder ailleurs que sur la feuille de composition. Ils n’ont le droit de parler qu’aux deux surveillants. Et c’est ainsi jusqu’à la fin des 4 jours que dure l’examen. S’il faut ajouter d’autres jours pour l’organisation de l’examen oral, cela risquerait de mobiliser encore plus de fonds.

Au Mali, l’évaluation orale au baccalauréat fait peur à la grande majorité des élèves. Jadis considérée comme une fierté, l’épreuve orale n’attire plus les élèves d’aujourd’hui. Au contraire, le fait même de prononcer son nom auprès des élèves suscite la peur et l’inquiétude.« On a peur parce qu’on ne connait pas cette forme d’évaluation», me dit un groupe d’élèves avec qui j’ai discuté de l’oral.

 MISES EN GARDE DES ENSEIGNANTS

Beaucoup d’enseignants n’utilisent pas la forme orale pendant les évaluations. Toutes choses que certains élèves demandent de faire voire commencer dans les classes inférieures. « Il faut qu’ils commencent cela avant la terminale pour que les élèves y soient habitués », suggèrent certains. Cependant, pour certains élèves comme Fatoumata, fréquentant un lycée public de la capitale, l’oral est une épreuve comme les autres. «Je n’ai pas peur, confie Fatoumata. Si on a appris ses leçons, c’est facile de répondre aux différentes questions. Quelles que soient les questions, elles porteront sur ce qui a été déjà enseigné en classe. Donc, je ne vois pas de problèmes. » Dans un débat sur l’ORTM, le ministre de l’Éducation a souligné que les candidats bénéficieront d’un petit temps de réflexion avant de répondre aux questions.

A l’opposé, la vieille génération jubile, rien qu’à entendre le retour de l’épreuve orale au baccalauréat. Elle pense que les élèves d’aujourd’hui manquent de niveau,  parce qu’il n’y a plus de rigueur à l’école. Ainsi, selon certains, le retour de l’oral sera une bonne chose. Selon M. Sanogo, Censeur du lycée public de Mopti, « le retour de l’oral au baccalauréat est une bonne chose, mais dans les conditions actuelles cela paraît difficile à mettre en œuvre. » Et d’ajouter : « Cela pourrait même contribuer à la baisse du pourcentage des admis au baccalauréat, si on ne fait pas attention. Parce que certains élèves admissibles à l’épreuve écrite pourraient être recalés à l’oral. »

Le nouveau programme APC (Approche par compétence) ne renseigne pas sur l’évaluation orale. Il faut également souligner que l’oral sera aussi une nouvelle expérience pour les jeunes enseignants n’ayant jamais connu cette épreuve, même lorsqu’ils étaient élèves.

Source : benbere

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