“L’an dernier nous avons passé notre réveillon à Notre-Dame de Paris”. Cette année, huit mois après l’incendie du 15 avril, aucune messe de Noël n’y sera dite, pour la première fois depuis plus de deux siècles. Le “cœur lourd”, Shun célèbre donc Noël en l’église Saint-Germain l’Auxerrois, qui accueille les naufragés de la cathédrale.
Depuis l’incendie qui a fait tomber sa flèche et ravagé une partie de son toit le 15 avril, Notre-Dame de Paris, l’emblématique cathédrale de la capitale, a fermé ses portes – à l’exception d’une messe célébrée sans fidèles.
Alors pour cette nuit de Noël, c’est à quelques centaines de mètres, en face du Louvre, que se retrouvent fidèles et touristes.
Venus de Grande-Bretagne, Jean et Patricia Gillies vont “prier pour la mémoire de Notre-Dame”, explique avec émotion cette médiéviste. “Je vais à la messe pour prier Notre-Dame”, ajoute, dans un français hésitant, son époux.
La cathédrale sera aussi dans l’esprit de Shun et sa femme, Mei Yuan, d’origine chinoise, qui vivent en Europe. Ils ont d’ailleurs pris le temps, avant la messe, de passer au chevet de Notre-Dame, devant laquelle se dresse désormais une immense grue.
“On va prier pour Notre-Dame et on va prier pour l’avenir”, lance Shun, avant d’entrer dans Saint-Germain l’Auxerrois, mais avec “le cœur lourd”.
C’est dans cette église pluriséculaire, qui fait face à l’entrée orientale du Louvre, qu’ont été transférés une partie des offices de Notre-Dame.
– “Notre-Dame c’est ici” –
Danielle, fidèle parisienne, aura elle aussi un pincement au coeur en entrant dans Saint-Germain l’Auxerrois.
“On pleure depuis le 15 avril, et aujourd’hui encore plus”, explique cette fidèle parisienne, qui passait ses précédents Noël à Notre-Dame. Mais elle aperçoit quand même un rayon de soleil : la maîtrise, le chœur de Notre-Dame qui “est encore là” et qu’elle entendra ce mardi soir. Comme les autres croyants, pendant la messe, elle priera pour Notre-Dame et “pour tous les prêtres”.
A l’intérieur, venus célébrer le jour où, selon la foi chrétienne, est né Jésus-Christ, 300 personnes écoutent l’homélie du père Jean-Philippe Fabre. Avant la traditionnelle profession de foi, il adresse un mot à “tous ceux qui auraient peut-être voulu être à Notre-Dame”.
“Notre-Dame c’est ici ce soir”, ajoute-t-il. “Parce que Jésus donne sa présence partout”.
Au milieu de la messe, dans les travées, un groupe de touristes tente de s’avancer, bientôt arrêtés par un prêtre. Comme un petit goût de Notre-Dame…
Pour Juliette, 16 ans, venue d’Aix avec sa famille et qui avait assisté à la précédente messe de Noël à Notre-Dame, l’ambiance sera toutefois un peu différente.
“Ca reste une messe de Noël mais ce n’est pas la même chose… La cathédrale c’est une certaine ambiance. Ce n’est pas le même esprit mais ça reste une messe de Noël”, se rassure-t-elle. “Et il y aura une pensée pour Notre-Dame ce soir, c’est sûr”.
Après cette messe des familles, le recteur de la cathédrale, Mgr Patrick Chauvet, a célébré, toujours en l’église Saint-Germain l’Auxerrois, l’office de 23H30. Au même moment, dans l’Ouest parisien, c’est sous le chapiteau du cirque Gruss, que l’archevêque de Paris, Monseigneur Aupetit, officiait lui aussi pour la messe de minuit.
A Saint-Germain l’Auxerrois, à droite de l’autel, continue de trôner une statue de la vierge Marie. A ses pieds, les croyants sont invités à faire une offrande et allumer une bougie. Au dessus des flammèches, gravé dans le bois: “Notre-Dame de Paris, priez pour nous”
AFP