La violence d’origine terroriste a pris de l’ampleur ces dernières années dans les pays du Sahel, exposant ces derniers à une situation sécuritaire « très complexe », estime dans une interview exclusive à Xinhua l’analyste politique burkinabè Siaka Coulibaly.
« Le Sahel vit aujourd’hui une situation presque désespérée et très complexe. La violence d’origine terroriste a pris des proportions que les dispositifs de défense et de sécurité combinés n’arrivent pas à surmonter », indique ce consultant média sur les questions de gouvernance politique et de sécurité.
Pour M. Coulibaly, les armées des pays concernés, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, soutenues par des forces amies, « n’arrivent visiblement pas à venir à bout des groupes armés ».
Certains des groupes armés comme le Mouvement national de libération de l’Azawad (nord du Mali), le Front de libération du Macina (centre du Mali) et Ansarul Islam (nord du Burkina Faso) poursuivent des objectifs séparatistes.
D’autres tels que le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) et l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) cherchent à instaurer une hégémonie religieuse sous la forme d’un califat sur toute la bande sahélo-saharienne, expliqué M. Coulibaly.
C’est pourquoi, ajoute-t-il, les activités terroristes prospèrent depuis plus d’une décennie du fait des faiblesses des Etats de la zone qui n’arrivent pas à assurer de contrôle sécuritaire sur de larges espaces semi-désertiques.
« Ces espaces qui servaient déjà, depuis longtemps, à des activités de grand banditisme, de contrebande et de trafics divers, ont rapidement été occupés par les groupes terroristes, à partir notamment des problèmes politiques en Algérie dans la décennie 1990-2000 et après la chute brutale du régime de Moammar Kadhafi en 2011 » en Libye.
« Pendant longtemps, les attaques terroristes, qui ne s’en prenaient qu’aux représentants des Etats (forces armées et fonctionnaires), ont entraîné, à la longue, des conflits entre des communautés qui coexistaient pacifiquement jusque-là dans les régions centrales du Mali et du Burkina Faso », résume Siaka Coulibaly.
Au regard de la situation actuelle, il estime que les perspectives sécuritaires en 2020 « ne sont pas positives dans le Sahel ».
Pour lui, la réponse efficace contre le terrorisme est conditionnée par un réveil des dirigeants et des classes politiques dans les pays concernés en vue de déployer une volonté politique, non partisane, décisive dans la lutte contre le fléau du terrorisme.
Une telle volonté politique vigoureuse permettrait de mettre face aux puissances étrangères, avec des plans de sortie de crise complets dans lesquels les rôles et les responsabilités des partenaires étrangers sont clairement délimités, énumère-t-il.
Au plan national, M. Coulibaly préconise que les foyers de tension politiques soient rapidement résorbés afin de mobiliser toutes les ressources et énergies disponibles pour la lutte contre le terrorisme. Il ajoute que les inégalités régionales de développement socio-économiques ayant servi de prétexte à ces groupes armés doivent également être réduites par des programmes audacieux cherchant à corriger les déficits de protection sociale à très grande échelle.
« Contrairement à ce que beaucoup pensent, le terrorisme est un mal qui peut être résolu, assez rapidement même », par la mise à contribution « d’hommes compétents », conclut-il.
Source: Xinhua