La Turquie va envoyer des troupes en Libye à la demande de Tripoli, a annoncé ce jeudi 26 décembre Recep Tayyip Erdogan. Si la Turquie est prêt à s’impliquer dans le conflit, c’est que le pays a intérêt à ce que ce gouvernement d’union nationale se maintienne et s’impose.
Le projet de loi pour l’envoi de troupes en Libye devrait être voté par le Parlement le 8 ou le 9 janvier. Ankara fournit déjà un appui militaire au gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez el-Sarraj, reconnu par l’ONU, mais contesté par la coalition. Mais si elle souhaite s’engager de façon plus intense c’est qu’elle a des intérêts commerciaux.
25 milliards de dollars de contrats potentiels
Il y a bien un embargo international, mais les armes n’ont jamais cessé d’être livrées en Libye. Le gouvernement de Fayez el-Sarraj a notamment reçu des drones turcs à 2,5 millions d’euros pièce. La Turquie en difficulté économique tient à se faire payer. Le pays pense aussi aux 25 milliards de dollars de contrats signés, mais pas encore exécutés.
►À lire aussi : En Libye, face à la progression des forces de Haftar, Sarraj demande de l’aide
La survie du gouvernement Sarraj c’est aussi pour la Turquie, la garantie d’un enjeu maritime capital. Avec Tripoli, Ankara a signé un accord qui lui permet de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures.
L’accord inquiète la Grèce, l’Égypte, Chypre et Israël. Garder son seul allié en Méditerranée c’est aussi pour Erdogan tenir face à ses rivaux régionaux : l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis qui sont du côté du maréchal Haftar, le contestataire du gouvernement d’union nationale.
La Turquie peut aussi montrer qu’elle peut envoyer des soldats en Syrie comme en Libye. Pour Erdogan, c’est une démonstration à l’extérieur, comme sur la scène intérieure, qu’il reste un homme fort. Recep Tayyip Erdogan est actuellement contesté dans son propre camp et a perdu les municipales du printemps 2019.
RFI