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Déclaration du secrétaire général de l’ONU dans son dernier rapport sur le Mali

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Morceaux choisis : « L’opposition et la société civile…doivent tenir compte de l’intérêt national et assumer leur rôle… ; Il est maintenant  indispensable que l’administration… se déploie en particulier à Kidal… »

« Dans sa résolution 2480 (2019), le Conseil de sécurité a prorogé jusqu’au  30 juin 2020 le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies  pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et m’a prié de lui faire rapport tous les  trois mois sur la suite donnée à la résolution. Le présent rapport décrit les faits  nouveaux survenus depuis mon rapport précédent (S/2019/782), en date du 1er octobre  2019 et contient une analyse des progrès accomplis dans l’application des mesures  énoncées au paragraphe 4 de la résolution 2480 (2019) ainsi que de la situation dans  le nord et le centre du Mali et de la configuration de la Mission pour ce qui est de  l’exécution de ses priorités stratégiques principales et secondaires ».

Dans son dernier rapport rendu public par la MINUSMA ,  le secrétaire général de l’ONU s’est dit préoccuper par la persistance des retards dans l’exécution de l’Accord,  dans le cadre du dialogue national inclusif et par le regain d’insécurité dans tout le  pays, notamment par l’absence de redéploiement des forces de défense et de sécurité  nationales reconstituées dans le nord du Mali. Dans le cadre de ce dialogue, des débats  se sont tenus dans plus de 600 municipalités et 49 districts, dans la capitale et parmi  la diaspora, ce qui a donné l’occasion aux Maliennes et aux Maliens de faire part de  leurs préoccupations et d’envisager des solutions. « J’ai été particulièrement encouragé  d’apprendre que des représentantes des femmes s’étaient exprimées durant la plupart  des séances. Les Maliennes ont payé un lourd tribut dans ce conflit qui fait rage dans  leur pays depuis 2012. Elles doivent pouvoir participer réellement à la vie politique  du Mali et prendre part aux décisions qui influeront sur leur avenir. Je demande aux  chefs de l’opposition et à la société civile qui ont décidé de ne pas participer au processus de tenir compte de l’intérêt national avant tout et d’assumer le rôle d’une  opposition responsable. Je demande également à tous les dirigeants maliens de faire  preuve d’esprit d’initiative nécessaire et de trouver un terrain d’entente et des  solutions pragmatiques pour reprendre la mise en œuvre du processus de paix et faire  avancer les réformes essentielles, notamment la révision de la Constitution, qui est  une mesure indispensable pour progresser dans d’autres domaines. L’exécution de l’Accord de paix demeure la seule voie viable pour régler la  crise complexe du Mali et jeter les bases de solutions durables pour la paix et la  stabilité : il est essentiel que les Maliens se l’approprient sur le plan national afin qu’il  puisse être exécuté, et je conçois également qu’ils souhaitent en débattre. Il est toutefois important de saisir qu’à ce stade critique, il n’existe d’autre option que cet  accord. Il faut redoubler d’efforts pour veiller à ce que la population, dans toutes ses  composantes, le comprenne. Il est de la plus haute importance que les parties  signataires règlent leurs différends par la concertation et reprennent les réunions  régulières du Comité de suivi de l’Accord. Mon représentant spécial continuera d’œuvrer avec toutes les parties pour surmonter l’impasse.  La nouvelle dégradation de l’état de la sécurité au Mali et dans l’ensemble de la  région du Sahel est alarmante. Les groupes terroristes gagnent du terrain, tandis que les attaques contre les forces de sécurité nationales et internationales se poursuivent  sans relâche. Je condamne avec la plus grande fermeté les attentats odieux perpétrés contre les forces armées nationales, qui ont essuyé de lourdes pertes. Je rends  hommage à toutes les forces nationales et internationales qui continuent de s’acquitter  de leurs tâches dans les circonstances les plus difficiles et les plus dangereuses qui  soient et rappelle que certains ont payé le prix ultime dans la quête d’un avenir  meilleur pour tous les Maliens. Les forces de sécurité nationales et internationales jouent un rôle crucial au Mali et leur participation reste essentielle, même si une  solution militaire ne suffira pas à elle seule à résoudre les problèmes auxquels se  heurte le pays. Pour faire face à la crise complexe, il faut une réponse  multidimensionnelle et une direction forte et unifiée. J’exhorte tous les acteurs à  dépasser leurs divergences, à travailler ensemble et à trouver des solutions pour  accélérer l’exécution de l’Accord. Cela reste le moyen le plus pragmatique de  s’attaquer aux causes sous-jacentes de l’instabilité et de l’intensification des activités  terroristes.  L’intégration de 1 330 ex-combattants des mouvements signataires dans les  forces armées nationales est un résultat encourageant. Pour la première fois depuis la  signature de l’Accord en 2015, des ex-combattants ont renoncé à leurs armes pour  servir leur pays dans les rangs de l’armée. Comme le prévoit l’Accord, ils feront partie  des unités reconstituées et réformées qui seront redéployées dans le nord du Mali.  Leur redéploiement sera important non seulement pour renforcer les forces armées nationales, mais il constituera aussi une première mesure concrète vers le  rétablissement de l’autorité de l’État dans le nord du pays et ouvrira la voie à une  présence plus marquée de l’administration et de la justice publiques, ce qui sera  fondamental pour régler le conflit et combattre le terrorisme. Il est maintenant  indispensable que ce redéploiement ait effectivement lieu dans le nord du Mali, en particulier à Kidal. Je demande au Gouvernement et aux mouvements signataires de  résoudre d’urgence toute question en suspens et de faire en sorte que le plan puisse  être approuvé par toutes les parties.  Je demeure préoccupé par la situation dans le centre du Mali, où les activités  terroristes continuent d’alimenter les violences intercommunautaires, ce qui pèse  lourdement sur la population locale. Je me félicite de l’action menée par le  Gouvernement pour adopter une stratégie globale en vue de remédier à cette situation déplorable. Je suis encouragé en particulier par les initiatives de dialogue du  Gouvernement, qui ont donné des résultats et concouru à la réduction relative des  violences intercommunautaires dans le centre du Mali. La prolifération des  mécanismes gouvernementaux et le chevauchement des compétences ont toutefois  entrainé une certaine confusion, qui doit être clarifiée. Je condamne les incidents  répétés au cours desquels des miliciens ont restreint les déplacements des forces de  la MINUSMA et fait preuve d’hostilité envers elles. Ces faits compromettent les  mesures prises par la Mission pour protéger les civils. Je voudrais également prévenir  que les initiatives de désarmement en dehors d’un cadre politique clair risquent de  susciter des attentes irréalistes chez ceux qui ont pris les armes pour diverses raisons.  La lutte contre l’impunité restera essentielle pour endiguer la violence dans le centre  du pays et les autorités doivent en faire davantage pour manifester leur volonté à cet  égard. J’exhorte les autorités judiciaires nationales à poursuivre les enquêtes,  notamment sur les horribles massacres de Koulogon Peul, Ogossagou et Sobane Da  et à en traduire les auteurs en justice. Je voudrais également souligner la nécessité de demander des comptes aux auteurs de crimes commis contre les soldats de la paix. Quelque 128 d’entre eux ont été tués à la suite d’actes malveillants et aucun des  auteurs n’a été tenu pour responsable. Pour stabiliser la situation au Mali et lutter contre le terrorisme, il faudra  répondre aux doléances des laissés pour compte et des pauvres. Il sera essentiel à cet égard de faire progresser les réformes envisagées dans le cadre de l’Accord, d’investir  dans le développement économique et d’ouvrir des perspectives. La zone de  développement des régions du nord peut devenir un moyen important de favoriser des  activités génératrices de revenus et d’emplois dans ce secteur où une grande partie de la population locale est démunie et n’a pas encore vu de dividendes de la paix. Le  redéploiement de l’administration de l’État ne fera une différence que s’il va de pair  avec le transfert d’autorité, de responsabilité et de ressources du gouvernement  central. Une décentralisation complète à plus long terme sera importante pour stabiliser le Mali, compte tenu de l’immensité de son territoire et de la diversité de sa  population.

La situation humanitaire continue de se dégrader. Dans l’ensemble du pays, 3,9 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, principalement dans le nord et le centre, des femmes et des enfants pour la plupart. La dégradation de l’état de la sécurité entrave également la sécurité des travailleurs humanitaires et restreint  leur accès aux personnes dans le besoin. Plus de 1 000 écoles sont aujourd’hui fermées au Mali du fait de l’insécurité qui empêche des centaines de milliers d’enfants  de recevoir une éducation. La fermeture des écoles est inquiétante, car l’éducation  demeure l’un des investissements les plus importants qu’un pays puisse faire dans sa  population et son avenir.  Compte tenu de la complexité des problèmes et de la nécessité tout aussi grande  de trouver des solutions globales, la présence de la MINUSMA au Mali reste  indispensable et la pertinence de son mandat ne se dément pas. La Mission continue  de jouer un rôle fondamental sur les plans politique et de la sécurité, et son appui est  déterminant dans la mise en place d’un espace propice au déroulement du processus  de paix. L’appui de la Mission a été essentiel pour faciliter les progrès accomplis dans  l’application des mesures prioritaires énoncées dans la résolution 2480 (2019). La  MINUSMA opère selon des règles d’engagement strictes et est habilitée à utiliser tous  les moyens nécessaires face aux menaces qui pèsent sur l’exécution de son mandat,  même s’il ne s’agit pas d’un mandat de lutte contre le terrorisme. Je demeure convaincu que les organisations partenaires sont mieux placées pour mener de grandes opérations de combat et de lutte antiterroriste et fournir un appui spécialisé  au-delà du mandat de la Mission et des capacités du système des Nations Unies. Il  faut des partenariats efficaces pour garantir un succès collectif.  La Mission a accompli de grands progrès pour renforcer sa présence et ses  activités dans le centre en redéfinissant l’ordre de priorité des tâches prescrites,  compte tenu de ses priorités stratégiques principales et secondaires. Au vu de la  grande complexité de la menace, de l’intensification des activités terroristes et de la  limitation des capacités nationales, elle ne peut en faire davantage sans ressources  supplémentaires. Le plan d’adaptation la concernant présente une proposition viable  pour une force plus agile, plus mobile et plus souple, dotée d’unités adaptées et de  capacités renforcées et surtout d’une mobilité aérienne accrue. Il n’entraînera pas  d’augmentation de l’effectif autorisé, mais nécessitera des ressources supplémentaires. J’engage les États membres à appuyer cette proposition lorsqu’ils examineront les  contributions et le budget de la Mission, conformément aux engagements qu’ils ont  pris dans le cadre de l’Action pour le maintien de la paix.  Je tiens à exprimer ma gratitude à mon représentant spécial, Mahamat Saleh Annadif, pour son inlassable travail et dévouement. Je tiens également à remercier  tous les membres du personnel civil et en tenue des Nations Unies, aux pays qui  fournissent des contingents ou du personnel de police, aux membres de l’équipe de  médiation internationale, aux pays donateurs, aux organisations régionales et  multilatérales, aux organisations non gouvernementales et à tous les autres partenaires  pour leur soutien inestimable à la paix au Mali.

Coumba yaye

Source : La Voie

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