Salva Kiir et Riek Machar se sont vus pendant deux jours à Juba pour tenter de débloquer les négociations en vue d’un gouvernement d’union nationale.
Initialement prévue en mai l’année dernière, la formation de ce gouvernement a déjà été reportée deux fois. Le nouveau délai expire le mois prochain. Et la pression monte alors que le sous-secrétaire d’État américain chargé des Affaires africaines, Tibor Nagy arrive dans la région.
Il ne reste plus que cinq semaines au président Salva Kiir et son rival Riek Machar pour mettre sur pied un gouvernement d’union nationale. Et les rencontres s’accélèrent. Il faut dire que Washington commence à s’impatienter.
Depuis la signature d’un accord de paix il y a un an et demi, le président Kiir et le leader du mouvement armé le SPLM ne parviennent pas à concrétiser certains points de cet accord de paix. Comme, par exemple, la création d’une armée unifiée, mais aussi le tracé des frontières, et le nombre d’États régionaux au sein du pays.
La semaine dernière les États-Unis ont imposé des sanctions financières contre le vice-président sud-soudanais Taban Deng Gai, qu’ils accusent de saboter la mise place d’un gouvernement de transition.
Le sous-secrétaire d’État américain chargé des Affaires africaines, Tibor Nagy doit arriver à Juba dans les jours qui viennent. En début de semaine, l’ambassadeur britannique dans le pays, Chris Trott s’est à son tour inquiété du manque de progrès. Salva Kiir et Riek Machar sont donc sous pression pour montrer que les discussions avancent.
Washington perd patience
Dans une interview à RFI, Tibor Nagy estime d’ailleurs que la communauté internationale a « perdu patience ». « Habituellement quand il y a une crise politique, il y a d’autres options, un plan B ou un plan C, précise le sous-secrétaire d’État américain chargé des Affaires africaines. Dans ce cas, il n’y a qu’une seule option. Ils doivent annoncer ce gouvernement d’unité nationale. Ils disent toujours, “nous devons faire ceci, nous devons faire cela” avant de pouvoir annoncer ce gouvernement. »
Or, Tibor Nagy prend l’exemple du voisin soudanais :« le Soudan a réussi à mettre sur pied un gouvernement de transition, malgré d’énormes problèmes, qui existent encore. Mais ils sont allés de l’avant, ils ont formé ce gouvernement et maintenant ils règlent les problèmes, un à un. Vous ne pouvez pas tout régler avant d’annoncer un gouvernement. Si les gens travaillent ensemble en toute bonne foi, vous pouvez laisser certains problèmes pour après. Sinon dans 5 ans, vous serez encore là à me poser les mêmes questions sur le Soudan du Sud. »
D’autres sanctions possibles
Le représentant américain prévient que d’autres sanctions sont envisageables. « Les États-Unis se réservent le droit d’imposer des sanctions contre toutes personnes – partout dans le monde, quelle que soit leur fonction- s’ils sont impliqués dans d’importantes violations des droits de l’homme ou dans des faits de corruption. Notre législation nous le permet, et nous sommes prêts à utiliser ce droit, peu importe la fonction qu’occupe l’individu en question. Donc ceux qui aujourd’hui s’adonnent à ce genre d’activité doivent prendre cela comme une mise en garde. »
« Le Soudan du Sud produit une quantité importante de pétrole, tous les jours, insiste le sous-secrétaire d’État américain chargé des Affaires africaines. Comment est-ce que cet argent est utilisé ? Où sont les comptes ? Pourquoi est-ce que le Soudan du Sud demande toujours plus d’argent pour soutenir sa transition ? Ce sont de vraies questions… Et de notre point de vue, les individus qui sont impliqués dans ce genre d’activités méritent d’être sanctionnés. »
RFI