À quelques rares exceptions près toutes les grandes nations d’Asie ont subi les affres de la colonisation. Le pays de prédilection des grandes puissances européennes et le Japon étaient la Chine. Ce pays millénaire a été dépecé par les puissances européennes ensuite par le Japon qui par le canal de l’armée du Guangdong occupe pendant un temps la Mandchourie. À l’empire du Milieu, il faut ajouter l’Indochine Française, le Sud-est asiatique dominé par la Grande-Bretagne et les États Unis qui occupent les Philippines après la défaite de l’Espagne lors de la guerre qu’on appelle communément la guerre Hispano-Américaine qui se termine le 10 décembre 1898 par l’accord de Paris. Le Japon puissance asiatique mise à genou par les alliés en août 1945, suite aux deux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki a su se relever.
Le continent africain a été le parent pauvre de cette grande évolution du monde contemporain. En effet la terre qui a vu naitre le premier homme l’australopithèque est encore à la merci des grandes puissances. Même d’anciennes colonies comme l’Inde et la Chine devenues de grandes puissances s’invitent à la soupe africaine pour participer au grand festin. La Grande-Bretagne pour garder un œil sur ses anciennes colonies a crée le Commonwealth et la France la Francophonie.
Au-delà de la langue qui est un facteur de rapprochement entre la métropole et ses anciennes colonies, il ya des gros intérêts liés aux ressources naturelles. Le général de Gaulle n’a-t-il pas dit que la France n’a-t-il pas dit que la France n’a pas d’ami, mais des intérêts. Profitant de la division des dirigeants africains l’hexagone n’aura aucun mal à utiliser les uns contre les autres pour servir ses intérêts.
Du temps de la colonisation où la France avait besoin des indigènes, il s’agit bien sûr de l’époque, elle n’a eu aucun mal a regroupé les anciens royaumes de l’Afrique centrale au sein de l’Afrique Équatoriale Française (AEF) et ceux de l’Afrique occidentale au sein de l’Afrique-Occidentale Française (AOF). Ce regroupement des colonies était une aubaine pour la France. Cette politique permit à la France de drainer les ressources de l’hinterland vers les ports pour servir la puissante industrie française.
À l’époque c’était une nécessité, parce que la France humiliée lors de la guerre franco-allemande de 1870-1871 voulait prendre sa revanche. Comble de cette humiliation l’empire allemand est proclamé le 18 janvier 1871 à la galerie des Glaces au château de Versailles par Otto Von Bismarck, un lieu hautement symbolique pour la France.
La défaite a eu pour conséquence la perte de l’Alsace Lorraine ce qui a choqué les Français. Pour dire que la France sait le sentiment qui est la perte d’une partie de son territoire. Il a fallu la guerre 1914-1918 pour que les Gaulois récupèrent ces deux régions.
Au nom de la solidarité internationale, de la défense des libertés, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes les Russes, les Britanniques et ensuite les Italiens et les Américains regroupés au sein d’une solide alliance soutinrent la France pour vaincre les empires centraux alors dirigés par des monarques autocrates qui prenaient leurs citoyens pour des sujets .
Les Maliens ont le même ressentiment et veulent que Kidal retourne à la République. Pour obtenir la victoire totale, la France mobilisa toutes ses colonies ainsi que la Grande-Bretagne. Pour convaincre les indigènes à se battre pour « la bonne cause », les administrateurs français dans les campagnes et les villes haranguèrent les foules en leur faisant croire qu’il s’agit d’une guerre civilisatrice donc une œuvre commune contre les barbares turco-allemands.
Cette propagande attira surtout les Algériens qui ont connu une occupation ottomane. Les Indochinois surtout les Annamites participeront aussi au carnage. George Clemenceau, à la commission sénatoriale de novembre 1915, clamait haut et fort : « il nous faut 500 000 hommes de troupe indigènes ». Un corps d’armée est alors constitué avec les réservistes français et des Sénégalais ce sont les premières unités mixtes.
Ce qui vient conforter le sommet de Pau, dans cette ville la France a demandé un commandement unifié G5 Sahel – opération Barkhane. Gouverneur général de l’AOF jusqu’à 1918, Van Vollenhoven s’oppose au recrutement exagéré des troupes coloniales et envoie un rapport au gouvernement Clemenceau qui n’en fait aucun cas.
Pour le tigre la priorité reste le recrutement de soldats indigènes pour combler le vide du manque de soldat français. Face à l’entêtement de Vollenhoven, le président du conseil fait recours au député sénégalais Blaise Diagne.
Un des champions de l’enrôlement sera le Général Mangin surnommé « le boucher » au Chemin des Dames, lors de la fameuse offensive Nivelle. Le généralissime soutenu par Clemenceau va s’appuyer sur le député Blaise Diagne nommé haut commissaire du Soudan qui encourage les indigènes à se présenter sous le drapeau français.
En Afrique Occidentale c’est surtout au Mali qu’apparait la résistance forcée au recrutement dès novembre 1914, sur le thème « nous ne donnerons pas aux blancs nos enfants pour en faire des tirailleurs et mourir loin de chez nous ». Aussi lors de la levée de 5000 hommes en février 1915, de nombreux jeunes désertèrent, d’autres optèrent pour le suicide.
En février 1915 dans le territoire du Haut-Sénégal –Niger, 200 villages entrèrent en rébellion contre le pouvoir central. Un révolté de souligné : « puisque nos fils doivent mourir, nous préférons qu’ils se fassent tuer à nos côtes. Il y’aura plusieurs révoltes de ce type et après la guerre les Français ne respecteront jamais leurs engagements vis-à-vis des colonies d’Afrique. Il faudra attendre 1944 à la conférence de Brazzaville pour que De Gaulle alors chef de la résistance française prenne certaines décisions.
Durant la Seconde Guerre mondiale, on assistera au même scenario de promesse non tenue dont le point culminant sera la révolte de Thiaroye en 1945. Pendant la durée de cette guerre qui sera le dernier carnage entre les grandes puissances, l’Afrique sera le point de départ de la libération de la France. En effet c’est à partir du Fezzan que Philippe de Hauteclocque alias Leclerc avec l’aide du général De Gaulle va entreprendre la libération de la France. Notons que c’est à la faveur de la Seconde Guerre mondiale que la loi Félix Houphouët Boigny abolit le travail forcé le 11 avril 1946. Cette loi était insignifiante à l’époque si l’on tient compte des promesses du général De Gaulle.
C’est dans ce contexte qu’intervient la décolonisation, la France n’a pas dit son dernier mot. Un département Afrique est même crée à l’Elysée .Son but punir les dirigeants africains qui vont tenter de tourner dos à la métropole. Pour préserver la Françafrique, l’Elysée fait appel, à celui que l’on nomme le prince des ténèbres Jacques Foccart. Le président Ahmed Sekou Toure qui le connait bien a dit de lui : « Quand Jacques Foccart passe la tempête le suit ». Son ami sur le continent n’était autre que le président Félix Houphouët Boigny, un fieffé de la Françafrique.
Le premier fait d’armes de ce Monsieur a été l’empoisonnement de l’opposant camerounais Félix Moumié au Thallium à Genève. Il a été l’homme de main de tous les présidents qui ont présidé aux destinées de la France jusqu’aux années 1990. Après la réinstallation de Léon Mba par les troupes françaises Jacques Foccart n’a pas hésité à dire : « il ne faut jamais que le général soit en première ligne pour ce genre de coups durs. Il faut les régler sans lui en parler.
On parle en son nom. On le met au courant quand c’est fini. Il peut toujours désavouer ». L’autre qui servait les intérêts de la France n’est autre que le mercenaire Bob Denard. Même sur le plan monétaire la France a toujours gardé un œil sur le CFA depuis sa création en 1945. En 1994, le FCFA est dévalué à Dakar par le Ministre français de la Coopération Michel Roussin et le Directeur général du FMI Michel Camdessus en présence de 14 chefs d’États africains.
En juin 1990, au sommet de la Baule, le président François Mitterrand conditionne l’aide au développement aux pays qui vont adopter le multipartisme intégral. Ce qui explique la vague de démocratisation en Afrique avec son lot de sanglantes guerres civiles. La France a toujours mené une politique à géométrie variable en fonction de ses intérêts. Pour contenir les opinions publiques africaines, le président Macron dit être d’accord pour la création d’une nouvelle monnaie.
En réalité cette monnaie appelée Eco n’a fait que changer de nom avec la complicité de certains présidents. Les activistes Kemi Seba et Nathali Yam l’ont appris à leurs dépens au sommet de Pau sur la lutte contre le terrorisme le président Macron n’a fait que placer les présidents du G5 Sahel devant le fait accompli. Il a tenu des propos qui à la limite sont blessants, mais aucun président n’a osé répliquer. Pauvre Afrique.
Mariam Samake
Source: Le Triomphe