La passe d’armes était annoncée et elle a eu lieu, au moins par discours interposés: le président américain Donald Trump a fustigé mardi à Davos les “prophètes de malheur” du climat, tandis que la militante Greta Thunberg a répété qu’il était temps de “paniquer”.
“Nous devons rejeter les éternels prophètes de malheur et leurs prédictions d’apocalypse”, a martelé Donald Trump devant l’élite économique et politique du globe, réunie dans la douillette station de ski du canton des Grisons (Suisse) au premier jour du 50e Forum économique mondial (WEF).
Devant le président américain ouvertement climato-sceptique, un auditoire de grands patrons et de responsables politiques mais aussi la jeune militante suédoise, invitée pour la seconde année consécutive à Davos.
Greta Thunberg avait, peu avant que le président américain ne parle, déjà regretté lors d’une table-ronde que “rien n’ait été fait”, à part de grands discours, pour enrayer le changement climatique. Et elle a repris la parole peu après le discours de Donald Trump pour une session au titre sans équivoque: “Eviter l’apocalypse climatique”.
Reprenant les expressions qui avaient impressionné Davos l’an dernier, elle a déclaré: “Notre maison brûle toujours. Votre inaction alimente les flammes heure par heure. Nous vous disons à nouveau qu’il faut paniquer, et agir pour l’amour de vos enfants.”
Plus concrètement, Greta Thunberg a appelé à “cesser immédiatement tous les investissements dans l’exploration et l’extraction d’énergies fossiles”, “cesser immédiatement toutes les subventions aux énergies fossiles”, “pas en 2050, pas en 2030 ou même en 2021”, mais “maintenant”.
– “Farce” –
Donald Trump, lui, dans un discours clairement destiné à son électorat, a vanté l’abondante production d’hydrocarbures et l’indépendance énergétique des Etats-Unis, assurant qu’il ne laisserait pas “des socialistes radicaux” s’attaquer à ce secteur lucratif. Il s’est gardé d’évoquer les énergies renouvelables.
En campagne pour sa réélection en novembre et à quelques heures de l’ouverture de son procès en destitution à Washingon, qu’il a qualifié de “farce”, M. Trump a déroulé à Davos, sur un ton plutôt monocorde, ses performances en termes de croissance économique et de créations d’emploi aux Etats-Unis, à grands coups de statistiques.
Comme lors de sa première venue à Davos en 2018, l’hôte de la Maison Blanche a réaffirmé sa politique de l'”America First”.
“Le temps du scepticisme est terminé, les entreprises affluent de nouveau aux Etats-Unis (…) Le rêve américain est de retour, plus fort que jamais”, a-t-il assuré, évoquant une “prospérité (…) sans précédent”.
Donald Trump est “incroyablement susceptible, il n’apprécie pas d’être montré du doigt par une jeune adolescente, il lui a renvoyé la balle”, a estimé pour sa part Robin Niblett, président du centre de réflexions Chatham House.
Le président américain “s’est concentré sur le commerce et l’économie”, une attitude qui est “une anomalie en ce temps d’urgence climatique. Il a dû échapper au président qu’on ne peut pas faire d’argent sur une planète morte”, a commenté dans un communiqué Jennifer Morgan, directrice exécutrice de l’ONG Greenpeace.
Sur l’un de ses sujets favoris, le commerce, Donald Trum a indiqué depuis Davos qu’il menait des discussions pour un “accord commercial” avec l’Union européenne, en marge de sa rencontre bilatérale avec la cheffe de l’exécutif européen Ursula von der Leyen.
“Nous allons discuter d’un bon accord commercial” avec les Européens, a-t-il déclaré à des journalistes, indiquant avoir entendu dire que la présidente de la Commission européenne était “dure en négociations”.
Mme von der Leyen s’est elle dite “convaincue” de pouvoir fixer avec les autorités américaines “un agenda positif sur le commerce, ainsi que sur la technologie, l’énergie et d’autres sujets”.
Donald Trump a profité de sa venue en Suisse pour se féliciter une nouvelle fois de la trêve commerciale récemment conclue avec la Chine, mettant fin à une surenchère de surtaxes douanières.
“Nous nous aimons”, a-t-il même dit à propos de son homologue chinois Xi Jinping.
Le vice-premier ministre chinois Han Zheng a lui salué en Suisse un accord “bon pour la Chine, bon pour les Etats-Unis, bon pour le monde”
AFP