Même s’il n’a pas une grande expérience sur le plan purement politique, le Premier ministre Boubou Cissé surprend agréablement ses interlocuteurs du landernau politique, pour ses qualités et sa force de caractère et de persuasion.
Pour plusieurs observateurs avertis de la scène politique nationale, dont un haut cadre de l’Etat, « si le chef du gouvernement parvient à passer encore un an à la primature, il s’installera sérieusement dans le fauteuil de dauphin du chef de l’Etat ». Celui qui nous tint ces propos, dans la soirée du mardi dernier, est un spécialiste de sciences politiques, grand commis de l’Etat, dont les analyses souffrent trop souvent de leur pertinence… Il part d’un certain nombre de constats.
D’abord, il faut rappeler que l’on donnait au Dr Boubou Cissé très peu de chance de réussite, à sa nomination à la tête du Gouvernement, le 22 avril 2019. Malgré le contexte difficile et défavorable, le Premier ministre Boubou Cissé est en train d’engranger, vaille que vaille, des succès incontestables et permet au pays de maintenir sa résilience à la satisfaction du président IBK. Celui-ci, dans une récente sortie, n’avait pas hésité à mettre l’accent sur la seconde casquette du Chef du Gouvernement, « ministre de l’Economie et des finances ». Alors qu’une partie de l’opinion pensait que cette double étiquette du locataire de la primature était préjudiciable à la bonne santé des finances publiques. « Bien au contraire », précise un connaisseur des finances publiques…
De bonnes sources, Dr Boubou Cissé a joué de son entregent personnel pour réussir à décrocher les appuis budgétaires directs de la France et surtout les 100 milliards F CA des Emirats Arabes Unis en faveur du Mali, directement versés au Trésor public.
La visite du Premier ministre à Paris, en septembre dernier, a été l’occasion de signer deux conventions de financement entre l’Agence française de développement (AFD) et le Mali, pour appuyer la transition et l’intensification agro-écologique des systèmes de production en zone cotonnière et d’améliorer durablement les revenus des producteurs, ainsi que le processus de décentralisation. Cet appui financier de la France représentait un montant de 33,5 millions d’euros, soit 21,98 milliards de FCFA. En outre, Dr Boubou Cissé et le directeur général de l’AFD avaient signé un mémorandum de partenariat, qui a pour objet de structurer le dialogue prospectif existant entre le gouvernement malien et l’AFD, pour la formulation et la mise en œuvre de politiques publiques visant à promouvoir le développement durable et inclusif, et la stabilité au Mali.
Le locataire de la primature, confient certaines sources, compte désormais à Paris des « amis » et admirateurs qui ont facilité et donné l’éclat à sa récente visite. Reçu par le président Macron comme cela se fait rarement pour un chef du gouvernement du n pays africain, Boubou Cissé serait désormais dans l’étoffe d’un potentiel présidentiable au Mali. Il serait connu sur les bords de la Seine comme « un monsieur propre, sérieux et travailleur ».
Au plan sociopolitique, il est désormais établi que le seul fait ‘avoir Boubou Cissé à la primature, c’est la « paix des braves » entre le régime IBK et les guides religieux, en particulier Mahmoud Dicko et le chérif de Nioro, Bouillé Haïdara. Ceux-ci ont confié considérer Boubou comme leur « fils ». Ce qui est d’un bon aloi pour IBK
En outre, Boubou Cissé apparait comme un digne fils du centre du pays, récemment en déflagration sécuritaire. Et, son père adoptif est l’actuel chef du village de Bandiagara. Ce qui est un facteur de cohésion et de suture du pays, dont la fissure Nord-Sud était, entre temps, un tant soit peu perceptible.
Tous ces éléments mis bout à bout, ajouté à la soif de renouvellement de l’establishment politique malien donne, non seulement des ailes du côté de la primature. Mais aussi des ambitions !
Bruno Djito SEGBEDJI
Encadré :
Qui est Dr Boubou Cissé ?
Boubou Cissé fait ses études primaires à Bamako, à l’école Mamadou Konaté, puis à l’école fondamentale de N’Tomikorobougou. Après ses études primaires, il étudie en République Fédérale d’Allemagne puis aux Émirats Arabes Unis.
Il poursuit ses études universitaires en France, à Clermont-Ferrand en intégrant le Centre d’études et de recherches sur le développement international (CERDI, Université d’Auvergne). Il obtient une maîtrise en Sciences économiques, suivie d’un DEA en Economie du développement. En 2004, il obtient un doctorat en sciences économiques à l’Université d’Aix-Marseille1.
Il commence sa carrière professionnelle en tant qu’économiste pour la Banque mondiale en 2005. En 2008, il est promu économiste principal et directeur de projet de la Division du développement humain. Il travaille ensuite au Nigeria et au Niger en tant que représentant résident de la Banque mondiale.
Boubou Cissé est nommé ministre de l’Industrie et des Mines du Mali en 2013 et ministre des Mines en avril 2014. Il est ministre de l’Économie et des Finances de janvier 2016 jusqu’au 22 avril 2019, date de sa nomination en tant que Premier ministre du Mali. Bruno D S
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