Les Etats-Unis ont réclamé, le mercredi 15 janvier, au Conseil de sécurité de l’ONU, lors d’une séance consacrée au Mali, une réduction et une refondation de la Mission de maintien de la paix au Mali. Ils demandent « une approche alternative pour faire face à l’instabilité croissante ». Une annonce qui a pris de court la France et ses alliés au Mali, et qui désavoue le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, lui qui, avant de s’envoler le sommet de Pau, traitait ses concitoyens qui réclament le départ de la MINUSMA d’« ennemis du Mali et des FAMA » !
En effet, l’ambassadrice américaine adjointe à l’ONU, Cherith Norman Chalet, a souhaité que « la MINUSMA concentre désormais ses efforts sur la protection des civiles plutôt que sur la mise en œuvre de l’accord pour la paix qui semble échouer ». Confirmant du coup l’idée la plus rependue dans l’opinion publique nationale, selon laquelle la MINUSMA n’est présente ici chez nous que pour la partition du Mali, pour avoir montré à tout le monde que les populations civiles pouvaient mourir de leur belle mort, que ce qui importait le plus pour elle était la mise en œuvre de l’accord d’Alger.
En lieu et place de cette position de flou artistique entretenu au Mali et au-dessus de la tête des Maliens par la France et ses alliés, les Etats-Unis réclament désormais « une approche qui brise le statu quo d’ici le mois de juin », date qui marquera le renouvellement du mandat de la MIMUSMA. Et la diplomate américaine de dire haut et fort ce que la France et ses valets maliens ne veulent point du tout entendre : « Nous devons reconnaître que les missions de maintien de la paix au Mali ne sont pas réponses aux menaces terroristes croissantes. Nous devons réévaluer le rôle de la MINUSMA dans la mise en œuvre de l’accord de paix ».
Pour ce faire, Cherith Norman Chalet a demandé une réduction de la taille de la mission de l’ONU afin de permettre aux États de réorienter leurs ressources vers des initiatives plus efficaces dans la région. « Il est temps pour le Conseil sécurité de commencer à développer une approche alternative pour faire face à l’instabilité croissante au Mali », a-t-elle soutenu. Un repositionnement des Etats-Unis dans la crise malienne qui agace la France. Déjà, la ministre des Armées de la France, Florence Parly a informé qu’elle se rendra dans quelques jours à Washington « pour consolider le dispositif existant ».
Tout un challenge pour Florence Parly, pour qui connait le poids des Etats-Unis en termes de contribution financière à l’ONU, et ce dans tous les domaines. Même en n’étant pas directement engagés au Mali, les Etats-Unis apportent un soutien très important dans la lutte contre le terrorisme, en fournissant à l’opération Barkhane « une assistance logistique, les renseignements et les moyens de surveillance ». Il va donc falloir à Florence Parly plus qu’un simple discours pour faire changer d’avis à l’Administration américaine !
Si les critiques ne manquent pas quant à l’opportunité de la présence de la mission onusienne de maintien de la paix dans notre pays, il se trouve que même le gouvernement malien et certains pays de la sous-région ne cessent de plaider pour un « mandat plus robuste » de la MINUSMA, mais en vain ! Impuissants qu’ils sont, ils se contentent de faire contre mauvaise fortune bon cœur pour certains, tandis que d’autres préfèrent insulter leur peuple pour une simple divergence de vue sur une situation qui agace tout le monde !
Ces membres du congrès ont tenu à approcher les acteurs maliens de ce combat qui s’enlise dans le sahel avant tout engagement. C’est pourquoi, au sortir de cet entretien, Stephen F. Lynch a souligné qu’ils sont venus voir le ministre de Défense et des Anciens Combattants pour discuter de la situation sécuritaire au Mali. Selon lui, la lutte que notre pays mène contre le terrorisme n’est pas seulement pour le Mali, mais pour le monde entier, occasion pour lui de saluer le sacrifice des Forces armées maliennes sur le théâtre des opérations.
Seydou DIALLO
Source: Le Pays