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Péril sur les législatives du 29 mars 2020 : Un nouveau report ou le forceps et corollaires

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Les réserves de la CMA en plus de l’insécurité dans la quasi-totalité des régions du pays ne constituent pas les seules menaces pesant sur le scrutin législatif annoncé pour le 19 Avril. La délicate question relative à l’existence d’un u fichier électoral parallèle n’a pas encore été évacuée. S’y ajoutent désormais ces confidences portant sur l’attribution du marché de confection des cartes d’électeurs dans des conditions troubles voire scandaleuses.
«Le collège électoral est convoqué le 29 mars 2020 sur toute l’étendue du territoire national, pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale. Le second tour a lieu, le 19 avril 2020 dans les circonscriptions où aucun candidat ou liste de candidats n’obtient la majorité absolue des voix », a déclaré Yaya Sangaré, le ministre de la communication et Porte-parole du gouvernement du Mali.
Le décret fixant la date desdites consultations a été adopté lors du conseil des ministres mercredi 22 janvier, sous la présidence du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta.
La date limite de dépôt des candidatures à ces élections, précise le ministre, est arrêtée au 13 février 2020. «La proclamation de la liste provisoire des candidats par la Cour constitutionnelle interviendra le 27 février et l’ouverture de la campagne électorale, le 1er tor, le 8 mars 2020.». Telle est la volonté des autorités maliennes ! Mais comme le dit si bien l’adage, l’homme propose…
Le défi sécuritaire : de mal en pis !

Il s’agit d’abord, pour le Gouvernement, de mettre en œuvre l’une des résolutions du Dialogue national inclusif tenu en décembre 2019 et portant sur la tenue des élections législatives avant le 2 mai prochain. Rappelons que ledit scrutin a été plusieurs fois reporté. Annoncé pour les 28 octobre et 18 novembre 2018, il a été reporté respectivement les 25 novembre et 16 décembre 2018 avec, à la clef, la prorogation de six mois du mandat des députés. Et aujourd’hui, pour le 19 Avril 2020. Et même là…
En somme, si l’intention du gouvernement est noble, force est cependant de constater l’existence de très nombreuses contraintes limitant ses marges de manœuvres et susceptibles de conduire à un autre report au risque de tenir un scrutin à risque dans de nombreuses circonscriptions.
C’est dévoiler un secret de Polichinelle que de parler de contraintes sécuritaires. L’on constate d’ailleurs que les attaques se sont multipliées depuis l’annonce de la tenue du scrutin par le gouvernement. Sokolo et Koro, respectivement dans les régions de Ségou (cercle de Niono) et Mopti ont été prises pour cibles. Passons sous silence les attaques quasi quotidiennes des positions des FAMAS plus au nord. Et la présence de Barkhane ou du G5-Sahel n’y a rien changé.
Par ailleurs, l’Etat est absent dans la quasi-totalité des circonscriptions du Nord et du centre du pays. Qui donc organisera le scrutin ici ? Les autorités intérimaires ? Les groupes jihadistes ? Hum !
Deux fichiers électoraux, 1 200 000 électeurs fictifs…
A la faveur de l’élection présidentielle, l’opposition politique a dénoncé l’existence de deux fichiers électoraux. La question a-t-elle été évacuée depuis ? Pas si sûr.
C’est Tiébilé Dramé, Président du PARENA, opposant politique, président du directoire de campagne du candidat et non moins chef de file de l’Opposition, à savoir Soumaïla Cissé, au moment des faits, qui a levé le lièvre. Il a en effet évoqué l’existence de «nombreuses incohérences entre le fichier audité par un Comité d’experts nationaux et de l’Organisation internationale de la Francophonie et la version électronique mise en ligne par la DGE, la Direction Générale des Élections. Des anomalies qui laisseraient supposer un potentiel de plus d’un million d’électeurs fictifs».
En réaction, Tiébilé Dramé et sa délégation ont été reçus par le chef du gouvernement, Soumeylou Boubeye Maïga, au moment des faits. Ce dernier les a assurés que la mission essentielle de son gouvernement était d’œuvrer à ce qu’il y ait «une élection transparente, crédible et apaisée au Mali. […] Et qu’il nes’agissait nullement d’une volonté de fraude mais d’une erreur informatique».
Le Directeur général des Élections, le général Siaka Sangaré, abonda dans le même sens en parlant lui aussi «d’erreur informatique» expliquant l’existence de 1,2 millions d’électeurs fictifs.
La réaction du PM au moment des faits ainsi que celle du Directeur général des Élections, fut apparentée à raison par de nombreux observateurs, à un aveu de culpabilité. Elle ne convainc, nullement le camp d’en face qui dénonça dès lors l’existence d’un fichier électoral parallèle. Une question loin d’être définitivement évacuée à ce jour. Le Gouvernement Malien n’a, en tout cas, été prolixe sur le sujet.
Faut-il alors croire que c’est avec deux fichiers électoraux, voire 1,2 millions électeurs fictifs que les législatives du 19 Avril seront organisées ? Si oui, l’on risque bien là encore, d’assister à une autre crise politique consécutive auxdites consultations.
Le déplacement des populations : un impact majeur sur le recensement démographique et par conséquent sur le fichier électoral
Selon différents rapports, (UNHCR, OCHA, PAM, UNICEF, entre autres), «la crise humanitaire qui affecte le Mali depuis 2012 a généré des déplacements massifs de populations, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, avec d’importantes répercussions sur les pays voisins, notamment le Burkina Faso, le Niger et la Mauritanie. Depuis 2018, un nouveau cycle de violence a aggravé la situation et provoque des déplacements forcés».
Les organisations humanitaires ont dénombré, au 31 Octobre 2019, 199.385 personnes déplacées internes et 138.974 Maliens encore réfugiés dans les pays limitrophes.
Si un grand nombre de déplacés est retourné, il ne s’agit pas forcement des mêmes populations dans les mêmes circonscriptions.
Aussi, d’octobre 2019 à Janvier 2020, la situation a encore évolué et la tendance va crescendo. Les rapports signalent par exemple que «33%des rapatriés enregistrés ne disposent pas de document d’Etat civil». Par ailleurs, des réfugiés Nigériens affluents désormais et de manière massive vers certaines régions du Nord Mali.
Pour faire court, il s’avèrera difficile, voire impossible d’avoir un registre fiable des électeurs aussi bien dans les circonscriptions de départ que celles d’accueil. Et n’importe quel déplacé pourra éventuellement être assimilé à un électeur de la commune d’accueil. Suffit juste de recourir à la bonne vieille méthode des pièces d’identité adaptées aux cartes d’électeurs. Il s’agit d’établir des pièces d’état civil conformes aux cartes d’électeur. A propos, des informations peu rassurantes nous sont parvenues à ce sujet (lire article : LE MARCHÉ DOUTEUX DE LA CONFECTION DES CARTES D’ÉLECTEURS…).
En tout état de cause, ce ne sont pas les contraintes et défis qui manquent à l’heure actuelle. Réussir l’organisation d’un scrutin et dont les résultats seront acceptés par tous, serait une véritable prouesse. L’échec n’en sera que plus retentissant et en rajoutera davantage à la crise déjà complexe.
B.S. Diarra

La Sentinelle

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