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Grève des enseignants : Les raisons du blocage, selon Le gouvernement

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Bamako, 30 janvier (AMAP) Le ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions et Porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré, et ses collègues, Pr Mahamadou Famanta, en charge de l’Education nationale, et Oumar Hamadoun Dicko du Dialogue social, du Travail et de la Fonction Publique, ont rencontré la presse, jeudi, au Centre d’information gouvernemental du Mali (CIGMA), pour une séance d’explication sur la crise scolaire que traverse notre pays et les efforts menés par le gouvernement pour y mettre fin.

Il s’agissait, pour les ministres, de faire le point sur le blocage autour de l’application de l’article 39 de la loi 2018-07 du 16 janvier 2018, dissiper les rumeurs sur le recrutement des nouveaux enseignants, les mesures prises par le gouvernement face à la situation et d’appeler au dialogue pour trouver un terrain d’entente à la résolution de la crise.

Le ministre Sangaré a précisé qu’aujourd’hui, un seul point fait l’objet de blocage entre le gouvernement et le collectif des huit syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016. « Il s’agit de l’application de l’article 39 de la loi 2018-07 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant du secondaire, du fondamental et de l’éducation préscolaire spéciale », a-t-il dit.

Il a ajouté que le gouvernement reconnait la légalité de la revendication du syndicat des enseignants. Et d’ajouter que l’interprétation, à la lettre de l’article 39 de la loi, est juste et les enseignants ont raison de rappeler que toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel de l’enseignement secondaire, l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire spéciale.

Selon lui, cette revendication des enseignants s’adosse à un accord déjà négocié et obtenu par l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) en 2018 pour la valorisation de la grille indiciaire du Statut de la fonction publique. Le gouvernement, selon son porte-parole, ne refuse pas, du reste, la proposition du collectif mais demande juste d’appliquer la majoration en fonction de la grille indiciaire de la fonction publique obtenue par la Centrale syndicale en 2018. « C’est ce que les enseignants ont refusé. Ils exigent l’augmentation immédiate de leur grille de 180 points, rétroactivement, depuis le 1er janvier 2019 et 100 autres points, à compter du 1er janvier 2021. Ce qui fait, en somme, une augmentation de 280 points au lieu de 140 points que le gouvernement propose. Voilà tout le problème exposé », a souligné le ministre Yaya Sangaré.

Ajoutant qu’Il y a, donc, deux lectures différentes de la même loi qu’il faut clarifier, le ministre a indiqué que les syndicats exigent l’année 2019, comme date de l’entrée en vigueur de la nouvelle grille, contrairement au gouvernement qui propose 2020. A ce propos, Yaya Sangaré a souligné que pour le Premier ministre, cette exigence des syndicats de l’Education n’est pas acceptable pour deux raisons simples. « La première, a-t-il détaillé, peut être la soutenabilité financière, estimant qu’en ce moment, l’État ne peut pas ». La deuxième raison qui est, toujours selon lui, la plus fondamentale, c’est que si l’État cédait à cette pression des enseignants pour obtenir cette majoration, de façon rétroactve, à partir de 2019, cela peut entrainer la frustration des autres syndicats.

“Cela ouvrirait la voie à une spirale de revendications que nous nous ne pouvons pas nous permettre de cumuler avec la gestion de la crise multiforme que vit notre pays », a martelé le porte-parole du gouvernement. « L’État, annonce-t-il, ne peut pas respecter son engagement, cette année, avec les enseignants et leur demande d’étaler la prise en charge de leur revendication légale et légitime sur 2020 et 2021, comme l’avait fait, en son temps, l’UNTM ».

Pour sa part, le ministre Famanta, en charge de l’Education, a expliqué ce qui s’est passé l’année dernière et ce qui a été fait par le gouvernement. Il a dit qu’au cours de l’année scolaire 2018-2019, fortement perturbée par de nombreuses grèves menées par les huit syndicats de l’Education, des efforts importants ont été faits avec l’exécution de sept points sur dix revendiqués par les enseignants et qu’aujourd’hui, deux sont en cours de réalisation dont un retiré par les syndicats.

A ce propos, le ministre de l’Education a souligné que les enseignants ont bénéficié d’un statut autonome consacré par la loi n°2018-007 du 16 janvier 2018. « Ainsi, la valorisation de leur indice, l’octroi de primes d’équipements et la majoration de l’indemnité de résidence coûtent à l’Etat un peu plus de 24 milliards de Fcfa supplémentaires sur la période de 2018 à 2021 », a-t-il soutenu.

Concernant le recrutement des 15.000 enseignants contractuels, M. Famanta a informé que face à la situation, pour éviter le même scénario que l’année dernière, attendre juste pratiquement à la fin de l’année, pour essayer d’adopter des stratégies pour sauver l’année, « le Premier ministre a envisagé des alternatives, un plan B par exemple, D’où le recrutement de 15.000 contractuels, au cas où les négociations avec les huit syndicats n’aboutiraient pas. Si les discussions sont concluantes, « il n’y aura pas de plan B ». « Le recrutement de ces 15 000 contractuels, ce n’est pas pour remplacer, définitivement, les enseignants grévistes comme on l’a si mal interprété. Il ne s’agit pas de radier qui que ce soit. Aucun enseignant ne sera radié », a clarifié le ministre.

Pour sa part, le ministre en charge du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique a indiqué que le gouvernement n’a pas l’intention d’interrompre le dialogue. « Nous avons reçu des instructions très fermes de la Primature pour que le dialogue ne s’interrompe pas. Nous sommes, donc, dans cette perspective et nous travaillons à cela », a-t-il ajouté.

Oumar Hamadoun Dicko estime qu’il « faut savoir raison garder et voir objectivement la situation telle qu’elle se présente ». Il a soutenu que l’incidence financière de l’application de l’article 39, aujourd’hui, telle qu’exigée, nous amène à 58 milliards de Fcfa, ajoutant que le problème, ce n’est pas l’incidence financière, en tant que telle, mais ce sont des incidences politico-syndicales.

TC/MD (AMAP)

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