Ne dit-on pas qu’on reconnait un grand homme à travers ses réactions face à des épreuves difficiles ? Il serait bien pour l’actuel Premier ministre de réfléchir à cette belle interrogation, lui qui, depuis sa nomination, multiplie des maladresses à la Primature. La dernière en date est celle relative à la crise scolaire, où il vient de décider en réponse à la revendication des enseignants, de procéder à un recrutement pour pallier leur absence dans les salles de classe pour cause de grève. Cette décision à la fois inopportune, insensée et inappropriée, ne fera qu’en rajouter à la gravissime crise multidimensionnelle qui secoue le Mali depuis 2012. Boubou a-t-il pris tout seul cette décision sans se référer au Président de la République ? Quelles pourraient être les conséquences d’un tel décret sur la paix et la stabilité ? Quelles peuvent être les solutions pour une issue heureuse
Boubou Cissé avait pourtant suscité l’espoir quand il avait été nommé Premier ministre à la place de SBM, tant son casier politique était vierge et son intégrité morale jamais soumise à une controverse. Au bout de huit mois passés à la Primature, les langues commencent à se délier et le technocrate est en passe de devenir un piètre Premier ministre tant ses maladresses sont nombreuses. En effet, sa décision de recruter 15000 enseignants pour remplacer momentanément les enseignants grévistes, auxquels l’Etat n’est pas à mesure de satisfaire leur revendication, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Cette décision est non seulement aléatoire, mais aussi et surtout, ne pourrait jamais être une solution à la crise de l’école malienne.
A-t-il réellement mesuré l’impact financier d’un tel recrutement, qui loin de combler l’abyssal trou laissé par les enseignants, enfoncera l’école davantage dans la crise. Comment pourrait-on remplacer 70 000 enseignants par 15 000 dont certains n’ont jamais tenu une craie et penser pouvoir trouver une alternative au refus des enseignants d’aller en classe ? C’est vraiment se leurrer. Malgré que le décret d’appel à candidature pour le recrutement des enseignants du premier, deuxième cycle et de l’enseignement secondaire ait été lancé, beaucoup de citoyens croient toujours que le Premier ministre a une saute d’humeur et que sa décision relèverait d’une erreur de jeunesse. Ils osent espérer qu’il reviendra sur elle pour préserver le peu qui reste de notre stabilité. A-t-on besoin de rappeler que cette décision enflammerait la situation sociale et risquerait de faire partir le gouvernement qui en est l’instigateur ? Boubou Cissé doit faire marche arrière pour ne pas être son propre bourreau. La question que beaucoup d’observateurs se posent est celle de savoir si le PM Cissé a pris tout seul cette décision sans se référer au PR IBK. La réponse est sans nul doute non, surtout pour qui connait IBK, sinon il rappellerait immédiatement son PM à l’ordre. Ou bien l’hypothèse la plus plausible est qu’il veut se débarrasser de lui, donc l’occasion est tout trouvée pour le laisser se casser le coup pour ensuite abroger son décret de nomination pour n’avoir pas été à hauteur de mission.
Sinon aucun Président de la République, soucieux de la stabilité sociale et de la sécuritaire, ne saurait s’accommoder d’une telle décision impopulaire et incendiaire. Ainsi mesurant les conséquences sur la stabilité du pays, le Président IBK a alors intérêt à sortir de son silence pour éteindre le feu en gestation. Pour cela comme, il l’a fait pour les magistrats et comme il a reçu les enseignants à Koulouba lors de la journée dédiée à eux, qu’il descende de son piédestal pour les rencontrer et leur faire des propositions apaisantes. Le plus tôt serait le mieux
Youssouf Sissoko
Source: Inf@sept