Les marqueurs de progrès sont des jalons essentiels, même (surtout) en politique !
Boubou Cissé va vers ses 10 mois de gouvernement au Mali. Sauf erreur, aucun « bilan » de six premiers mois n’a été communiqué comme promis en mai 2019 par le ministre porte-parole du gouvernement. Est-ce un oubli, un changement de cap ou tout simplement un calendrier trop chargé par les évènements pour se permettre un tel exercice ? Quoiqu’il en soit au Mandé comme dans l’espace malien, l’une des qualités que l’on attribue aux hommes d’honneur est le respect de la parole donnée ou tout simplement le respect qu’a l’homme de « pouvoir » (fangatigui ou fama) vis à vis des « sans pouvoirs » ou citoyens (fanga dan ou jama den).
C’est vrai qu’à l’époque, aucun état de la nation nous avait été présenté donc il serait illusoire de voir établir un « bilan » quelconque « crédible ». A chacun donc son bilan. Et à ce jeu, les maliens sont doués, chacun selon le bord ou la paroi qui lui permet de lécher les doigts (daɲèrèmèsↄrↄ yↄrↄ). C’est pourquoi, il aurait été bon qu’on ait des références officielles sur la performance du gouvernement Boubou CISSE selon les grandes priorités du pays.
« Nous vivons dans un pays où tout est prioritaire », disait un ancien Premier Ministre interpellé sur le manque de volonté politique affirmée sur la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) au Mali. Savoir ressortir les progrès et mieux formuler les défis de la part d’un gouvernement renforce la confiance que les Maliens ont droit d’avoir en leur gouvernement. Ne rien dire est bien sûr une attitude, mais elle n’est pas celle qui rassure et de passer au prochain défi surtout quand les gens ont l’impression que ceux qui ont un brin de pouvoir sont tous des voleurs, des menteurs ou parfois même des irresponsables qui prennent leur peuple pour des « cons ».
Bon, cela dit, chacun peut aisément faire son propre bilan, comme en a l’habitude dans ce pays, seulement cela ne nous fait avancer en rien des anciens gouvernements que le pays a connu. On avait espéré qu’il y ait une sorte de rupture comme pour démentir ceux qui disaient « vous croyez que ces gens sont différents des autres ? si c’était le cas c’est que ce ne sont pas de vrais maliens du 21ème siècle ». Osons refuser ce pessimisme en espérant que Yaya Sangaré ne nous dise pas qu’il a d’autres chats plus importants à fouetter. Pourtant, ce ne sont pas les élémentspour un bilan qui manquent.
C’est vrai qu’en la matière il faut avoir le « OK » de ses patrons !et quand on sait que son PM n’a pas encore fait de Déclaration de Politique Générale (DPG), peut-être qu’on se dit qu’il n y a pas de raison de prêter le flanc !
Sidy Coulibaly
L’Aube