“Un message très très positif”: Donald Trump a promis pour mardi soir un discours résolument optimiste face au Congrès réuni au grand complet, les yeux rivés sur l’élection de novembre où il briguera un second mandat.
Le président américain traverse incontestablement une bonne période: son acquittement quasi-certain mercredi par le Sénat souligne combien le parti républicain est prêt à faire bloc derrière lui, le doigt sur la couture du pantalon.
L’affaire ukrainienne à l’origine de la procédure en destitution le visant n’a pas fait vaciller sa base électorale, toujours fidèle d’après tous les sondages. Et à moins de 300 jours du scrutin présidentiel, les indicateurs économiques sont au beau fixe.
Cerise sur le gâteau: les primaires de ses adversaires démocrates ont débuté dans l’Iowa par un retentissant fiasco qui lui permet de rester sous la lumière des projecteurs, au centre du jeu, la position qu’il préfère.
Son discours sur l’état de l’Union, prévu à 21H00 (02H00 GMT mercredi) dans la Chambre des représentants, à l’endroit même où il a été mis en accusation pour “abus de pouvoir” et “entrave à la bonne marche du Congrès”, sera placé sous le signe du “grand retour de l’Amérique”.
Il devrait à cette occasion, selon la Maison Blanche, revenir sur le “boom des cols bleus”, vanter les récents accords commerciaux avec la Chine, le Canada et le Mexique et défendre son bilan en matière migratoire.
Evoquera-t-il l'”impeachment”, au risque de souffler sur les braises de la discorde?
Le sénateur républicain Roy Blunt a estimé dans les pages du New York Times que le tempétueux président devrait se garder d’en parler. “C’est une occasion pour aller de l’avant”, a-t-il plaidé.
En 1999, le président démocrate Bill Clinton, jugé au Sénat pour avoir menti sur sa liaison avec la stagiaire de la Maison Blanche Monica Lewinsky, avait fait profil bas dans son discours sur l’état de l’Union.
Mais, de l’aveu même de M. Blunt, Donald Trump est “plutôt du genre à adopter une position frontale”.
– “Démocrates-qui-ne-font-rien” –
Il pourrait donc se déchaîner sur les parlementaires démocrates qui l’accusent d’avoir essayé de forcer l’Ukraine à “salir” son possible adversaire à la présidentielle Joe Biden, notamment en gelant une aide militaire cruciale pour ce pays en guerre.
Mis en accusation mi-décembre par la Chambre des représentants, dominée par les démocrates, Donald Trump sait pouvoir compter sur le soutien de la quasi-totalité des 53 sénateurs républicains. Or la Constitution impose une majorité des deux tiers (67 sièges sur 100) pour le déclarer coupable.
Depuis que le scandale a éclaté, l’hôte de la Maison Blanche se dit victime d’un “coup monté” orchestré par ses opposants pour l’empêcher de figurer sur les bulletins de vote.
Lundi encore, il a dénoncé sur Twitter une “mascarade” ourdie par “les démocrates-qui-ne-font-rien”.
Les élus de l’opposition l’écouteront-ils d’une oreille attentive mardi soir ou manifesteront-ils leur désaccord? L’an dernier, leur chef à la Chambre, Nancy Pelosi, assise légèrement au-dessus et dans le dos du président, avait surjoué ses applaudissements pour marquer sa différence.
Avant de se retrouver chez leurs confrères et consoeurs de la Chambre, les sénateurs défileront toute la journée dans leur hémicycle pour expliquer comment ils entendent voter lors du verdict du procès en destitution. A cette occasion, les démocrates devraient étaler leurs griefs contre le président.
Lors de son réquisitoire lundi, l’élu démocrate Adam Schiff, qui a fait office de procureur en chef au procès, a estimé que l’ancien homme d’affaires n’avait “pas de boussole morale”. “La vérité lui importe peu, le bien encore moins et la décence pas du tout”, a-t-il assené.
Les avocats du président ont estimé qu’il n’avait “rien fait de mal” et appelé les sénateurs à le déclarer non coupable.
AFP