Le 33e sommet des chefs d’État de l’Union africaine s’ouvre ce dimanche 9 février. Plusieurs dizaines de chefs d’État et de gouvernement sont attendus dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, qui abrite le siège permanent de l’organisation. Parmi les temps forts de ce rendez-vous, l’appel à plus de solidarité africaine pour un objectif exigeant : faire taire les armes.
« Absolument, je suis optimiste », sans détour le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, confie son état d’esprit face au thème ambitieux de ce sommet : faire taire les armes. Une thématique loin d’être nouvelle au sein de l’organisation panafricaine qui en avait fait, il y a plusieurs années déjà, son objectif à l’échéance 2020.
Et pourtant sur le papier le constat est sans concession comme l’a signalé dans son discours, ce jeudi, à la tribune de l’Union africaine, la Camerounaise Vera Songwe, secrétaire exécutive de la commission économique pour l’Afrique des Nations unies. « Comparé à 2005 quand il n’y avait que six pays engagés dans un conflit sur le continent, quinze ans plus tard, nous avons contre-performé. Le nombre de conflits armés est passé, entre 2005 et 2018, de 7 à 21, selon le Peace Research Institute d’Oslo (PRIO). »
Une liste de conflits armés que le président de l’UA a tenu à rappeler : « Le conflit en Libye, les menaces jihadistes shebabs en Somalie, et au Mozambique, dans la région du Sahel et dans le pourtour du bassin du lac Tchad, la montée du populisme marquée par les replis nationalistes et ethno-identitaires, l’extrémisme et le radicalisme, pour ne citer que ceux-là. »
Diminution des conflits inter-États
Au sortir de son discours à la tribune, Moussa Faki Mahamat souligne tout de même quelques avancées. « Nous n’avons presque plus de conflit inter-États sur le continent. » Désormais, la principale menace, c’est le défi du terrorisme pour le président de la Commission de l’UA. Il faut trouver d’autres moyens, « construire la paix autrement, en mettant en œuvre des solutions innovantes qui relativisent la solution militaire et le tout dans la solidarité ».
Pour un haut diplomate de l’Union africaine, il faut en effet plus d’engagement des États sur la question sécuritaire. « Au Sahel, ce n’est plus un conflit, c’est une guerre et des pays sont menacés d’effondrement » et, selon lui, les autres États du continent ont un rôle à jouer. « Il faut qu’il y ait plus de solidarité », insiste-il ajoutant que seul le Rwanda a versé un million de dollars pour le G5 Sahel et qu’aucune des grandes nations militaires du continent ne participe encore, sur le terrain, à l’effort de guerre.
C’est bien que l’Afrique prenne toute sa place, joue tout son rôle dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Ce qui se joue au Sahel n’est pas l’affaire du seul Sahel, c’est l’affaire de l’Afrique toute entière.