Les relations visiblement tendues entre l’imam Mahmoud Dicko et l’ancien Premier ministre Boubèye Maïga sont sur la voie de détente. « J’aimerai dire que les relations entre mon frère Soumeylou et moi n’ont jamais été tendues », a prévenu l’ancien président du HCIM.
L’un occupait la présidence du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM), l’autre la Primature, chefferie du Gouvernement. Les deux hommes, l’imam Dicko et l’ex-premier ministre, à l’époque, étaient plus que divisés que unis par des sujets d’intérêt national. La pomme de discorde est partie du coup de massue assenée à la mission de bons offices que conduisait l’imam.
En effet, dès son arrivée à la primature, l’ancien PM a mis fin auxdites missions financées à coût des millions de FCFA. Ce qui sonne somme un désavoue infligé à l’imam. Un affront que Dicko a tenté de laver les mois suivant, quand il a refusé 50 millions FCFA offerts par le Gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga pour l’organisation d’une journée de prières le 10 février 2019.
L’ancien PM avait répliqué en ces termes : « Nous sommes dans une démocratie où le jeu se mène. Mais il se mène quelque fois de façon malicieuse et maligne. Il y a des gens chaque fois qu’ils ont vaincu sur un théâtre, il change de théâtre et mène toujours avec le même objectif. Comme vous tous, j’ai vu la théâtralisation assez visible par rapport à l’appui que le gouvernement s’est fait le devoir d’apporter à l’organisation d’une prière destinée normalement à appeler à la paix et à la réconciliation. Franchement, on n’avait vu rien de fondamentalement bizarre. L’État a toujours soutenu toute initiative de citoyens qui disent agir pour la paix ».
Et SBM d’enfoncer le clou : « Ceux qui agitent sont les gens qui ont voté et qui ont fait voter contre nous. Ils continuent d’agir contre nous et qui pensent trouver des interstices sur des passages pour continuer de nous affaiblir. Bon, nous continuerons de faire face, nous sommes mobilisés, vigilants et déterminés à faire face à tout ce qui peut éventuellement nous empêcher d’avancer ».
La ligne rouge est franchie, SBM assumera ses propos. L’imam Dicko, au visage rubicond, n’est pas prêt à lâcher du lest. Sur son l’appel et celui Cherif de Nioro, des milliers de personnes étaient le vendredi 05 avril dans la rue pour dénoncer « la mauvaise gouvernance et l’insécurité au Nord et au Centre du pays ». S’adressant aux manifestants, l’ex- président du Haut Conseil Islamique exigeait « un changement dans la situation actuelle », sans quoi des manifestations de ce genre seront organisées chaque vendredi à Bamako.
Du jamais vu dans l’histoire du Mali démocratique, mais qui a changé la donne. Quelques semaines suivante, son ‘’ennemi’’ de l’heure a démissionné sous pression, à la demande des députés qui ont initié une motion de censure. Mission réussie ou objectif atteint, l’imam pourrait ruminer sa victoire. Finies les rancœurs ?
La réponse serait à l’affirmative, eu égard à la dernière sortie du parrain du CMAS chez notre confrère L’Enquêteur. Interrogé sur ses relations particulièrement tendues avec le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga, l’imam Dicko a baissé l’arme.
« J’aimerai dire que les relations entre mon frère Soumeylou et moi n’ont jamais été tendues. Soumeylou est un frère avec lequel j’ai eu des relations très cordiales. Nous avons beaucoup d’estime réciproque. Il n’y a jamais eu de problème entre nous. Ma position de Président du Haut Conseil Islamique m’a certainement obligé à avoir une position par rapport à l’introduction d’un manuel scolaire relatif à l’ ‘’Education sexuelle complète’’ dans notre système éducatif. Sur cela, nous avons eu des réserves. Nous les avons exprimées. Donc, dans la démarche, on ne s’était pas compris le département en charge de l’éducation à l’époque et moi. C’est par ce truchement peut être qu’on a été opposés. Sinon, personnellement entre Soumeylou et moi, il n’y a jamais eu une situation conflictuelle. C’est toujours la cordialité et la convivialité entre nous. Même si demain on se rencontre, c’est la même chose. Nous allons quitter ces choses-là, nous resterons frères. Moi, je ne suis plus Président du Haut Conseil Islamique, lui n’est plus Premier ministre. Ces postes sont conjoncturels (sic) mais nos relations sont humaines et éternelles », a-t-il déclaré.
Somme toute, le combat de Dicko contre le projet de manuel scolaire par le truchement duquel le gouvernement aurait tenté d’introduire l’homosexualité à l’école, est fini. L’imam a opté ainsi pour la réconciliation, même s’il ne l’a pas exprimé ouvertement.
D.C.A
Source: Le Soft