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Hervé Bourges, grande figure des médias et de la francophonie

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Grande figure de l’audiovisuel français pendant plus de quarante ans, Hervé Bourges, décédé dimanche à l’âge de 86 ans, fut aussi un militant anti-colonialiste du temps de la guerre d’Algérie, un amoureux de l’Afrique et un fervent défenseur de la francophonie.

Personnage inclassable aux multiples facettes, journaliste, patron successif des chaînes de télévision TF1, France 2 et France 3, et de radio (RFI), Hervé Bourges avait été à la tête du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de 1995 à 2001.

Né le 2 mai 1933 à Rennes (Ille-et-Vilaine, nord-ouest), il sort diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ) en 1955 et commence sa carrière au journal Témoignage Chrétien qui milite contre la guerre d’Algérie.

Deux ans plus tard, il est appelé sous les drapeaux pour son service militaire en Algérie où on lui confie l’organisation du théâtre aux armées.

A son retour en France en 1960, il entre au cabinet d’Edmond Michelet, garde des Sceaux du général de Gaulle et, à ce titre, rend régulièrement visite aux chefs du Front de libération nationale (FLN) algérien emprisonnés au château de Turquant, parmi lesquels Ahmed Ben Bella.

Lorsque celui-ci, après l’indépendance, devient en 1963 le premier président de l’Algérie, il demande à Hervé Bourges de devenir son conseiller.

– “Ni l’un ni l’autre” –

AFP/Archives / PHILIPPE BOUCHONHervé Bourges (d) président de TF1, François Mitterrand (g) et la journaliste Anne Sinclair (c) avant une émission télévisée le 29 mars 1987 dans les couloirs de TF1 à Paris

Après sa chute, en 1965, Hervé Bourges choisit de rester en Algérie comme conseiller du ministre de l’Information Bachir Boumaza. Un temps arrêté et même emprisonné dans les geôles algériennes, il ne devra sa libération qu’à l’intervention conjuguée du cardinal Duval à Alger et, à Paris, du jeune Jacques Chirac, alors conseiller du Premier ministre Georges Pompidou.

Accusé tour à tour de traîtrise par les nostalgiques de l’Algérie française ou, au contraire, d’être une barbouze infiltrée par les Français, Hervé Bourges répondra bien plus tard: “Je n’étais ni l’un ni l’autre. J’étais simplement quelqu’un qui essayait de rendre service à l’Algérie et de donner une image de la France qui soit convenable”.

Après son départ mouvementé d’Algérie, il rebondit en créant l’Ecole de journalisme de Yaoundé, au Cameroun.

En 1976, il devient directeur puis président de l’ESJ de Lille et prend successivement la direction de trois grands médias français: RFI (Radio France Internationale), TF1 (jusqu’à sa privatisation en avril 1987) puis Antenne 2 et FR3 jusqu’en septembre 1992 où les deux chaînes publiques deviennent le groupe France Télévisions.

Il ne se présentera pas à sa propre succession, faute d’un appui de la nouvelle majorité de droite en 1993.

Après deux années passées comme ambassadeur de France auprès de l’Unesco, il est désigné en janvier 1995 président du Conseil supérieur de l’audiovisuel par le président François Mitterrand.

Hervé Bourges, certes marqué “à gauche”, entretient cependant d’excellentes relations “à droite” notamment avec Edouard Balladur qui lui propose un poste d’ambassadeur à Dakar ou Jacques Chirac qui veut faire de lui son ministre de la Coopération.

Il décline et s’occupe de la francophonie: il devient président de l’Union internationale de la presse francophone en 2001.

Ce fin observateur du monde politico-médiatique est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés au Tiers-Monde (“Les 50 Afriques”, en collaboration avec le journaliste Claude Wauthier, 1979) ou à son expérience audiovisuelle (“Une chaîne sur les bras” 1987, “La Télévision du public” 1993).

D’ouvrages autobiographiques également: “De mémoire d’éléphant” sur l’Algérie et, en 2016,: “J’ai trop peu de temps à vivre pour perdre de peu; Abécédaire intime”.

Il avait signé en 2012 un dernier documentaire “l’Algérie à l’épreuve du pouvoir”, avec le réalisateur Jérôme Sesquin.

AFP

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