Jammal Samih a été interpellé lundi soir dans le cadre de l’audit sollicité par le président Félix Tshisekedi sur l’exécutif de son programme d’urgence des 100 Jours. Il a été transféré à la prison de Makala après avoir été entendu suite à des « graves soupçons », dit le parquet, de détournement des fonds alloués à la l’importation et l’installation des logements sociaux, en préfabriqués.
Selon le parquet, l’homme d’affaires est retenu pour « raison d’enquête ». Son interpellation est intervenue, indique une source judiciaire, après une audition au cours de laquelle l’homme de 82 ans n’aurait pas expliqué sur l’utilisation de la majeure partie des 57 millions de dollars du contrat conclu en mars 2019 avec le gouvernement. Des accusations que dément son avocat, Me Chicha Bokolombe. Il dénonce une procédure « cavalière ».
« Le motif de l’interpellation nous a été communiqué sur place et il s’agit de justifier un montant colossal de 57,5 millions de dollars. Exercice qui doit nous demander de mettre à disposition de la justice des éléments de preuves, des factures. Pendant l’interrogatoire, nous avons sollicité plusieurs fois qu’il y ait une remise [en liberté, ndlr] d’apprêter tous les éléments, mais cette demande refusée. C’était une manière beaucoup plus cavalière. »
L’homme d’affaires libanais avait obtenu deux contrats pour un montant de plus de 114 millions de dollars pour fournir 4 500 logements préfabriqués. La société accuse d’énormes retards dans la livraison.
Pour son avocat, la faute incombe au gouvernement qui n’a pas, selon lui, respecté différentes clauses du contrat, dont les exonérations de douanes. C’est ce qui expliquerait qu’une partie du matériel soit bloquée.
Pour l’Observatoire de la dépense publique, une ONG congolaise, ce sont ces exonérations qui sont problématiques. Comme d’ailleurs la procédure de passation de marché, de gré à gré, pour un contrat de plusieurs dizaines de millions de dollars.
Toutes ces questions, y compris des suspicions de surfacturation de ces logements, avaient été soulevées par la société civile il y a plus de six mois, sans jusqu’ici soulever d’inquiétudes auprès des autorités du pays
RFI