Le sommet du G5 Sahel tenu mardi dernier a prouvé une fois de plus que la lutte contre le terrorisme est loin d’être gagné. Il a été unanimement reconnu que les efforts dans l’opérationnalisation de la force conjointe doivent s’intensifier tout en rendant l’accès aux ressources promises une réalité. Toutefois, le sommet aura occulté, un peu comme tous les acteurs dans cette lutte de longue haleine, une donnée d’une grande importance : le traitement par les médias du délicat sujet du terrorisme.
Le péril du terrorisme de l’extrémisme violent est, sans conteste, l’un des plus grands périls sécuritaires de l’époque contemporaine. Il est une véritable idéologie avec un réel pouvoir hypnotique pour les plus vulnérables de la population mondiale et sa puissance de feu à divers endroits est assez redoutable. Sans oublier la méthode militaire de la guerre asymétrique, particulièrement difficile à neutraliser dans des ensembles territoriaux vastes et en proie à la précarité. Cependant, une tendance médiatique globale à l’échelle planétaire à donner plus de pouvoir à l’international du terrorisme.
L’extrémisme violent est un cancer sécuritaire qui arrive assez facilement à métastaser de vastes bandes de territoires au Sahel et même ailleurs sur la planète, comme on le constate au Proche et Moyen-Orient. La moindre faille au niveau de l’appareil institutionnel d’un Etat est suffisante pour que les terroristes égorgeurs et coupeurs de mains injectent leur idéologie maléfique. Le Mali, le Burkina Faso, le Nigéria en sont des parfaits exemples, en plus de la Syrie, de l’Iraq ou encore de l’Afghanistan.
Alors que la bataille contre les terroristes ne cesse de se complexifier, la tendance médiatique du moment tend à donner un pouvoir non négligeable aux chefs terroristes. Les attentats du 11 septembre a changé la face du monde, et celui des médias avec. Ainsi, les chaines de télévision et autres supports médiatiques, dans une certaine démarche qu’on pourrait qualifié de cinématographique, donnent les informations en lien avec le terrorisme. Souvent, l’on qualifie, à titre d’exemple certains chefs terroristes, d’émirs, ce qui veut dire prince en langue arable.
Alors que ces derniers n’ont rien de princier eu égard aux nombreux crimes violents qu’ils commettent. Parfois encore, des médias deviennent de véritables relais de revendication d’attentats. Si au départ, la connaissance des auteurs de telle ou telle attaque pouvait avoir de l’importance, aujourd’hui, alors que la bataille du terrain au Sahel est en faveur des terroristes, de telle information ne peut qu’avoir des effets négatifs. Car après chaque attaque sanglante, le groupe terroriste revendiquant, en plus de faire perdre aux forces armées une bataille sur le terrain, remporte une autre victoire, celle morale.
Ailleurs sur la planète, la chaine qatari Al Jazeera était devenue le canal officiel de communication de groupe terroriste tel qu’Al Qaida, au point de ternir son image. Mais ce qui retient l’attention dans ces dernières années, c’est cette nouvelle sémantique que l’on retrouve pratiquement à chaque journal télé à l’internationale. Des mots comme califats, Etat Islamique, Charia, le tout sans l’emploi d’un minimum de nuance. Les médias les emplois à tout-va, comme si ces appellations seyait à ces groupes terroristes. Par exemple, le terme « Etat Islamique » est employé par nombre de médias occidentaux sans y ajouter le mot terroriste. Un usage maladroit qui pourrait même prêter à confusion auprès des moins cultivés. D’où souvent l’amalgame entre Islam et terrorisme.
Il est peut-être temps que les médias se mettent aux aussi en ordre de bataille contre le terrorisme et d’éviter ces quelques maladresses qui peuvent avoir de grandes conséquences négatives sur le terrain. La communication est un champ de bataille au 21ème siècle. Et d’ailleurs, le groupe terroriste Etat Islamique avait lui-aussi sa propre agence d’Informations du nom de A’maq.
Ahmed M. Thiam
Source: Inf@sept