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Bruxelles présente sa “loi climat” sous le regard dubitatif de Greta Thunberg

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La Commission européenne présente mercredi son projet de “loi climat” pour l’UE, afin d’inscrire dans le marbre l’objectif de neutralité carbone en 2050. Mais ce qu’elle vante comme une première à l’échelle d’un continent est déjà qualifié de “capitulation” par Greta Thunberg en visite à Bruxelles.

Tenue décontractée, gourde en aluminium à la main, la jeune militante suédoise a participé à la réunion de l’exécutif européen mercredi matin, une marque de considération inhabituelle de la part de la Commission.

Pensé comme la référence pour toutes les futures législations de l’Union européenne, le texte vise à transcrire dans la loi l’ambition d’un niveau d’émissions de gaz à effet de serre nettes nulles d’ici le mitan du siècle, c’est-à-dire un équilibre entre les émissions (réduites le plus possible) et l’absorption de carbone (par des techniques de séquestration).

Mais la caution de celle qui est devenue une icône de la lutte contre le changement climatique est loin d’être acquise.

Dans une lettre ouverte publiée sur le site internet Carbon Brief, Greta Thunberg et une trentaine d’autres jeunes militants du climat dénoncent la “capitulation” et “l’arrogance” de législateurs qui “prétendent que (leur) projet, au mépris du consensus scientifique, résoudra d’une manière ou d’une autre la plus grande crise à laquelle l’humanité ait jamais été confrontée”.

AFP / JOHN THYSLa jeune militante suédoise Greta Thunberg, à la Commission européenne à Bruxelles le 4 mars 2020

Présente à Bruxelles en vue d’une grande manifestation pour le climat vendredi, Greta Thunberg interviendra en début d’après-midi au Parlement européen. Une visite qui irrite certains eurodéputés alors que l’hémicycle est fermé aux visiteurs extérieurs par mesure de précaution face à l’épidémie de nouveau coronavirus.

La loi climat est au coeur du “Pacte vert” de la Commission pour une stratégie de croissance durable et toute la future législation européenne devra être en ligne avec l’objectif de neutralité.

L’immense majorité des Etats membres a déjà fait part de son adhésion à cette ambition. Seule la Pologne, qui tire encore 80% de son électricité du charbon, avait signalé qu’il lui était impossible pour l’instant de donner son blanc-seing à cet horizon 2050.

– “Trop tard” –

Le président de la commission Environnement du Parlement européen, le Français Pascal Canfin (Renew Europe, centristes et libéraux) y voit aussi l’opportunité de sortir d’un schéma de décision qui nécessite un consensus entre dirigeants.

AFP / kenzo tribouillardLa projection d’une planète en flammes sur la Commission européenne à Bruxelles, le 4 mars 2020

“Une des valeurs ajoutées, c’est de sortir de la situation actuelle où les objectifs climatiques sont pris à l’unanimité du Conseil européen” qui réunit chefs d’Etat et de gouvernement, souligne-t-il.

La “loi climat” fera l’objet d’un dialogue législatif entre le Parlement et les Etats membres. A peine annoncée, elle est pourtant déjà largement critiquée.

Les jeunes militants du climat déplorent une stratégie qui repose trop sur des technologies encore balbutiantes de capture de carbone et pas assez sur une réduction drastique des émissions.

“2050 c’est trop tard”, assure Greenpeace, qui a projeté mardi soir sur la façade de la Commission l’image d’une planète en flammes.

La bataille s’annonce encore plus âpre sur l’objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pour 2030, mentionné de façon assez floue dans le projet de loi.

– “Un grand vide” –

AFP / JOHN THYSLa présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et la jeune militante suédoise Greta Thunberg, à la Commission européenne à Bruxelles le 4 mars 2020

Pour de nombreux observateurs, la barre actuelle de -40% par rapport au niveau de 1990, est obsolète à la fois au regard de l’accord de Paris sur le climat et de la neutralité climatique en 2050. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est engagée à la relever à -50%, voire -55%.

Mais pour l’instant la réflexion est suspendue, dans l’attente d’une étude d’impact vers l’été.

Douze Etats membres – dont la France, l’Italie et l’Espagne, les pays scandinaves, ou encore l’Autriche, les Pays-Bas et le Luxembourg – ont réclamé un calendrier plus resserré, avec une proposition chiffrée “aussi tôt que possible et avant juin 2020”.

La Commission propose encore, selon le projet de loi vu par l’AFP, de se donner le droit, après 2030, tous les cinq ans jusqu’en 2050, de revoir les objectifs pour ajuster la trajectoire vers la neutralité.

AFP

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