L’annulation de la convocation de l’imam Mahmoud Dicko par le tribunal de grande instance de la commune V du district de Bamako a été diversement interprétée. Pendant que certains avancent que ladite convocation a été annulée suite à la « pression » des fidèles de l’imam, d’autres laissent croire que la justice « a eu peur ». Non, ni la peur ni la pression n’ont motivé cette décision. La réalité est toute autre.
Entendre l’imam Mahmoud Dicko à propos de certains de ses propos tenus le samedi dernier lors d’un meeting au Palais de la culture. Tel est l’objectif de la convocation de l’ancien président du Haut conseil islamique du Mali par le tribunal de grande instance de la commune v du district de Bamako. En effet, selon notre source judiciaire, le procureur voulait juste savoir si le message de l’Imam Dicko dans lequel il appelle ses militants à sortir « avec des gourdins, des machettes… » était destiné contre le pouvoir public à Bamako ou contre les djihadistes à qui il a lancé un ultimatum. La convocation n’entre donc nullement dans le cadre d’une quelconque intimidation de l’imam.
Pourquoi l’annulation ?
La convocation, contrairement à ce que pensent beaucoup, n’a pas été annulée ni par la pression des soutiens de l’imam ni par peur de la justice. Qu’est-ce qui s’est passé ? Après avoir appris que l’imam Dicko allait faire une déclaration à la télévision, le mardi dernier à 14 heures pour donner des éclaircissements concernant les propos qu’il a eu à tenir et qui ne sont pas bien compris, le procureur avait déjà reporté la convocation. « La justice a reporté la convocation pour écouter la déclaration de l’imam Mahmoud Dicko, qui était prévue à 14 heures. En fonction de cette déclaration, le procureur allait voir s’il était nécessaire d’entendre l’imam ou pas », nous informe notre source qui affirme que l’imam était déjà informé du report de la convocation pendant que ses militants appelaient à la mobilisation. Voilà tout ce qui s’est passé. Ni peur ni pression. La justice a reporté juste pour donner l’occasion à l’imam d’apporter des précisions par rapport à ses propos.
Dans la déclaration faite par l’imam Mahmoud Dicko face à la presse, le mardi 3 mars 2020, la justice a eu la clarification qu’elle cherchait, d’après notre source. D’où l’annulation de la convocation.
Il faut saluer le courage et le sang-froid du procureur de la commune V et la sagesse de Dicko
Avec l’évolution actuelle du dossier, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune V du district de Bamako doit être salué pour son courage et son sang-froid. Quant à l’imam Dicko, il doit être félicité pour sa sagesse. Ne serait-ce que pour son appel à la retenue à l’endroit de ses militants et l’annulation de la marche du vendredi prochain.
Boureima Guindo
Source: Le Pays