Ondoyante et diverse est la position de la Mauritanie, face au péril qui menace le Mali en particulier ; et le Sahel en général. Au fait, toutes les fois qu’elle a été appelée à se prononcer sur le sort qu’il faut réserver aux djihadistes qui écument le territoire malien et le Sahel, la Mauritanie (depuis l’époque du pouvoir du président, le Gal. Mohamed Ould Abdel Aziz, 2009-2019, jusqu’au règne de son successeur, le Gal. Mohammed Ould el-Ghazouani), a toujours adopté une attitude alambiquée. Et cela depuis que ces fous d’Allah, connus sous le nom du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) ont fui la Mauritanie pour élire domicile dans le septentrion malien en se rebaptisant AQMI (Al-Qaeda au Maghreb islamique).
Que n’a pas fait le Mali, au temps fort de son histoire, pour associer la Mauritanie à la traque de ces narcotrafiquants qui agissent sous le couvert du Saint Coran ? C’est à se demander, comme on l’a souvent pensé, si le statu quo actuel au Mali et au Sahel n’est pas une véritable aubaine pour une Mauritanie qui craint le retour sur son sol de ces criminels de tout acabit quand ils seront boutés hors des frontières maliennes.
En tout cas, ce pays, par son comportement, renforce la position de ceux qui pensent ainsi. La République Islamique de la Mauritanie à envoyer un contingent militaire de 750 hommes vers la République centrafricaine. Un contingent qui s’est déployé là-bas sous commandement de la mission des Nations Unies pour le maintien de la paix et de la sécurité dans ce pays déchiré par la guerre civile. Un sursaut s’il en est, loin, très loin, vers la Région des Grands Lacs. Pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple ? Un adage que nous sommes tentés ici de paraphraser : Pourquoi on sert loin quand on est utile à côté ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la Mauritanie ne participe pas à la force internationale qui se déploie au Mali voisin sous la bannière des Nations Unies pour le maintien de la paix.
Pourtant, la Mauritanie est lié au Mali à travers des liens séculaires de bon voisinage et récemment les accords du G5 Sahel, une organisation sous-régionale qui regroupe avec eux le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Quelles recettes pour la Mauritanie dans tout ça ? Bien que la menace jihadiste frappe à ses portes, elle est encore épargnée par les attentats terroristes depuis février 2011- et l’échec d’un attentat à la voiture piégée à Nouakchott dont l’un des commanditaires Cheikh Ould Salek condamné à mort s’est évadé dans la nuit du 31 décembre 2015 de la prison civile dans des circonstances non encore élucidées.
Tout se passe ou se joue comme s’il existait une sorte de trêve tacite, donnant-donnant, entre d’une part, les groupes terroristes et les autorités de Nouakchott ! L’une des clauses de ce pacte inavoué serait que les forces armées mauritaniennes ne s’affichent pas dans une guerre ouverte avec ces groupes terroristes même dans le cadre d’une force onusienne. Jusqu’où ira la trêve? Malgré tout la Mauritanie demeure une cible potentielle même si le pacte tient encore bon.
L’histoire récente nous a appris que le président Amadou Toumani Touré (ATT pour les intimes) qui a abandonné, non sans conséquences, le Nord du Mali au trafic trans-saharien a laissé son pays au bord de la déconfiture. Au Burkina voisin, les mêmes causes ont produit les mêmes effets.
Le départ forcé du président Blaise Compaoré, grand médiateur (entre les occidentaux et les groupes armées) dans la libération des otages, le pays des hommes intègres est devenu la cible des jihadistes. L’attaque de l’Hôtel Splendid, la première du genre, au cœur de la capitale Ouagadougou (20 morts) et l’attaque de L’État major en plein cœur de Ouaga en sont la preuve. À qui le tour ?
Deal entre Nouakchott et les terroristes ?
C’est cette question qui revient sur les lèvres depuis la déclaration expresse du groupe djihadiste d’Iyag Aghaly qui semble éviter d’ouvrir toutes les hostilités avec Nouakchott tout en cherchant tacitement des accords pacifiques avec les unités mauritaniennes de surveillance des frontières.
Comme AQMI qui a fini par évacuer ses bases près de la frontière avec la Mauritanie, Ansar Dine ; Front du Macina ; Al-Mourabitoune ; Ansarul Islam ; État islamique dans le Grand Sahara (EIGS)… qui ont formé une coalition pour déstabiliser les pays du Sahel, voudraient compter au moins sur « un allié » de la sous-région qui a préféré prendre ses distances vis-à-vis de toute ingérence militaire dans une guerre qui n’est plus la sienne. Même si la Mauritanie est un devant de toute initiative de lutte contre le terrorisme dans la sous-région, elle n’a pas accepté de participer, militairement, aux opérations menées par Serval au Mali encore moins par la Force Barkhane et la Force G5 Sahel.
Expliquant le drame de Nara, des sources soutiennent que les assaillants étaient venus de la forêt du Wagadou, vers la frontière Mauritanienne. Tout comme Nampala en janvier 2015, plusieurs sources confirment que les terroristes qui ont attaqué la ville de Nara sont venus de la République islamique de la Mauritanie.
Auparavant, des membres des groupes armés blessés, lors des combats, auraient été internés à l’hôpital régional de Néma dans la wilaya du Hodh Charghi à l’Est de la Mauritanie et au sein de l’hôpital militaire de Nouakchott, afin de bénéficier de soins nécessaires.
Si l’attaque de Léré qui a été revendiqué par la CMA a coûté la vie à 9 militaires maliens, il reste des zones d’ombres sur la provenance du soutien des assaillants et de leur provenance qui selon des sources locales sont venus de la Mauritanie.
En tout état de cause, quelle république est-elle la Mauritanie? Quel rôle joue-t-elle dans la crise sécuritaire au Mali et au Sahel, en général? Des questions que se posent de plus en plus les populations du Sahel sur la république islamique de la Mauritanie.
Discrète et apparemment en retrait de la politique intérieure du Mali, la présence de la Mauritanie est facilement reconnaissable à travers ses prises de positions qui ne laissent pas indifférentes dans le feu de la lutte contre le terrorisme au Sahel. À la Mauritanie de cesser ses contorsions diplomatiques pour jouer le rôle qui est le tien dans la chasse aux groupes armés, dont elle a toujours fait son sacro-saint principe.
Aujourd’hui, tout le monde a la certitude qu’avec la publication des documents saisis par les Navy Seals Americains, pendant le raid contre Ousama Ben Laden en 2011, il y a eu bel et bien un ‘’Pacte de non-agression entre Al-Qaeda et la Mauritanie’’. Aussi, les pays du Sahel ont la certitude qu’avec le refus des terroristes de brûler le drapeau mauritanien, lors de l’attaque du QG du G5 Sahel à Mopti et la libération par les autorités mauritanienne de Sanda Ould Boumama, un leader du groupe jihadiste Ansar Eddine, il existe un deal entre les groupes terroristes et la Mauritanie.
En bloc, il y a un véritable pacte de non agression entre la Mauritanie et les groupes armés au Mali et au Sahel qui utilisent toutes les astuces pour recruter et exécuter leurs sales besognes.
En attendant, la position de la Mauritanie face au péril qui menace le Mali et le Sahel est ondoyante et diverse. Au fait, toutes les fois qu’elle a été appelée à se prononcer sur le sort qu’il faut réserver aux groupes armés dans le Sahel, la Mauritanie a adopté une attitude confuse.
A. Diallo
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