Facteur de déstabilisation de la paix sociale, la justice à double vitesse est le second danger de la démocratie, le premier danger étant l’inobservation des lois par les pouvoirs publics. Les événements de la semaine dernière nous aurons beaucoup appris sur la tension qui règne dans le pays. Autant dire que la semaine fût riche en émotions. Les rapports de force, ou jeux d’intimidation, auxquels se sont livrés les pouvoirs publics et la société civile ont été très troublants.
D’abord, cette interpellation avortée, signe d’aveux de faiblesse ne rassure pas quand à l’existence d’une justice sociale et impartiale. Lorsque le détenteur de la prérogative puissance publique décide d’entendre un citoyen quelconque, la procédure doit être menée à son terme. Il ne s’agit pas de sanction mais de nécessité de maintenir une constance dans les décisions. Lorsque l’on convoque, même à tort, il faut entendre la personne convoquée, quitte à classer le dossier sans suite. Une convocation avortée, sous la pression, est un aveu de faiblesse.
Ensuite, la tentative d’intimidation avortée déstabilise la paix sociale. La démonstration de force a mis à jour la faiblesse de l’État face aux pouvoirs parallèles qui se sont autoproclamés avec la bénédiction des différents régimes qui se sont succédés. Nous venons donc de rater une belle occasion de réaffirmer l’autorité de l’État.
Par ailleurs, les faits reprochés, publiquement constatés, auraient dû motiver au moins une audition et peut être une mise en garde. Les incitations à la violence, aux antipodes d’une soi-disant désobéissance civile, sont des délits majeurs qui ne peuvent être appréciés en fonction de l’humeur de la masse. Une série de questions nous inquiète au plus haut point désormais!
Doit-on craindre cette justice à double vitesse ? Le citoyen se le demande et cela parce que nous n’avons pas tous la capacité de mobiliser des centaines et des milliers de supporteurs pour faire obstacle à notre convocation. Sommes-nous à l’abri du développement des pouvoirs parallèles à ceux reconnus par la Constitution ? La séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire a-t-elle encore son sens?
La réflexion continue!
Dr Moussa Dougouné
Source: Le Pélican