La ville d’Oyo, fief du président congolais Denis Sassou-Nguesso, accueille ce jeudi un sommet de haut niveau sur la Libye. Il s’agit de la première réunion du groupe de contact sur la Libye, dont la création avait été confiée au président congolais lors du dernier sommet de l’Union africaine.
L’objectif de cette réunion est de jeter les bases du futur forum de réconciliation inter-libyen que l’UA souhaite organiser sur le continent africain. Dix jours après la démission de l’envoyé spécial de l’ONU en Libye Ghassan Salamé, l’UA est en effet plus déterminée que jamais à jouer un rôle plus important dans le retour à la paix en Libye.
Quatre pays sont invités : l’Afrique du Sud de Cyril Ramaphosa, l’Égypte de Abdel Fattah al-Sissi, l’Algérie d’Abdelmadjid Tebboune, qui ambitionne d’accueillir le futur dialogue et devrait être représenté par son Premier ministre, et enfin le Tchad d’Idriss Deby. Quatre pays qui auront donc la lourde tâche, aux côtés du Congolais Denis Sassou-Nguesso, de réfléchir à une feuille de route censée aboutir à la tenue d’un forum de réconciliation inter-libyen sur le continent africain. L’ONU et la Commission de l’Union africaine seront également représentées.
Impliquer « un maximum d’acteurs »
Depuis que l’organisation de ce forum avait été décidée toutes les tentatives menées notamment par l’ONU d’aboutir à un cessez-le-feu ont échoué, au point de pousser l’envoyé spécial Ghassan Salamé à la démission. Un geste qui témoigne de l’ampleur du travail à accomplir pour ramener la paix en Libye, mais qui ouvre également « une fenêtre pour une plus grande implication de l’UA dans ce dossier », estime une source à l’Élysée.
La réunion de ce jour doit notamment permettre de réfléchir à la liste des « participants » qui seront conviés à ce futur forum. « Une question complexe », estime une source à l’Union africaine, car l’UA souhaite impliquer « un maximum d’acteurs ». Il ne s’agit donc plus que des deux frères ennemis de la Libye, Fayez el-Sarraj et le maréchal Haftar, mais aussi des héritiers de Kadhafi, et des acteurs majeurs de la société civile.
■ Ramtane Lamamra pressenti pour être le nouvel émissaire onusien
De notre correspondante à New York, Carie Nooten
Pour l’instant, le secrétaire général des Nations unies n’a fait que sonder les membres du Conseil de sécurité. Même s’il a certainement considéré de nombreux profils de haut rang pour ce poste particulièrement compliqué, Antonio Guterres n’aurait jusqu’ici retenu qu’un nom : celui de Ramtane Lamamra. Et les membres du Conseil y auraient répondu de manière favorable, majoritairement.
Âgé de 67 ans, ancien ministre des Affaires étrangères en Algérie de 2013 à 2017, diplomate réputé, Ramtane Lamamra coche de nombreux prérequis pour le poste. Il est Africain tout d’abord, ce qui devrait plaire à l’Union africaine, alors que depuis six ans, l’organisation régionale réclame un candidat commun comme envoyé de l’ONU en Libye. C’est un spécialiste des questions du Sahel, un dossier qui occupe régulièrement le Conseil de sécurité, et est de facto très lié à la situation en Libye. Enfin, arabophone, il pourrait ainsi s’adresser directement aux deux parties qui s’opposent en Libye, tant au Gouvernement d’entente nationale de Sarraj, qu’au camp du maréchal Haftar.
Mercredi soir, Antonio Guterres a tout de même nommé un représentant par intérim, certainement pour pouvoir libérer Ghassan Salamé : l’Américaine Stephanie Williams, représentante adjointe aux Affaires politiques, elle pilotera la mission en Libye en attendant la nomination. Ghassan Salamé aurait dû briefer le Conseil de sécurité aujourd’hui, mais cette session sur la Libye a été repoussée à la fin du mois.
RFI