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Le chirurgien Le Scouarnec aux assises, premier volet d’une très vaste affaire de pédophilie

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Le procès du chirurgien à la retraite Joël Le Scouarnec (69 ans), accusé d’agressions sexuelles sur quatre mineures, s’est ouvert vendredi matin à la cour d’assises de Charente-Maritime, à Saintes, premier volet de l’une des plus vastes affaires de pédophilie en France.

La présidente de la cour d’assises a immédiatement ordonné le huis clos total des débats, une mesure qui est “de droit” alors que 3 des 4 victimes parties civiles le réclamaient.

Il ne s’agit pas d'”un manque de courage” mais de la stricte “application de la loi” en raison des faits jugés, a-t-elle expliqué, alors que le ministère public jugeait ce huis clos “constructif pour la recherche de la vérité” face à “une pression médiatique qui peut être nuisible”.

“La publicité des débats lui ferait plaisir”, a lancé en direction de l’accusé l’avocate des 2 nièces majeures ayant réclamé ce huis clos. Une autre victime présumée souhaitait aussi “être seule face à face” avec le chirurgien, a expliqué son défenseur.

Les parents de la fillette de Jonzac, dont la dénonciation a lancé toute l’affaire, auraient souhaité un “compromis”, avec une audience ouverte à la quarantaine de journalistes présents pour que le huis clos total “ne profite pas à l’accusé” alors que “le silence lui a profité durant toutes ces années”, a dit leur avocat, tandis que de son box, le chirurgien dévisageait lentement l’assistance.

C’est donc sans presse ni public que la cour va se pencher pour trois jours sur ces quatre cas, premier volet d’une vaste enquête judiciaire portant sur des centaines de victimes potentielles durant les 30 ans de carrière de ce médecin respecté, père de trois enfants.

Le procès de Saintes porte sur des accusations de viols et/ou atteintes sexuelles concernant la fille de ses voisins de Jonzac, âgée de 6 ans en 2017, deux nièces aujourd’hui trentenaires pour des faits commis chez lui, à Loches entre 1989 et 1999, et une patiente de l’hôpital de cette ville d’Indre-et-Loire qui n’avait que 4 ans en 1993.

En avril 2017, la petite voisine avait raconté comment le chirurgien digestif lui avait montré son “zizi” puis imposé une pénétration digitale à travers la clôture du jardin mitoyen.

AFP / GEORGES GOBETDelphine Driguez, avocate des plaignantes arrive au tribunal de Saintes, le 13 mars 2020

Son récit allait révéler une affaire de pédophilie sans précédent connu en France.

Décrit dans des expertises comme un “manipulateur fasciné par la pédophilie”, le chirurgien reconnaît des agressions, mais conteste les faits criminels de viols (pénétrations digitales) punissables de 20 ans de réclusion.

– “Joel Le Scouarnec, chirurgien” –

“Il n’est pas dans une logique de déni”, assurait avant le procès son avocat Thibaut Kurzawa, favorable aussi au huis clos. “Il souhaite s’exprimer devant ses juges: il veut tenter de comprendre comment il a pu faire autant de mal”.

Crâne dégarni, lunettes fines sur le nez, pull noir sous une chemise grise, l’accusé, visa

ge fermé, s’est installé vendredi matin dans le box avant que le huis clos soit prononcé, regardant attentivement la salle d’audience.

D’une petite voix, il a décliné son identité: “Joel le Scouarnec”, profession “chirurgien”.

AFP / GEORGES GOBETL’hôpital de Jonzac (Charente-Maritime), le 29 février 2020

Devant les enquêteurs, il avait confié son “attirance” pour les enfants et sa “boulimie” d’images pédophiles (300.000 retrouvées) qui lui avait valu en 2005 une légère condamnation pour des consultations illégales sur internet (4 mois avec sursis sans obligation de soins). Puis il avait avoué des “attouchements” sur deux de ses nièces, parties civiles au procès, et sur des enfants de son entourage et dans des hôpitaux, faits en partie prescrits.

Qui savait quoi? Selon l’enquête, dès 2006 son passé judiciaire était connu de son hôpital, à Quimperlé, et sa famille était au courant de ses penchants. Au procès, pour justifier son absence, sa femme a fait présenter un certificat médical que l’avocat général a demandé à la cour de vérifier.

Les perquisitions avaient révélé des milliers de documents informatiques du chirurgien, dont un journal intime commencé en 1990 détaillant de possibles abus et deux listings titrés “Vulvettes” et “Quéquettes” recensant de 1984 à 2006 les noms de près de 250 mineurs, autant de victimes potentielles.

La justice avait alors ouvert une seconde enquête qui a permis d’identifier à ce jour 349 victimes potentielles (dont 246 ont porté plainte) durant ses 30 ans de parcours professionnel dans le centre et l’Ouest (Loches, Vannes, Lorient, Quimperlé), où il a officié sans être inquiété.

AFP

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