L’Etat islamique au grand Sahara, EIGS, a finalement accepté de négocier avec le gouvernement malien, mais seulement après le départ des troupes françaises. Si l’option de négocier avec les djihadistes d’origine malienne est celle de l’écrasante majorité du Peuple, qui en a assez des attaques et des tueries en masse, le départ des troupes françaises n’est nullement le verre de thé des maliens. Qu’on ne s’y trompe pas, si cette option a été acceptée par Iyad et Koufa C’est parce que l’EIGS est acculé jusqu’à son dernier retranchement par la coalition des forces françaises et des armées nationales des pays du sahel. Donc, ils n’ont d’autres choix que d’accepter la main tendue d’IBK. L’EIGS en perte totale de vitesse sur le terrain, le gouvernement malien va-t-il céder à ses caprices ? Avec nos armées, pas suffisamment au point pour faire face à cette nouvelle guerre asymétrique, ne serait-il pas risqué d’accepter le départ des troupes françaises de notre territoire ? Que risque le Mali dans un tel cas de figure ?
L’Etat Islamique au grand Sahara affaibli et acculé de toutes parts par la coalition internationale, est aujourd’hui, ce que fut le Mali au moment de la signature du fameux Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, c’est-à dire un Etat tout aussi affaibli et en déconfiture totale face aux groupes armés rebelles. Cet Accord signé le couteau à la gorge est non seulement inapplicable, mais aussi et surtout porte les germes de la partition du Mali. Le gouvernement semble être aujourd’hui en situation de force face à l’EIGS affaibli qui cherche un nouveau souffle avant de continuer sa marche vers son ultime objectif qui est la création d’un Califat au grand Sahara. Iyad AG Ghali et Amadou Koufa veulent juste reculer pour mieux sauter, sinon ils ne vont pour rien au monde renoncer à leur projet d’application de la charia.
Sinon, comment comprendre qu’on puisse lier une négociation de paix et de vivre-ensemble au départ des troupes étrangères en général et françaises en particulier. Donc, il faut en déduire que cette demande de départ des militaires français n’est ni plus ni moins qu’un piège que cache mal cette apparente bonne initiative de négocier avec Iyad et Koufa. Ils veulent jouer contre la montre et gagner du temps. Pour éviter le piège mortel pour le Mali, le gouvernement doit faire preuve de vigilance, il ne doit pas accepter que les troupes étrangères plient bagages, alors que nos armées ne sont pas prêtes pour faire face à ce péril djihadiste. Le Mali n’a pas fait ce qu’il devrait faire, tant dans l’équipement que dans la formation physique et psychologique des militaires. S’il a pêché à donner satisfaction au peuple, le régime IBK est en passe de battre le record de la mal gouvernance dans la sous-région. Des scandales de détournements de fonds alloués aux forces de défense et de sécurité à la corruption à ciel ouvert, occasionnant une quasi faillite de l’Etat.
En somme, si l’initiative de négocier avec Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa est largement partagée par l’opinion nationale, la demande de départ des troupes étrangères est loin de faire l’unanimité au sein de la société malienne. Aucun démocrate ne s’accommoderait avec des pratiques qui sont aux antipodes des valeurs de la République. Iyad AG Ghali et Amadou Koufa n’auront d’autres choix que de se plier aux règles de la République au risque de subir la foudre de la coalition internationale anti djihadiste.
Youssouf Sissoko
Source: Inf@sept