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En Afrique, les pays s’adaptent progressivement à l’épidémie de coronavirus

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Le président ivoirien Alassane Ouattara à Abidjan le 1er mai 2017

Longtemps épargné par l’épidémie, devenue depuis pandémie, le continent africain doit aujourd’hui affronter les premiers cas apparus peu à peu dans les différents territoires nationaux. Cas qui, sans être nombreux, doivent être traités pourraient bientôt se multiplier. Des mesures annoncées ces dernières heures à celles attendues par les populations inquiètes, tour d’horizon non exhaustif dans plusieurs pays.

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■ Les autorités de Côte d’Ivoire ont annoncé un certain nombre de mesures pour lutter contre la propagation du coronavirus. Le pays compte désormais six cas avérés, a indiqué hier soir le secrétaire général de la présidence. « Le premier cas est guéri et l’état de santé des autres ne suscite pas d’inquiétude », a aussi expliqué Patrick Achi à l’issue d’un Conseil national de sécurité tenu ce lundi soir et au cours duquel treize mesures ont été prises : interdictions de rassemblements de population de plus de cinquante personnes, fermeture des boites de nuits, cinémas et salles de spectacle, suspension pour au moins 15 jours des évènements sportifs et culturels.

Par ailleurs, dès à présent l’entrée sur le territoire des voyageurs non-nationaux en provenance des pays ayant plus de 100 cas confirmés est suspendue pour au moins 15 jours. Les Ivoiriens de retour au pays ainsi que les résidents permanents non ivoiriens seront soumis à une quarantaine de 14 jours dès leur arrivée. La quarantaine est d’ailleurs rendue obligatoire pour les cas suspects et les contacts des malades.

Autre grande mesure : tous les établissements scolaires garderont portes closes, à compter de ce mardi, pour un mois. Fermeture également des boîtes de nuit, des cinémas et des lieux de spectacle pour une période de 15 jours renouvelable à compter de mercredi à minuit.

Les « rassemblements de population » de plus de 50 personnes sont également interdits pour au moins deux semaines à compter du 18 mars minuit. Autre mesure : la suspension pour au moins deux semaines de tous les événements sportifs et culturels nationaux et internationaux à compter du 18 mars 2020 à minuit.
Des sites équipés de prise en charge vont être ouverts dans une douzaine de villes de province et des sites supplémentaires vont être installés à Abidjan.
À noter enfin la « gratuité totale du diagnostic et de la prise en charge de tous les cas suspects et confirmés de Covid-19 ». (correspondance Pierre Pinto)

■ Le Sénégal suspend les lignes aériennes, depuis et vers certains pays, pour faire à la pandémie de coronavirus : la France, l’Espagne, la Belgique, le Portugal, l’Algérie et la Tunisie. Mesure annoncée lundi par le ministre du Tourisme et des Transports aériens. Elle sera appliquée à partir de mercredi (23h59), et pour 30 jours.

La nouvelle mesure complète les décisions annoncées par le président Macky Sall samedi : notamment l’interdiction des rassemblements, et la fermeture des écoles et universités. Les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar ont donc dû faire leurs valises lundi, pour rentrer dans leurs familles, aux quatre coins du pays. D’après le dernier point du ministère de la Santé, le pays a enregistré vingt-sept cas positifs, dont deux guéris. (correspondance Charlotte Idrac)

On doit faire en sorte que la maladie ne vienne pas sur le campus contaminer les étudiants

■ Le Tchad ferme à son tour sa frontière aux vols internationaux pour se prévenir contre le coronavirus à partir de jeudi prochain. Dans un communiqué diffusé ce lundi, le gouvernement tchadien affirme qu’il n’y a aucun cas de Covid-19 mais appelle la population à respecter plusieurs mesures de sécurité.

Le communiqué interdit tout regroupement de plus de cinquante personnes, annulant les rencontres internationales prévues au Tchad et surtout la fermeture des frontières aériennes dès jeudi soir 19 mars et pour 14 jours. Les Tchadiens qui se trouvent à l’étranger et qui souhaitent rentrer ont donc 72 heures pour le faire. Pendant ce temps, les frontières terrestres avec les autres pays voisins restent ouvertes, à l’exception du Soudan et de la Centrafrique, fermées pour des raisons de sécurité.

Mais dans l’opinion, beaucoup s’interrogent sur l’observation stricte des mesures édictées par les autorités. Dimanche soir, une trentaine de passagers du vol Air France devaient être confinés dans un hôtel de la place. Mais tous ne s’y sont pas rendus. Selon un des passagers joints par RFI, il n’y a de confinement que le nom. L’hôtel continue à recevoir des visiteurs qui ont même pris le petit déjeuner avec nous. Deux séminaires étaient organisés dans l’hôtel et on se frottait avec les participants ajoute un autre passager. (correspondance Madjiasra Nako)

■ En République démocratique du Congo, le président Tshisekedi réunit ce mardi un conseil des ministres restreint et extraordinaire consacré au coronavirus. C’est que l’inquiétude des habitants est vive, tout comme celle des élus. Les mesures décrétées par les autorités sanitaires jusqu’à maintenant sont souvent jugées insuffisantes. Certes, seuls trois cas ont été recensés pour le moment dans la capitale Kinshasa mais les appels à décréter des mesures draconiennes se multiplient.

Kits de lavage des mains dans certaines entreprises privées, presque pas dans les établissements publics… Les mesures «coercitives et préventives» qui sont prises, jusque-là, «ne semblent pas être en phase avec la gravité de la situation sanitaire mondiale», s’alarme la sénatrice Francine Muyumba, issue des rangs du parti de l’ex-président Joseph Kabila, le PPRD. Elle appelle à prendre des mesures draconiennes. Même posture pour le député d’opposition Claudel Lubaya.

À ce stade, les mesures se limitent à la mise en quarantaine pour deux semaines, de tous les voyageurs venus des pays frappés par le Covid-19. Ceux manifestant des symptômes sont mis en isolement.

Dès la rentrée, le bureau du Sénat (108 élus) a décidé de ne plus convoquer de plénière. Ce jusqu’à ce que le bureau soit rassuré de la sécurité sanitaire des élus, a indiqué Alexis Ntambwe Mwamba. L’Assemblée nationale, malgré ses 500 élus, a décidé de maintenir ses activités.

■ Aux Comores, le président Azali Assoumani s’est adressé à la nation hier depuis le palais présidentiel pour la première fois depuis que le premier cas de Covid-19 a été confirmé dans l’archipel. Le chef de l’État était très attendu sur des mesures de prévention fortes. Celles-ci s’avèrent finalement limitées.

Sur toutes les lèvres, on attendait la nécessité de fermeture des frontières. Assoumani s’y attaque dès son entrée en matière en signalant qu’« aucun peuple ne peut survivre en se repliant sur lui-même ou en fermant ses frontières. » Voilà qui est clair. Le président n’a pas hésité à souligner à ce sujet que l’économie comorienne dépendait entièrement des importations et qu’elle ne serait pas épargnée.

Parmi les mesures à effet immédiat : la suspension des commémorations, cérémonies et autres rassemblements de plus de vingt personnes. En revanche le fonctionnement des écoles reste inchangé alors même que dans nombre d’entre elles, le manque d’eau est un problème permanent donc difficile d’observer les mesures d’hygiène.

Autre point flou, Azali Assoumani a annoncé que les mesures de quatorzaine seraient renforcées pour tous les voyageurs en provenance de pays touchés par la pandémie. Or la diaspora comorienne de France continue d’arriver régulièrement sans subir jusqu’à présent ni quatorzaine ni confinement. Le chef d’État a avant tout appelé sa population à ne pas céder à la panique. (correspondance Anziza M’Changama)

■ Au Cameroun, l’inquiétude monte après l’annonce lundi 16 mars d’un cinquième cas de coronavirus confirmé à Yaoundé. Les autorités « recommandent » actuellement, sans l’imposer formellement, un confinement de 14 jours à toute personne en provenance de pays à risque. Mais elles n’ont pas encore décidé de fermer leurs frontières. Pourtant, au sein de la société, les appels en ce sens se multiplient.

« La fermeture des frontières » doit être envisagée, « nous n’avons pas la capacité de gérer une épidémie ». C’est l’alerte lancée hier matin sur Twitter par Edith Kah Wallah, présidente du Parti CPP. « Notre gouvernement doit avoir le courage » de fermer « nos frontières aux ressortissants de certains pays », a également tweeté Serge Espoir Matomba, candidat à la présidentielle en 2018. C’est une question, explique-t-il, de « survie », même si chacun connaît les conséquences d’une telle mesure sur l’économie et l’approvisionnement du pays. « Cela ne relève pas de la seule compétence du ministère de la Santé », répond encore le porte-parole dudit ministère.

À l’aéroport de Yaoundé, des cordons sanitaires ont été mis en place : une prise de température, et une fiche à remplir pour tous les passagers, afin de retrouver et suivre les personnes ayant voyagé avec des malades confirmés. C’est le travail fastidieux actuellement mené. « Nous sommes aussi en contact avec les compagnies aériennes pour obtenir la liste » des passagers » en tenant « compte des normes européennes de confidentialité » explique encore le porte-parole du ministère. Dimanche les autorités ont également lancé à travers les médias un appel pour demander aux personnes concernées de « se signaler de toute urgence ». Le Cameroun impose enfin pour toute délivrance de visa de présenter un test négatif au coronavirus. Une mesure cependant qui par définition ne concerne pas les détenteurs d’un passeport camerounais de retour de voyage.

■ Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent, est l’un des premiers d’Afrique subsaharienne où le premier cas de coronavirus s’est déclaré fin février. Il s’agissait d’un Italien arrivé à Lagos après un séjour passé à Milan. Près de trois semaines après, les autorités nigérianes réfléchissent à injecter des liquidités dans l’économie du pays pour faire face aux conséquences de l’épidémie du Covid-19.

163 millions de dollars, c’est le montant du fonds que la Banque centrale du Nigeria va créer. Il viendra appuyer les banques, en leur permettant de donner aux créanciers plus de temps pour rembourser les prêts. Mais il ne s’agit pas de n’importe quels emprunts selon Godwin Emefiele, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria : le choix fait est de soutenir le crédit pour le secteur de la santé. Seront en particulier concernés des prêts aux entreprises pharmaceutiques qui envisagent d’agrandir ou de construire des usines de fabrication de médicaments.

Parmi les autres mesures annoncées figure la réduction des taux d’intérêt de certains prêts bancaires centraux à 5 % par an, contre 9 % pendant un an.
C’est l’une des mesures nécessaires pour le premier producteur de pétrole du continent, une nouvelle fois confronté à la chute des prix de l’or noir après celle de 2014. Alors que les cas de coronavirus ne sont pas encore nombreux au Nigeria, la première économie d’Afrique est durement touchée par la faiblesse des prix du brut, causée par la baisse de la demande en provenance de Chine – à la suite du Covid-19 – et une guerre des prix entre l’Arabie saoudite et la Russie. La semaine dernière, la Banque centrale du Nigeria a réagi aux spéculations sur une éventuelle dévaluation du naira, la monnaie nationale, en disant que les « fondamentaux du marché » ne soutenaient pas une telle décision.

■ Le Bénin a officialisé la nouvelle du premier cas avéré. Selon le ministre béninois de la Santé, il s’agit d’un ressortissant burkinabè en provenance jeudi de Ouagadougou. Mais il avait séjourné une dizaine de jours en Belgique auparavant, et n’a pas respecté les consignes sanitaires en vigueur comme l’auto-confinement. Dès les premiers symptômes, il a réalisé un premier test dans une clinique privée sans résultats probants et c’est le laboratoire du site d’isolement installé par le gouvernement qui a confirmé le diagnostic du Covid-19.

Le ministre en a profité pour rappeler les mesures en cours et lancé cet appel : « J’invite la population à observer strictement les mesures d’hygiène en vigueur et je demande instamment aux sujets, de retour de voyage d’un pays touchés d’observer scrupuleusement les mesures d’auto-isolement. » Le chef de l’État béninois Patrice Talon présidera ce mercredi un conseil des ministres extraordinaire sur l’épidémie.

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RFI

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