Alors que les partis politiques de la majorité, en l’occurrence le RPM et l’ADEMA, déroulent le tapis rouge devant leur plus dur opposant, à savoir l’URD, ils ferment hermétiquement la porte devant l’ASMA-CFP de l’ancien Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maiga au cours de ces législatives.Comme une consigne donnée au plus haut sommet des états-majors, les trois grands partis du Mali fuient l’ASMA comme le Coronavirus et pourtant hormis l’URD, les deux autres partis, à savoir le RPM et l’ADEMA doivent leur survie à la réélection d’Ibrahim Boubacar Keita et le principal artisan de cette réélection n’est personne d’autre que Soumeylou Boubèye Maiga.SBM, alias le tigre, mérite-t-il une telle inimitié de la part de ses camarades de la Majorité ? N’est-il pas en train de payer le prix de sa cupidité politique ? Pourra-t-il survivre politiquement à cette cabale ourdie du haut sommet de l’Etat ?
Le Mali est en campagne électorale pour le renouvellement de son Assemblée Nationale. Cette élection, la deuxième plus importante après celle du Président de la République, donne lieu généralement aux partis de faire des alliances pour avoir quelques sièges à l’hémicycle. Cette année, le constat sur le terrain est que les deux grands alliés qui étaient supposés être l’ADEMA et le RPM, semblent opter pour le tout sauf le parti de l’ancien Premier ministre SoumeylouBoubèyeMaiga. Et pourtant, ces deux partis doivent leur relative bonne santé politique à celui qu’ils sont en train de reléguer au rang de démon. C’est grâce à SBM, et surtout à son tripatouillage électoral en 2018, qui a permis à IBK d’avoir un second mandat, que ces deux partis doivent leur suprématie sur la scène politique. SBM a donné le pouvoir sur un plateau d’argent à IBK et à sa majorité. En même temps, comme récompense, on paie l’ancien PM en monnaie de singe.
Sans nul doute, SBM paie le prix de sa cupidité politique. Le Tigre auréolé de sa victoire de 2018, s’est vite mis dans la peau du dauphin d’IBK.
Immaturité politique ou ambition démesurée ?
Et pourtant, l’homme a été de tous les combats politiques, de l’avènement de la démocratie à nos jours.Selon une théorie répandue dans les coulisses de la classe politique malienne, SBM avait cru utile que pour assouvir son dessein présidentiel, il fallait neutraliser le RPM et tuer toutes ambitions en leurs leaders. C’est pourquoi il se serait mis à soudoyer les élus de ce parti. Sorti des urnes avec moins de cinq députés, l’ASMA –CFP s’est retrouvé avant ces législatives avec plus de vingt députés et 98% de ces transhumants ont quitté le RPM. Pourra-t-on aimer celui qui a donné un coup de poignard dans le dos ?Débarqué de la Primature de la plus mauvaise des manières, à savoir par la pression de la rue, la longue traversée du désert de SBM a commencé depuis cet instant et elle se poursuit. Le RPM, ayant décidé de se venger, a bouché le robinet devant l’ASMA-CFP pour asphyxier politiquement SBM. Il est aidé dans ce combat par son plus fidèle allié de la majorité, à savoir l’ADEMA. Et pour ne donner aucune chance de survie à SBM et son ASMA, ils ont préféré coaliser avec leur adversaire qui est l’URD pour neutraliser totalement l’ennemi commun, l’ASMA.Si ces élections ont lieu, les trois partis se tailleront la part du lion et les autres n’auront qu’une portion incongrue.
En somme, ne dit-on pas que tout pouvoir absolu corrompt absolument ? SBM en se comportant arrogamment étant PM, en niant l’existence des autres, a fini par être rattrapé par son passé. Son parti et lui-même sont en mauvaise passe aujourd’hui. IBK en est-il pour quelque chose ?
Youssouf Sissoko
InfoSept