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COVID-19: habitudes et mœurs mortelles des Bamakois…

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Bamako, mai 2016, photo d'illustration. © Thomas Imo/Photothek via Getty

Alors que des mesures de restriction des libertés ont été prises par le gouvernement, la semaine dernière, pour prévenir le virus du Covid-19, les habitudes ont toujours la vie dure à Bamako. Des cérémonies de mariage et de baptême extravagantes, des cortèges à l’allure de provocation ont caractérisé la vie des habitants ces derniers jours. Dans le Mali profond, les messages sur la télé et les radios ne semblent pas suffire pour convaincre les villageois de la véracité de la menace qui pèse sur notre pays.

La date du dimanche, le Mali n’avait encore enregistré aucun cas de Coronavirus. Tous les cas suspects repérés ont été testés négatifs. Mais le Mali reste au-delà du risque, un pays vulnérable, comme l’a indiqué le Premier ministre Boubou Cissé, lors de sa conférence de presse du jeudi dernier. Face à l’urgence, le gouvernement a annoncé cinq mesures phares : « suspension jusqu’à nouvel ordre, des vols commerciaux en provenance des pays touchés, à l’exception des vols cargos ; la fermeture des écoles publiques, privées et confessionnelles (maternelles, primaires, secondaires et supérieures) y compris les medersas, et ce, pendant trois (3) semaines ; la suspension jusqu’à nouvel ordre, de tous les regroupements publics y compris les ateliers, les colloques, les séminaires, les meetings populaires ; l’interdiction jusqu’à nouvel ordre, des regroupements à caractère social, sportif, culturel et politique de plus de cinquante (50) personnes, sous réserve du respect des gestes-barrières. Il s’agit des mariages, des baptêmes, des funérailles et enfin la fermeture jusqu’à nouvel ordre des boites de nuit et bars dancings ».

En effet, malgré ces mesures publiques, la vie continue son rythme normal dans la capitale au grand mépris souvent des règles d’hygiène préconisées. Les marchés sont grandement ouverts, sans aucun dispositif d’hygiène sanitaire. En plus des marchés où s’effectuent des besoins sociaux importants, les cérémonies de baptême et de mariage se poursuivent à leur rythme normal.

L’on est encore loin de nos voisins qui ont déjà enregistré des cas. Il a été signalé dans les rues de Ouagadougou, des militaires avec cordes, fouets et matraques pour faire respecter le couvre-feu.

Si aucun cas n’a encore été enregistré au Mali, rien ne nous prémunit contre cette maladie. Ni notre piété ni notre température élevée sèche sous laquelle nous vivons.

« Des pays qui nous ont précédés dans l’islam ou le christianisme sont infectés ; des pays où il fait autant chaud et sec que chez nous sont infectés, de pays moins riches ou plus riches que nous sont touchés. Alors, si nous sommes jusque-là sauvés, c’est certainement grâce à des facteurs dont nous ne maitrisons pas encore le secret. Donc, de grâce, nous pouvons nous protéger davantage contre cette pandémie en renforçant nos mesures d’hygiène, en observant les mesures d’isolement préconisées », met en garde un professeur d’université à Bamako.

Il est heureux de signaler que la Conférence épiscopale du Mali prononce la suspension jusqu’à nouvel ordre les célébrations publiques dans les Églises. Dans le communiqué daté du vendredi 20 mars est signé de Mgr Jonas Dembélé, Évêque du Diocèse de Kayes et président de la Conférence épiscopale, on peut y lire : « les messes publiques (dominicales, de préceptes et quotidiennes) sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. Par conséquent, les fidèles sont dispensés du précepte du dimanche et des jours de fête. Ces mesures sont à observer du 21 mars 2020 jusqu’à nouvel ordre ». Le communiqué est intitulé : « Directives relatives à la lutte contre le coronavirus ».

Quant à l’Église évangélique et protestante du Mali, elle opte pour 50 fidèles par Église lors des prières, selon l’ORTM, citée par notre source.

Mais du côté des mosquées, qui sont les plus nombreuses, aucune disposition ne semble encore prise, les prières continuent normalement. Et pourtant, même la Kaaba est fermée ainsi que le Vatican. Nous devons tirer au maximum les leçons de ce qui arrive à certains pays développés qui ont négligé le drame. C’est le cas, selon les sources de l’Italie, l’Iran, la France.

Par ailleurs, alors que beaucoup d’habitants de la capitale ont du mal à croire à la capacité du COVID-19 à pénétrer nos frontières, à l’intérieur, l’on semble tout simplement ignorer l’existence de la maladie.

« Les Maliens ne savent pas ce qui se passe. Je suis en cours de route pour Koutiala. J’avoue qu’au poste de contrôle, aucune mesure n’est appliquée. Les vendeuses se bousculent aux devantures des cars, les passagers sont serrés dans les cars. J’ai préféré emprunter un 207 qui prend moins de passagers. Ici, je me sens un peu en sécurité », alerte M. Adama Kadiana Goita sur sa page Facebook.

Si le sérieux n’est pas Malien, la négligence n’est pas Corona également. Il faut éviter de se faire facilement rattraper par la pandémie dans le contexte socio-économique quasi impossible que nous vivons, depuis plusieurs années.

Par Sidi DAO

SourceInfo Matin

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