Pour le 1er tour de ces élections législatives tenues dans une circonstance particulière, les mesures préventives contre la pandémie du Coronavirus se trouvent foulées au pied dans la circonscription électorale du Mandé. Négligence ou manque de moyens des autorités en charge des élections et de la santé des Maliens? C’est là la question.
Dans la commune rurale du Mandé, les électeurs sont dangereusement exposés au risque de Covid-19 qui rode déjà autour des populations. A l’instar de tous les pays touchés par cette maladie, le Mali a pris des mesures pour réduire les risques de propagation dans le pays. En témoigne le discours à la nation du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita.
C’est dans un contexte de grand risque que ces élections se tiennent au Mali. Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation avait informé toute l’étendue du territoire nationale que les matériels d’hygiène contre le Coronavirus seront envoyés dans tous les centres de vote. Sur le terrain, ces informations ne se sont pas révélées vraies. Dans les centres que nous avons sillonnés, aucune barrique, aucun savon, encore moins le thermo flash et les gants n’étaient visibles.
Huit heures 00. Au centre de l’école publique de Ouenzzindougou, les quatre bureaux ouvraient leurs portes. Le constat est qu’aucun électeur ne s’était présenté. Les présidents de bureaux, les assesseurs, le délégué de Ceni et l’observateur de l’Ajcad étaient sur place. Les devantures des bureaux étaient désertes. C’est au environ de huit heures trente minutes qu’un organisateur de l’élection dans la commune, Sidi Samaké, à moto jakarta, a commencé à distribuer les gels dans les bureaux. De son point de vue, ils n’ont reçu que le gel.
C’est à cette heure qu’on est arrivé au centre communautaire de Ouenzzindougou où il y avait quatre bureaux de vote. Là aussi, c’était le même son de cloche. Sauf le gel, aucune autre disposition n’avait été prise pour protéger les électeurs contre le Covid-19. Dans ces deux centres de Ouenzzindougou, les assesseurs n’ont pas respecté la distance d’un mètre entre eux.
A neuf heures trente minutes, la distance d’un mètre a été plus ou moins respectée dans les 19 bureaux de vote que compte la centre de Kanadjiguila. Le même piétinement des mesures d’hygiène crevait les yeux. Là aussi l’affluence se caractérisait par la morosité.
A 10 heures, à Samaya, l’affluence était au point mort. Les électeurs ne sortaient pas comme s’ils boudaient cette élection. Aux dires de l’agent de sécurité, au bureau 4, le 3ème électeur venait de voter. Il était 10 heures passées. Si dans les autres centres il y avait le gel, au centre de Samaya, il a brillé par son absence. Donc, c’est l’un des centres les plus exposés au Coronavirus.
Un peu plus loin de Samaya, le centre de Kababougou a souffert de l’absence des mêmes mesures préventives. En outre, les agents de sécurité étaient absents, à en croire la déléguée de Ceni, Kadiatou Sangaré.
Les électeurs doivent se munir de leurs propres mesures de protection pour garantir leur propre santé. Sinon les dispositions qui ont fait l’objet de communiqué du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation n’ont pas été considérées par la suite. Ce qui risque d’ouvrir la porte à l’infection d’un nombre considérable de personnes.
La tenue de ces élections dans le contexte de Covid-19 doit nécessiter l’implication du ministère de la Santé et des Affaires sociales pour le strict respect des mesures comme le couvre-feu demande la participation effective des FAMas.
Bazoumana KANE
Source: Le Prétoire