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Couvre-feu : quand le ministre Salif Traoré méprise la presse

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Profitant de l’instauration du couvre-feu, suite à l’apparition des cas de Coronavirus (Covid-19) au Mali, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Général Salif Traoré, a voulu museler la presse avant de revenir en arrière.

Une discrimination de la presse.  C’est ce qu’a tenté le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Salif Traoré, à travers son communiqué de presse en date du jeudi 26 mars. Lequel a été jugé discriminatoire par l’ensemble des hommes de médias du pays.

Dans ledit communiqué, l’ancien gouverneur de la région de Kayes indique que, pour des raisons spécifiques, des dérogations spéciales sont à accorder à l’ORTM et à d’autres catégories mais pas la presse privée (écrite et audiovisuelle), même pas L’Essor, le quotidien gouvernemental.

Le ministre Traoré n’aurait jamais dû signer ce communiqué en l’état.

Ce, d’autant qu’il existe un cadre de concertation tripartite composé du ministère de la Sécurité, du ministère de la Communication et la Maison de la presse. Le Général Traoré tente de faire une différence entre les médias publics et les médias privés au Mali. Ce qui est très grave de la part d’un ministre de la République. Faut-il lui rappeler que les hommes de médias publics et privés sont les deux poumons d’un même corps.

Ce manque d’équité entre les personnes d’une même profession a suscité un tollé auprès de l’ensemble des associations faîtières de la presse au Mali. Dans un communiqué daté du même jour, la Maison de la presse, l’Urtel, l’Assep, l’Unajom…, « notent avec regret la dérogation accordée par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile au seul personnel de l’Office de radio-télévision du Mali (ORTM) pour la couverture de l’actualité nationale de 21 h à 5 h du matin ».

Cet état de chose, selon les organisations et les regroupements de la presse, confine d’emblée les autres médias publics et privés. « C’est une entrave à la mission de service public de l’information, assurée aussi bien par les médias publics que par les médias privés. Les organisations et associations de la presse s’insurgent contre une telle discrimination dans un Etat de droit », rappellent les faîtières de la presse.

Il a fallu cette réaction pour que le ministre de la Sécurité revienne sur sa décision en accordant la dérogation à tous les organes de presse. En vérité, le communiqué du ministre Traoré illustre son vrai visage. Le premier flic du Mali a du mépris et un dédain pour les journalistes. Auxquels il n’apporte de la considération que lorsqu’il a chaud. Le Général Traoré n’aime que les vidéo men et les soi-disant activistes (avec tout le respect que nous leur devons). Des propagandistes qui ne font que commenter les couleurs de sa cravate.

Ceux-ci pour la plupart, entretenus par le département de la Sécurité, filment et photographient en violation de toutes les lois de la République, les paisibles citoyens, sans que le Général Traoré ne crie garde. La preuve a été donnée le jeudi 26 mars où le Mali entier a vu des vidéo men se parader dans les rues de Bamako avec l’ancien gouverneur de Kayes et son directeur général de la police. Pendant ce temps, les professionnels des médias étaient obligés de se confiner à la maison, certainement pour ne pas relayer les images insoutenables de la violence policière.

Avec ce communiqué, le patron des flics oublie que tout média a une mission de service public. Qui mieux que la presse peut informer la population sur le couvre-feu et par-delà, les informations sur la maladie à Coronavirus. Même dans les pays où on a instauré le confinement, les médias ne sont pas concernés par la mesure. Les journalistes passent à leur Rédaction afin de travailler et souvent à des heures tardives.

Le Mali ne saurait dans ce cas faire exception. Et en demandant la dérogation, la presse malienne ne réclame ni de l’aumône encore moins une faveur, mais tout simplement son droit. Le Général Traoré doit le savoir.

Abdrahamane SISSOKO

Le Wagadu

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