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Italie : à Brescia, les morts cachés du coronavirus

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Alors que le bilan officiel de l’épidémie en Lombardie est d’environ 8 000 décès, de nombreux témoignages font craindre un bilan beaucoup plus lourd.

Don Mario, le curé de Seriate, au milieu des cercueils entreposés dans l’église San Giuseppe, le 26 mars à Seriate (Lombardie). PIERO CRUCIATTI / AFP

« Raffaele n’était plus tout jeune, il avait eu pas mal de problèmes de santé ces derniers temps. On le voyait souvent à la maison. Il y a un peu plus de quinze jours, il est passé rapidement avec son béret et son petit regard malicieux. La semaine dernière, il est sorti jeter les poubelles. Il est tombé à terre, en pleine rue, terrassé. De la fièvre et des problèmes respiratoires. Sa femme a demandé à l’hôpital de le tester pour savoir si c’était le Covid-19. On ne lui en a pas donné l’occasion : il n’était pas prioritaire. Il est mort chez lui sans avoir vu un seul médecin. »

L’historien et scénariste Antoine Germa, qui a livré le 24 mars ce témoignage, vit dans le centre de Brescia, en plein cœur de ces plaines de Lombardie décimées, depuis la fin du mois de février, par l’épidémie due au coronavirus.

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Raffaele était un voisin et un ami. Il est une des innombrables victimes invisibles de cette épidémie qui a littéralement mis à genoux, en à peine un mois, le système sanitaire de la région la plus riche d’Italie.

« La peur est écrasante »

A Brescia, les enfants ne vont plus à l’école depuis six semaines, et le confinement est total depuis le 8 mars. Les élégantes places du centre, d’ordinaire si vivantes, sont désertes et silencieuses, et le seul bruit qu’on entend, le soir tombé et toute la nuit, sans interruption ou presque, c’est celui des ambulances.

Les restrictions sont observées à la lettre, avec une rigueur absolue. Du reste, si le confinement devait être levé demain, personne ne sortirait dans la rue… « La peur est écrasante, partout, témoigne encore M. Germa. Ce matin, à deux maisons de chez moi, les pompiers sont venus emporter le cadavre d’un de mes voisins. Ici, lorsque le ministère de l’intérieur a annoncé [le 31 mars] que les promenades d’un parent avec un enfant seraient tolérées, c’est la population elle-même qui a exigé que l’interdiction soit maintenue. »

Des cercueils sont déposés le 26 mars dans l’église San Giuseppe de Seriate. CLAUDIO FURLAN / AP

Selon le bilan officiel communiqué par la protection civile au soir du 2 avril, la Lombardie comptait officiellement 7 960 victimes, soit 57 % du total des 13 915 morts du Covid-19 recensés sur le sol italien. Mais ces chiffres ne donnent sans doute qu’une image bien partielle du drame.

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En effet ne sont comptabilisées ici que les personnes officiellement diagnostiquées, après un passage à l’hôpital. Or, le système hospitalier lombard est si engorgé qu’il n’est plus en mesure, dans de larges parties de la région, de répondre à l’urgence…

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