Alors que d’autres pays comme le Sénégal, la Côte D’Ivoire, le Niger, le Burkina Faso ou encore la Mauritanie ont pris de mesures robustes et arrêté des plans sociaux contre la pandémie du Coronavirus, le Mali, déjà affaibli par une gouvernance calamiteuse et une insécurité généralisée, se contente de mesurettes prises par un gouvernement qui manque véritablement à la fois de vision et de sens d’anticipation. La triste réalité est là : notre pays est à la traine de bon nombre de pays de la sous- région en matière de mesures prises pour endiguer la progression de la pandémie, et surtout pour la souffrance des populations.
Un temps préservé par la pandémie de coronavirus, le continent africain est désormais touché par la propagation du Covid-19. Partout sur le continent, les autorités prennent des mesures, plus ou moins restrictives, pour éviter l’arrivée du virus dans leur pays ou freiner sa propagation. Aussi, plusieurs pays ont adopté des plans sociaux pour soulager leurs populations…
Ainsi, au Sénégal, les autorités ont corsé les mesures de restrictions pour réduire le rythme de progression du nouveau coronavirus (COVID-19).
Le pays a annoncé la suspension de tous les vols en provenance et à destination de ses aéroports jusqu’au 17 avril, ce qui va gravement bouleverser l’industrie du tourisme du pays. Il a été aussi décidé l’arrêt de l’examen du permis de conduire et la réduction des visites de contrôles techniques pour les véhicules. Comme dans les domaines du transport aérien et terrestre, les autorités maritimes sénégalaises ont aussi arrêté plusieurs mesures.
Il s’agit de l’interdiction des rotations maritimes et de débarquement et d’escale dans les ports sénégalais des navires de pêche étrangers opérant hors des eaux sous juridiction sénégalaise.
Sur le plan religieux, le ministre sénégalais de l’intérieur a pris la décision de fermer provisoirement toutes les mosquées de la capitale sénégalaise jusqu’à nouvel ordre sur l’étendue du territoire régional. Selon l’arrêté ministériel, les mosquées seront fermées en raison du rythme de progression de la maladie à coronavirus (COVID-19) dans la capitale sénégalaise. Le 18 mars, la Fédération des Imams et Oulémas du Sénégal ont décidé de surseoir, jusqu’à nouvel ordre, aux rassemblements de fidèles pour les prières hebdomadaires du vendredi et aux rituels quotidiens dans les mosquées sur toute l’étendue du territoire Sénégal.
Le 14 mars, le président Sall a interdit toutes les manifestations publiques initialement prévues sur l’ensemble du territoire national pour une durée de 30 jours.
Il a ordonné la fermeture de l’ensemble des établissements scolaires et universitaires pour trois semaines depuis le 16 mars. Pour faire face aux conséquences économiques, le Sénégal a élaboré un plan de contingence estimé à 64 milliards de Francs CFA (environ 106 millions de dollars). Selon le ministre sénégalais de l’Economie, du Plan et de la Coopération Amadou Hott, la taille définitive du fonds dépendra des enquêtes, études, discussions, échanges, avec les secteurs affectés.
En Côte D’Ivoire, le gouvernement a décidé de la fermeture de tous les établissements d’enseignement préscolaire, primaire, secondaire et supérieur pour une période de 30 jours à compter du 16 mars 2020. Aussi, les autorités ivoiriennes exigent la fermeture des boîtes de nuit, des cinémas et des lieux de spectacle pour une période de 15 jours renouvelable à compter du 18 mars 2020 à minuit ; l’interdiction des rassemblements de population de plus de 50 personnes pour une période de 15 jours renouvelable à compter du 18 mars 2020 à minuit. En effet, 13 décisions ont été prises par le gouvernement pour faire face à la pandémie de la maladie à Coronavirus. La Côte D’Ivoire suspend «pour une période de 15 jours renouvelable, à compter du 16 mars 2020 à minuit, de l’entrée des voyageurs non ivoiriens en provenance des pays ayant plus de 100 cas confirmés de maladie à Coronavirus (Covid-19). Les ressortissants ivoiriens et les résidents permanents non ivoiriens seront soumis à une mise en quarantaine obligatoire pour 14 jours dès leur entrée sur le territoire ivoirien dans les centres réquisitionnés par l’Eta », selon les mesures prises par le gouvernement. En plus, le Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques en Côte D’Ivoire (COSIM) et l’Association des musulmans sunnites en Côte D’Ivoire ( AMSCI-CODIS), les deux grandes faîtières des guides religieux musulmans ivoiriens, ont décidé de la reconduction de la mesure de fermeture des mosquées dans le pays « jusqu’à nouvel ordre » en vue de lutter contre la propagation de la maladie à Coronavirus.
Aussi, le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly a annoncé un plan de soutien économique, social et humanitaire de 100 milliards de FCFA (plus de 2,85 milliards de dollars). Objectif ? Juguler les effets négatifs de la pandémie de COVID-19 dans son pays qui a répertorié 179 cas confirmés.
Face à la pandémie du coronavirus, le président du Niger, Issoufou Mahamadou a annoncé des mesures de restrictions. C’est un total de dix mesures allant de la fermeture pour deux semaines des frontières aériennes et terrestres à l’interdiction des regroupements de plus de 50 personnes. Pour les frontières aériennes, les vols cargos sanitaires et sécuritaires ne sont pas concernés. Le transport terrestre des marchandises non plus.
Autre mesure prise pour deux semaines ? La fermeture de tous les établissements scolaires. Comme pour les frontières, la mesure pourrait être reconduite en fonction de l’évolution de la situation. Les lieux de réjouissance comme les bars et les boîtes de nuit sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Pour les lieux de culte, “les mesures sur les conditions pour y accéder seront prises après une concertation entre le gouvernement et les chefs religieux chrétiens et musulmans”, a indiqué le président Issoufou.
Ces mesures viennent s’ajouter à celles déjà prises le 13 mars dernier, notamment l’annulation de toutes les réunions internationales prévues à Niamey.
En outre, le président Mahamadou Issoufou a annoncé une série de mesures sociales prises par le Gouvernement face à la pandémie du Coronavirus (COVID-19). L’Etat prendra en charge pour les mois d’avril et mai, les factures d’électricité et d’eau pour les tranches sociales. Le chef de l’Etat a également annoncé le renforcement du plan de soutien annuel pour soutenir les personnes vulnérables (distribution gratuite, vente à prix modéré, etc.).
Confronté à une crise sanitaire sans précédent, le gouvernement du Burkina Faso prend des mesures pour freiner la propagation d’un virus qui a fait jusqu’à présent 7 morts dans le pays. Avec 152 cas d’infection au coronavirus, le Burkina Faso est l’un des pays les plus touchés par la pandémie en Afrique. Face à la propagation de la maladie, les décisions gouvernementales se succèdent. Apres la fermeture des écoles, les boîtes de nuit, les salles de cinéma… Les religieux ont pris des directives pour les cultes. Désormais, les villes touchées par le Covid-19 sont coupées du reste du pays et placées en quarantaine. Le gouvernement burkinabè annonce deux expérimentations cliniques, dont une concernant la chloroquine. Les recherches sont menées dans des laboratoires du pays.
Sur le plan économique et social, le président Rock Marc Christian Kaboré a annoncé dans un message à la nation plusieurs mesures dont le déblocage de 394 milliards de F CFA pour faire face à la pandémie du covid-19.
Ce montant, permettra le financement des mesures sociales, économiques et la prise en charge sanitaire. Il permettra aussi la prise en charge de certaines factures d’eau et d’électricité et des réductions d’impôts accordées à certaines entreprises impactées par le coronavirus.
Cette somme prévoit entre autres un fonds d’appui aux entreprises en difficulté estimé à 100 milliards de F CFA. Elle inclut l’acquisition d’intrants pour la production agricole vivrière et pastorale d’un montant de 30 milliards, l’instauration d’un fonds de solidarité en soutien aux femmes pour le financement des fonds de commerce de légumes et fruits d’un montant de cinq milliards. Aussi, l’État débloque 15 milliards de F CFA pour accompagner la recherche sur les maladies infectieuses et la production des médicaments
En Mauritanie, le chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a annoncé, la création d’un fonds national de solidarité sociale “pour lutter contre le coronavirus et ses conséquences”.
“Ce fonds déjà doté de près de 60 millions USD sur ressources publiques est ouvert aux contributions volontaires”, a précisé le chef de l’Etat dans un message à la Nation.
Ce fonds est destiné à financer des actions dont notamment l’acquisition de médicaments, à l’appui de 30.000 familles pauvres, la prise en charge par l’Etat des taxes douanières, pour le reste de l’année, de l’ensemble des impôts et taxes douanières sur les importations de blé, d’huile, de lait en poudre, de légumes et de fruits.
“Les graves conséquences que cette pandémie a entrainé dans des pays développés sont la preuve éloquente que notre première bouée de sauvetage réside dans les actions qui permettent d’éviter la propagation du virus et l’élargissement du spectre de contamination”, a-t-il souligné. Le chef de l’Etat a invité tous les Mauritaniens « à s’impliquer activement dans le combat que nous menons contre la pandémie du coronavirus qui constitue une réelle menace pour notre peuple et pour notre nation ».
Il a enfin souligné que la pandémie du COVID-19 a “entraîné des conséquences graves, dont les perturbations de l’approvisionnement du marché national”.
La Mauritanie, qui n’a enregistré à ce jour que trois cas de COVID-19, multiplie les mesures de sensibilisation et de prévention pour apporter une meilleure réponse à la menace de pandémie du coronavirus, notent les observateurs.
Mali, une gestion qui pose question
Les autorités ont décidé la suspension, jusqu’à nouvel ordre, des vols commerciaux en provenance des pays touchés, à l’exception des vols cargos ; la fermeture des écoles publiques, privées et confessionnelles (maternelles, primaires, secondaires et supérieures) y compris les medersas, et ce, pendant trois semaines.
Il a été également décidé la suspension, jusqu’à nouvel ordre, de tous les regroupements publics y compris les ateliers, les colloques, les séminaires, les meetings populaires ; l’interdiction, jusqu’à nouvel ordre, des regroupements à caractère social, sportif, culturel et politique de plus de cinquante (50) personnes, sous réserve du respect des gestes-barrières. Il s’agit des mariages, des baptêmes, des funérailles ; la fermeture, jusqu’à nouvel ordre, des boites de nuit et des bars dancings.
Pour ce qui est des rassemblements à caractère religieux, a indiqué le communiqué, «le gouvernement engagera incessamment des consultations avec les responsables du Haut conseil islamique, de la ligue des imams, des églises catholiques et protestantes ainsi qu’avec d’autres autorités religieuses et cultuelles du Mali afin de convenir des mesures appropriées pour assurer la santé des fidèles. Mais jusqu’à présent aucune mesure concrète n’a été prise…
Au-delà, les autres mesures ne sont pas respectées par les populations. « Certains citoyens persistent à organiser des rassemblements à l’occasion de mariages, de baptêmes et autres cérémonies fastueuses ». Les mosquées continuent de recevoir les fidèles faisant fi de toutes les mesures de protection. Pis, le gouvernement, lui-même, s’est entêté à organiser le 29 mars dernier des élections législatives prenant un risque considérable dans la dissémination du virus au sein de la population.
Sur le plan social et économique ? Le gouvernement brille par son absence, il n’a pris aucune mesure d’accompagnement dans la gestion de crise. Aussi, les prix des kits sanitaires, des produits de lavage des mains et d’autres produits de consommation prennent de l’ascenseur.
Un paquet de masques qui était cédé au consommateur dans les officines à 2 000 F CFA est vendu aujourd’hui à plus 15000 F CFA à certains endroits de la capitale. Une unité du gel hydro alcoolique de 1500 F CFA est cédée à Bamako au consommateur à plus de 7000 F CFA. S’y ajoute le prix des denrées de premières nécessités qui augmente. « Le prix du kilogramme de sucre a grimpé de 50 FCFA », nous confie un boutiquier installé à Hamdallaye. Alors que plusieurs pays voisin ont pris des mesures économiques et sociales drastiques pour amoindrir la crise sanitaire. Le gouvernement malien brille par son manque de vision et d’anticipation. Quant au président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, qui a toujours été coupé des réalités du pays, il ne montre aucune compension pour son peuple… Comble de cynisme de la part du pouvoir ? C’est de demander à une population déjà éprouvée par ne crise économique sans précédente, de contribuer au renflouement d’un « fond spécial » ouvert dans une banque de la place.
Mémé Sanogo
L’Aube