En vue de recueillir des impressions sur les conséquences économiques des mesures de prévention du COVID-19 sur les populations, nous avons tenu notre micro à certains Maliens.
Inzan Koné : « Pour minimiser les effets économiques liés aux mesures de prévention du Coronavirus, il est impératif que le gouvernement stabilise le prix des produits de première nécessité en créant un corridor d’approvisionnement en denrées alimentaires avec toutes les mesures sanitaires possible ».
Kalilou Traoré : « Les mesures prises par le gouvernement du Mali pour limiter la propagation du virus COVID 19 sont d’une importance capitale. Mais, dans un pays où l’informel domine, les populations subissent sans doute des conséquences énormes. Déjà, l’activité commerciale souffre.
Des mesures d’accompagnement doivent être prises pour alléger les effets économiques, sinon demander à un chef de famille de rentrer tôt sans avoir le prix de la nourriture du lendemain, est aussi mortel que le Coronavirus. Nous comptons sur le gouvernement pour nous édifier sur l’aide qu’il compte apporter aux populations ».
Alou Doumbia : « Le couvre-feu et le confinement sont les notions les plus employées. Et celles-ci ne sont pas sans conséquence, surtout dans les sociétés les plus pauvres comme la nôtre. Demander à une population qui vit du jour au jour de se conformer à l’esprit du couvre-feu et du confinement, cela ne va pas sans un certain engagement de la part de l’Etat. Donc, nous pensons que l’Etat malien doit remplir certaines conditions. Car il serait bon de dire Amen après les bénédictions.
L’Etat du Mali doit tout faire pour faciliter l’accès des populations aux produits de première nécessité : à savoir la nourriture, l’eau et l’électricité. Il s’agit ici de jouer à une maîtrise du prix des denrées alimentaires, faire de telle sorte que l’eau et l’électricité ne soient pas des denrées rares. Il doit aussi organiser le monde du travail, pour permettre à tous les travailleurs, qu’ils soient fonctionnaires de l’État ou privés, d’avoir accès aux salaires au bon moment.
L’Etat doit aussi arrêter de mettre la pression sur les populations sans penser au respect des conditions du couvre-feu. Le couvre-feu doit se faire avec la fermeture ou l’interdiction totale des regroupements à plus de 50 personnes au niveau de certaines institutions et organisations sociales, sinon il n’aura pas de sens ».
Issa Berthé : « Le couvre-feu n’est pas la solution. Pour moi, la solution c’est de confiner tout le Mali au moins pendant un mois. Je sais très bien que le gouvernement a les moyens pour assurer la gratuité de l’eau et l’électricité pendant ce temps de confinement. Même s’il faut que les membres du gouvernement donnent leur salaire d’un mois pour aider parce qu’ils sont les plus nantis ».
Ousmane Ouattara : « Les implications économiques du couvre-feu sont incalculables. Les principales victimes, aujourd’hui, sont entre autres les propriétaires de bars, de cinéma, de stations d’essence, les boutiquiers, les chauffeurs de taxi, les restauratrices. Ces acteurs ne subissent pas de la même manière ces conséquences.
Si les propriétaires de véhicule peuvent anticiper l’achat de leur carburant, les petites restauratrices de nuit, les bars, les cinémas…ne fonctionnent pleinement que la nuit surtout à des heures tardives. L’instauration du couvre-feu constitue une énorme perte pour ces différents acteurs de la vie économique dans notre pays. Si rien n’est fait, la solution risque d’être plus grave que le mal.
Le couvre-feu intervient à un moment où il y a moins de mouvements sociaux mais une période favorable pour certains agents économiques. Ensuite, si par malheur, un membre de ta famille tombe gravement malade pendant cette période, on peut craindre le pire, car l’accès aux soins de santé sera difficile faute de moyens de transport. Le problème est très complexe.
Pour mieux cerner tous les contours du problème, il est préférable de faire une analyse en cascade en d’autres termes au cas par cas. Le gouvernement malien doit mettre en place un groupe de réflexion par rapport à cette situation. Cela est indispensable. Il ne peut y avoir une gestion uniforme de ce problème. Les pays ne sont pas les mêmes et les réalités socioculturelles non plus. À mon avis, la question principale qu’il faut se poser est comment amener les populations à éviter de s’exposer à cette maladie tout en obtenant ce dont elles ont besoin ».
Afouchata Diarra : « Nous avons peur de cette maladie. Mais les conséquences des mesures prises par le gouvernement nous font aussi peur, car la majorité de la population malienne vit de l’informel. Si le gouvernement pouvait penser à la souffrance des plus démunis en cette période difficile, en rendant certains produits gratuits, ce serait une bonne chose ».
Abdrahamane Diamouténé
source le debat