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UE: une réponse économique unie face au virus se heurte à l’inflexibilité de La Haye

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Une réunion marathon des Etats membres de l’UE pour trouver une réponse économique commune face au coronavirus s’est achevée mercredi sur un échec, La Haye notamment refusant de céder aux demandes des pays du Sud.

“Après 16h de discussions, nous nous sommes rapprochés d’un accord, mais nous n’y sommes pas encore”, n’a pu que constater mercredi matin Mario Centeno, le président de l’Eurogroupe, l’instance qui réunit les ministres des Finances de la zone euro.

Il a convoqué une nouvelle réunion par visioconférence jeudi à partir de 17H00 (15H00 GMT), qui risque elle aussi de s’éterniser face à l’inflexibilité des Pays-Bas.

L’échec des ministres suit celui d’un Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement le 26 mars, qui avait vu s’affronter les pays du Nord à ceux du Sud sur la réponse économique à apporter face à la récession annoncée.

Un nouvel échec pèserait lourdement sur l’unité de la zone euro et renverrait la balle aux chefs d’Etat et de gouvernement.

Face à l’impasse, le ministre italien de l’Economie Roberto Gualtieri a appelé à la solidarité. “C’est le moment de la responsabilité commune, de la solidarité et des choix courageux et partagés”, a-t-il plaidé dans un tweet.

“Un échec est impensable”, a affirmé le Français Bruno Le Maire, refusant de “pointer du doigt” les responsabilités.

– “Très durs” –

Plusieurs sources européennes attribuent pourtant l’échec de la réunion aux Pays-Bas, qui refusent de céder aux demandes italiennes sur les prêts susceptibles d’être octroyés aux Etats en difficulté par le fonds de secours de la zone euro.

Les ministres proposent que le Mécanisme européen de stabilité (MES), créé en 2012 lors de la crise de la dette de la zone euro et financé par les Etats membres, puisse prêter de l’argent à un Etat en difficulté allant jusqu’à 2% de son PIB — soit jusqu’à 240 milliards d’euros pour l’ensemble de la zone euro.

L’option est rejetée par l’Italie, pays européen le plus touché par l’épidémie (plus de 17.127 morts), tant que ces prêts s’accompagnent de conditions comme des demandes de réformes, ce qu’exige La Haye.

“L’utilisation de ce budget doit être assortie de certaines conditions”, surtout “à long terme”, a insisté le ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra, même si “une exception” peut être envisagée s’il s’agit par exemple de “couvrir les frais de santé”.

AFP/Archives / CARLOS COSTALe président de l’Eurogroupe le Portugais Mario Centeno s’adresse à la presse à Lisbonne après une téléconférence avec les ministres des Finances européens, le 4 mars 2020

“Les Néerlandais ont été très durs. Sans eux, nous serions parvenus à un accord”, a estimé une source proche des discussions.

Selon une source européenne, La Haye est soutenue par l’Autriche, la Suède, le Danemark et dans une moindre mesure la Finlande.

– Laxisme –

Outre l’utilisation du MES, les discussions sont restées difficiles sur la création d’un instrument pour relancer l’économie après l’épidémie.

Les pays les plus affectés par le virus, en particulier l’Italie, réclament qu’il puisse être financé par de la dette commune — sous la forme d’euro-obligations parfois appelées “coronabonds” ou “eurobonds”.

Parmi ces pays figurent aussi l’Espagne et la France, ainsi que la Grèce, Malte, le Luxembourg ou l’Irlande, selon des sources concordantes.

Or, la mutualisation des dettes constitue une ligne rouge pour Berlin et La Haye, qui refusent de s’engager avec des Etats très endettés du Sud, jugés laxistes dans leur gestion.

Les ministres allemand et néerlandais ont campé sur cette position après la réunion, Wopke Hoekstra estimant notamment que des “eurobonds” créeraient “plus de problèmes que de solutions”.

Une relance est possible “avec des instruments très classiques” et déjà existants “comme par exemple le budget de l’Union européenne”, a déclaré le ministre allemand Olaf Scholz.

Une source européenne souligne cependant que “les +coronabonds+ n’étaient pas le problème” lors de cette réunion. Selon elle, “une solution” aurait pu être trouvée afin de satisfaire chacun sur cette question.

Les deux autres axes de réponse des Européens face au virus ont été plus consensuels.

AFP / Thomas SAMSONLe ministre de l’Economie Bruno Le Maire dans son bureau à Bercy le 7 avril 2020 avec Odile Renaud-Basso (g) directrice du Trésor, lors de la visioconférence avec les ministres de l’Eurogroupe

Le premier vise à créer, via la Banque européenne d’investissement (BEI), un fonds de garantie qui permettrait de mobiliser jusqu’à 200 milliards d’euros pour les entreprises.

Le second consiste à valider le projet de la Commission européenne de créer un instrument pour garantir à hauteur de 100 milliards d’euros maximum les plans nationaux de chômage partiel, renforcés ou créés en raison de l’épidémie.

AFP

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