Parlementaire exigeant et rigoureux envers les ministres lors des interpellations, défenseur de la cause des plus démunis, l’un des députés qui donnent un sens à l’Assemblée nationale, l’honorable Oumar Mariko perd, selon les premières tendances, les législatives dans sa circonscription électorale face à Sidiki N’fa Konaté du RPM et Daouda Moussa Koné de l’URD. Cette défaite a touché plus d’un. Les électeurs de Kolondièba ont-ils trahi l’enfant de Niakourazana ? C’est la question qu’il faut se poser !
Arme à la main, le président du Sadi tombe à Kolondièba. L’Assemblée malienne, si Manassa valide les résultats actuels, sera orpheline d’un député qui ne mâche pas ses mots, qui n’interpelle pas juste par forme et qui est craint par les ministres commela sourie face au chat. Ici, ce n’est pas la personne de Oumar Mariko qui est intéressante. La position de son parti non plus, mais le rôle d’un vrai représentant des populations qu’il a joué à l’Assemblée nationale du Mali pendant plus d’une dizaine d’années.
L’un des rôles de député est de contrôler les actions gouvernementales, interpeller les ministres concernés en cas de faillite. Ce rôle, Oumar Mariko l’a beaucoup joué. Pour preuve, de 2007 à 2012, il a fait 12 interpellations de ministres qui ont été aussi saisis par écrit cinq fois, selon un de ses collègues. Lors d’une rencontre avec la presse en 2018, le président du parti Sadi a affirmé : « Pendant ce mandat en cours, j’ai fait 7 interpellations de ministres. S’ajoutent à cela les 6 qui ont été faites par l’un des députés de SADI ».
Quand il s’agit de la défense de la cause des plus démunies, Oumar Mariko a accompli cette mission mieux que la plupart des députés qui sont réélus. Durant ses années à l’Assemblée nationale, Mariko a défendu, bec et ongle, la cause des paysans. Cela sous ATT comme sous le régime en place. Quand l’affaire de l’office du Niger a été soulevée en 2007, Mariko a vite interpellé, selon l’honorable Amadou Araba Doumbia, le ministre en charge de l’Office du Niger concernant les milliers d’hectares que les Libyens avaient acheté à l’office. Pour lequel achat, beaucoup de cultivateurs ont été contraints de laisser leur terre sous la pression gouvernementale.
Qui ne se rappelle pas de l’interpellation de Treta par l’honorable Oumar Mariko concernant les engrais frelatés ? Ce jour-là, tout le peuple malien était fier de lui. Il a défendu les paysans contre le pouvoir à l’époque. Pendant que la plupart des députés se cachaient derrière une majorité présidentielle pour être indifférents aux souffrances des populations, Mariko, lui, a dit devant les ministres qu’« il n’abandonnera pas son peuple pour une quelconque majorité ». Il a aussi joué d’importants rôles concernant les problèmes de l’HUICOMA et de la CMDT. Au regard de tout cela, beaucoup de Maliens voyaient au député de Kolondièba un porte-parole des plus démunis. Il a été présent dans tous les combats contre l’injustice.
Ce combat, ce n’est pas pour le seul cercle de Kolondièba qu’il l’a mené, mais cette zone doit être fière d’avoir eu un représentant qui faisait l’affaire des paysans. C’est surement avec ce sentiment d’avoir accompli son rôle de député que Mariko a décidé d’aller sur liste propre contre l’alliance de deux grands partis, RPM-URD. Son échec a surpris pas mal de citoyens. Mariko a-t-il été trahi par Kolondièba ? Cette question mérite d’être posée, car bon nombre de Maliens estiment qu’il a le soutien du plus grand nombre des habitants et qu’il est invincible dans cette circonscription pour laquelle il a beaucoup fait.
Ce qui est évident, l’Assemblée nationale est orpheline d’un député exemplaire et valable.
Boureima Guindo
Le Pays