L’Union européenne tentait jeudi de surmonter ses divisions pour combattre la récession record provoquée par la pandémie de coronavirus, qui est appelée à peser durablement sur la vie de milliards de personnes.
Des compagnies aériennes à l’industrie automobile en passant par le secteur du tourisme et celui des vins et spiritueux, les grands groupes à travers le monde ont commencé à publier de premiers chiffres trimestriels augurant de la violence du choc.
Seul grand gagnant: la plateforme de diffusion en ligne américaine Netflix, qui a vu son nombre d’abonnés bondir à la faveur du confinement de plus de la moitié de l’humanité.
Continent le plus endeuillé, avec plus de 113.000 morts sur les quelque 184.000 enregistrés depuis l’apparition du virus en Chine en fin 2019, l’Europe pourrait connaître une récession de 7,1% cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI).
A l’ouverture d’un réunion en visioconférence des 27 jeudi, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a averti du risque “d’agir trop peu, trop tard” face à cet impact économique.
Mais les dirigeants de l’UE apparaissent divisés, tant sur le montant que sur le mode de financement d’un plan de relance commun, qui devrait représenter plusieurs centaines de milliards d’euros.
– Tests sérologiques –
Plusieurs pays, encouragés par des signes d’amélioration sur le front sanitaire, ont commencé à alléger les mesures de confinement.
Mais le spectre d’une deuxième vague mortelle plane malgré une systématisation des “gestes barrières”. D’autant que le mystère reste entier quant à la part de la population potentiellement immunisée.
Dans ce contexte, la République tchèque et la région italienne de Lombardie, une des plus touchées au monde, ont lancé jeudi des campagnes de tests sérologiques.
A Prague, des centaines de personnes ont fait la queue pour bénéficier d’un test gratuit. Comme Jaroslava, venue pour savoir si son épisode grippal de février “était ou non lié au Covid-19”.
Toutefois, “il n’y a aucune garantie que les anticorps protègent d’une nouvelle infection. Pour le moment, on ne peut qu’espérer”, explique à l’AFP Guido Marinoni, président de l’association des médecins de Bergame, en Lombardie.
Quelques heures avant la réunion des 27, la chancelière allemande Angela Merkel s’était engagée à faire preuve de solidarité en contribuant davantage au budget de l’UE, même si elle a de nouveau exclu toute mutualisation des dettes nationales.
– Les Sioux prennent les devants –
En Allemagne, la plupart des magasins d’une surface inférieure à 800 m2 ont rouvert lundi. Mais bars, restaurants, lieux culturels et terrains de sports demeurent fermés.
“Aller trop vite serait une erreur”, a souligné Mme Merkel, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ayant elle aussi mis en garde contre tout relâchement dans la lutte contre le coronavirus.
Première des grands pays européens, la Ligue allemande de football a indiqué être prête à reprendre le championnat le 9 mai, si elle obtient le feu vert. A huis clos.
Aux Etats-Unis, qui avec 46.583 morts, est le pays le plus frappé au monde, le nombre de chômeurs a une nouvelle fois bondi pour atteindre plus de 26 millions de nouveaux sans-emploi.
Dans le sud-ouest, les indiens Navajos sont particulièrement touchés par le virus. A l’inverse, dans le Dakota du Sud, les Sioux de Lower Brulé ont multiplié les précautions pour rester épargnés par la pandémie, avec notamment l’instauration d’un couvre-feu.
“Les tribus ont eu une action beaucoup plus préventive que l’Etat”, souligne le grand chef Boyd Gourneau, alors que leur Etat n’a pas imposé de confinement à ses habitants.
– Le paludisme en embuscade –
Le Vietnam, qui enregistre officiellement zéro décès et moins de 300 cas, a commencé à sortir jeudi du confinement drastique qu’il avait imposé dès les premiers jours de février. Certains commerces sont autorisés à rouvrir.
L’Egypte a pour sa part prolongé son couvre-feu nocturne pendant le mois de ramadan, qui débutera vendredi.
En Albanie, le confinement fait la joie des flamants roses de la lagune de Narta, qui ont commencé leurs danses nuptiales sans être importunés. “On a changé de rôle, l’homme est confiné alors que la faune a repris tous ses droits”, relève le chercheur Nexhip Hysolokaj.
Mais les effets secondaires de la pandémie risquent d’être aussi dévastateurs, voire davantage, que la maladie elle-même.
Plus d’un milliard de personnes sont susceptibles de perdre leur emploi et donc bien souvent l’accès aux soins, a relevé l’Organisation internationale du travail (OIT). Cette baisse des soins affecterait particulièrement les femmes et les enfants, selon la Banque mondiale.
Par ailleurs, le nombre de personnes souffrant de famine risque de doubler pour atteindre “plus de 250 millions d’ici la fin de 2020”, selon l’ONU, qui évoque une “catastrophe humanitaire mondiale”.
En outre, près de 400.000 personnes supplémentaires pourraient mourir du paludisme dès cette année en raison de problèmes de distribution de moustiquaires et de médicaments, a prévenu jeudi l’OMS.
“Le bilan des morts du paludisme en Afrique sub-saharienne en 2020 atteindrait 769.000, deux fois plus qu’en 2018”, a souligné l’organisation.
En Afrique, le tube planétaire de la chanteuse anti-apartheid sud-africaine Miriam Makeba, “Pata Pata” (“touche touche”), a été adapté pour aider à combattre la propagation du coronavirus.
Les paroles de cette chanson sortie en 1967 disent désormais: “En cette époque de coronavirus, ce n’est pas le temps du toucher… Ce n’est pas du pata pata… Nous devons garder nos mains propres”.
burx-phs/sg
AFP