Le président en exercice de la CEDEAO a préconisé la mise en place d’un groupe technique de travail pour réfléchir sur l’impact socio-économique et les conditions de reprise post-crise. Ce groupe proposera un plan d’investissement communautaire qui doit s’attaquer aux contraintes structurelles
Une session extraordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tenue hier par visioconférence, a examiné l’évolution de la situation et de l’impact de la pandémie du coronavirus au sein de l’espace commun.
Dans son discours d’ouverture, le président en exercice de la Cedeao, le Nigérien Issoufou Mahamadou, a indiqué qu’il y a quelques mois, personne ne pouvait imaginer que tout s’arrêterait brusquement : le travail, l’économie, la vie sociale.
«Personne ne pouvait imaginer que toutes les frontières terrestres, maritimes et aériennes de tous les pays du monde seraient fermées. Ces mesures n’ont pas été dictées par l’occurrence d’une guerre mondiale mais par un virus, le Covid-19 qui touche aujourd’hui tous les pays et tous les continents», a-t-il déclaré.
Sur le plan humain, le chef de l’État nigérien a fait savoir que plus de 2,6 millions de personnes sont infectées dans le monde à la date du 22 avril 2020. «On enregistre, à la même date, plus de 180 milles morts. Sur le plan social, la pauvreté va s’aggraver, le nombre de personnes exposées à la faim va doubler, le chômage et les inégalités vont s’amplifier. Sur le plan économique, le monde va connaître une crise sans précédent depuis celle de 1929 », a-t-il ajouté.
Issoufou Mahamadou a salué tous les pays membres de la Cedeao pour les mesures fermes et appropriées qu’ils ont prises pour endiguer la crise sanitaire et ses conséquences sociales et économiques. «Les ripostes nationales que nous avons mises en place doivent être agrégées dans un plan régional de riposte conformément aux principes fondateurs de notre organisation, à savoir :
solidarité et autosuffisance collective, coopération inter-États, harmonisation des politiques et intégration des programmes, règlement pacifique des différents entre les États membres», a-t-il souligné.
Pour le président en exercice de la Cedeao, les différents plans de riposte face à la pandémie doivent être prolongés par des plans post-pandémie. Notre région doit, a-t-il préconisé, mettre en place un groupe technique de travail pour réfléchir sur l’impact socio-économique et les conditions de reprise post-crise. Ce groupe proposera aux chefs d’État un plan d’investissement communautaire qui doit s’attaquer aux contraintes structurelles.
Ce plan d’investissement prioritaire, selon Issoufou Mahamadou, doit résoudre de manière définitive les contraintes structurelles pour la nécessaire industrialisation, condition sine qua non pour l’émergence économique de la Communauté à travers notamment la maîtrise des facteurs de production : énergie, transport, et NTIC ; la création de pôles industriels visant la transformation des avantages comparatifs de chaque pays ; la modernisation et la transformation de l’agriculture ; la création de centres d’enseignement et de santé de référence dans la zone ; la création de champions régionaux dans les domaines de la finance, de la logistique, de l’aviation.
Déjà mercredi, en sa qualité de deuxième vice-président du bureau de l’Union africaine (UA), le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, avait pris part à une téléconférence sur la stratégie africaine de riposte à la pandémie du Covid-19. Présidé par le chef de l’État sud-africain, président en exercice de l’UA, l’évènement a enregistré la participation de plusieurs chefs d’État africains, ainsi que des représentants du secteur privé africain.
Articulation importante de la stratégie africaine, le Center for Disease Control (CDC) Afrique a présenté un rapport aux chefs d’État sur ce que doit être la riposte du continent face au fléau. D’importantes contributions financières au Fonds Covid de l’UA ainsi qu’à CDC Afrique ont été également annoncées ou confirmées par des États membres dont le Mali, et par le secteur bancaire et le privé. Saluant l’initiative de l’UA, le président Ibrahim Boubacar Keïta s’est félicité de la pertinence et de la rapidité des décisions jusque-là prises. Il appuie fortement l’idée d’adjoindre les responsables des Communautés économiques régionales aux activités du Bureau de l’UA sur le Covid-19.
Par ailleurs, le chef de l’État a déploré la faible capacité des Etats membres en matière de test avant de s’étendre sur l’utilité du masque dans un contexte culturel qui rend peu efficaces les mesures de distanciation sociale préconisées. Le Mali, pays producteur de coton, poursuivra-t-il, a fait le pari de la fabrication sur place du masque et étudierait avec bienveillance toute possibilité de partenariat inter africain sur le sujet.
La réunion a annoncé la désignation de notre compatriote, le banquier Abdoulaye Daffé, parmi les administrateurs du Fonds africain contre le Covid-19.
Madiba KEITA
Source : L’ESSOR