De retour aux commandes du gouvernement britannique après sa convalescence, Boris Johnson a appelé lundi les Britanniques à continuer à respecter le confinement bien que la courbe de la pandémie “commence à s’inverser” au Royaume-Uni.
Un mois après avoir été testé positif au Covid-19 et deux semaines après sa sortie de l’hôpital, le Premier ministre de 55 ans s’est exprimé devant le 10 Downing Street.
Face à la pression qui monte pour esquisser une stratégie de déconfinement, il a dit comprendre “l’impatience” de la population, appelée à rester chez elle depuis le 23 mars et promis des décisions “dans les jours à venir” sur la manière d’adapter à l’avenir les mesures mises en place face à une crise qui dure. Mais il a averti qu’il fallait en l’état s’en tenir au confinement, en place au moins jusqu’au 7 mai, au risque d’une recrudescence.
“Nous commençons maintenant à inverser la tendance”, a déclaré Boris Johnson, remerciant ses compatriotes de leur “bon sens” et de leur “esprit communautaire”.
“Je sais que c’est difficile. Et je veux faire progresser l’économie aussi vite que possible, mais je refuse de gâcher les efforts et les sacrifices du peuple britannique et de risquer une deuxième épidémie majeure”, a ajouté le Premier ministre.
Avec 20.732 décès dans les seuls hôpitaux, le Royaume-Uni est l’un des pays les plus sévèrement touchés en Europe par le nouveau coronavirus. Le bilan s’annonce encore plus lourd avec les morts dans les maisons de retraite, qui se comptabilisent par milliers selon les acteurs du secteur.
Au cours de la conférence de presse quotidienne de Downing Street dimanche, le ministre de l’Environnement George Eustice a observé des “signes encourageants”.
En très nette baisse, le dernier bilan en date communiqué dimanche recense 413 décès supplémentaires en milieu hospitalier, le chiffre le moins élevé en près d’un mois.
Mais en l’absence de traitement et aucun vaccin ne pouvant être espéré au moins avant la fin de l’année, la route s’annonce encore longue avant de tourner la page de la pandémie.
– “Discussion entre adultes” –
Le Royaume-Uni se trouve à une “étape délicate et dangereuse”, a souligné dimanche le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, qui a remplacé Boris Johnson pendant son absence.
Le gouvernement est divisé, selon la presse, certains poids lourds s’inquiétant des conséquences, sociales mais aussi sanitaires, d’un confinement trop strict sur la longueur. Et le Premier ministre sera amené à trancher.
Hospitalisé pendant une semaine à Londres, Boris Johnson était en convalescence depuis le 12 avril dans la résidence gouvernementale de Chequers. Pendant cette période, son pays s’est trouvé confronté à ce que les scientifique pensent être le pic de la pandémie et son gouvernement à de nombreuses critiques.
Le leader conservateur a passé trois jours en soins intensifs. Un laps de temps pendant lequel les choses “auraient très bien pu basculer”, avait déclaré Boris Johnson, saluant le personnel du service public de santé britannique, le NHS, auquel il “doit la vie”.
“Impatient” de s’entretenir avec le Premier ministre dans une démarche qu’il souhaite constructive, le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, lui a adressé ce week-end une lettre dans laquelle il réitère ses critiques.
Selon le nouveau patron du Labour, des “erreurs” ont été commises et le gouvernement a été “trop lent”, que ce soit sur le confinement, le dépistage ou les équipements de protection dont manquent cruellement les soignants mais aussi les maisons de retraite.
Les Britanniques “ont fait de grands sacrifices pour que le confinement fonctionne”, a-t-il tweeté, “ils méritent de prendre part à une discussion entre adultes sur la suite”.
AFP