Le télé-enseignement qui consiste à dispenser les cours via la télévision et la radio a débuté au Mali le mardi 14 avril dernier, selon la volonté du ministre en charge de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Pour, dit-on, assurer la continuité de l’école après la fermeture des classes à cause du coronavirus. Mais, ce télé-enseignement n’est que des prémices d’examens bâclés. Suivez pourquoi !
Face à la menace du Covid-19, le Président de la république, S.E.M Ibrahim Boubacar Kéita, a pris de nombreuses mesures pour casser la chaine de propagation du virus. Parmi ces mesures figure la fermeture des écoles. Pour combler ce vide, les autorités scolaires trouvent comme alternative le télé-enseignement. C’est une initiative importée par nos autorités qui, selon la finalité recherchée, est à encourager ou à bannir.
Ainsi, elle est à encourager si elle avait pour but d’aider les élèves de maintenir le niveau ; si elle était adaptée au contexte ; si elle était un subsidiaire aux cours donnés en classe.
Par contre, le télé-enseignement est à bannir au Mali si elle a pour finalité d’organiser des examens bâclés ; si elle vise seulement à permettre à une toute minorité d’élèves des établissements privés de passer des examens ou en classe supérieur pendant qu’un nombre écrasant d’élèves des écoles publiques va échouer ; de dire que l’année a été sauvée alors qu’elle était déjà perdue avant même l’apparition du coronavirus.
MANQUE D’INITIATIVE DU DÉPARTEMENT DE L’ÉDUCATION, DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Le télé-enseignement, tout comme le couvre feu, a été copié ailleurs par les autorités maliennes et collés dans le pays sans tenir compte du contexte et de la particularité de celui-ci. Cette initiative est totalement inadaptée aux réalités du Mali. D’abord, tous les élèves ne disposent pas de poste de téléviseur pour suivre les cours. Pour la radio, il existe plusieurs localités dans le pays où la radio nationale est inaccessible et l télé n’en parlons pas. En plus, le mode de dispenser le cours est inadapté au niveau des élèves. Pour qui connait le niveau des élèves, dispenser un cours sans quelques explications en langue maternelle, c’est faire exprès de passer à côté. Que dire du cours d’anglais en 9è sans un mot en français. Aussi, il manque d’interaction entre l’enseignant et l’apprenant. Ce qui complique de plus la compréhension de la leçon. Pire, le télé-enseignement serait mieux si l’année scolaire suivait normalement son cours comme dans d’autres pays chez qui nos autorités ont copié le système. Mais, l’année était déjà anéantie au moment de l’introduction de ce nouveau mode d’enseignement. Ce copié-collé révèle tout simplement le manque d’initiative du département de l’éducation.
AVEC TOUTES CES TARES, PEUT-ON ORGANISER DES EXAMENS SÉRIEUX ET CRÉDIBLE SUR LA BASE DE CE TÉLÉ-ENSEIGNEMENT ?
Toutefois, cela ne devrait pas étonner dans un pays comme le nôtre où les autorités se fichent du système scolaire national. C’est au Mali que le système scolaire varie selon le financement des bailleurs de fonds. N’eut été la vigilance des religieux, l’éducation sexuelle complète avec des germes contraires à nos valeurs bien financée allait bouleverser à nouveau le système éducatif national. C’est au Mali que le public et le privé enseignent des programmes différents. Pendant que les établissements publics, fréquentés par des enfants des couches défavorisées, sont retardés par l’enseignement des langues nationales, les établissements privés, fréquentés par des enfants des couches favorisées, commencent l’enseignement des langues étrangères, particulièrement l’anglais, dès la 3è année. C’est au Mali qu’on détourne le fonds destiné à l’éducation des milliers d’enfants pour envoyer ses enfants étudier à l’extérieur. C’est au Mali que le Ministre de l’enseignement supérieur donne des faux espoirs aux étudiants sans être inquiété.
Pour la petite histoire, en fin 2017 début 2018, la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a sélectionné les trois (3) premiers de toutes les filières, Instituts et Écoles supérieures publiques pour les préparer à postuler aux bourses américaines offertes à notre pays. Car, il semblerait que des centaines de bourses américaines viennent et repartent chaque année faute de candidats. Pour se faire, le ministère, après un test, a décidé d’envoyer les étudiants sélectionnés au Ghana pour suivre une formation de six (6) mois en anglais. Alors, on ordonna aux étudiants de se procurer des passeports. Mais, quelques jours avant le départ, le ministère informe les étudiants qu’il n’y a pas d’argent après qu’ils aient déjà payés le passeport, pour la plupart des étudiants, à 110.000 FCFA parce que le délai était trop court pour prendre le passeport de 55.000 FCFA. Où est parti cet argent de la formation au Ghana qui s’élevait à plus de 200 millions ? Les étudiants attendent toujours une réponse à cette question.
Dans un tel pays dirigé par de telles autorités, il faut s’attendre à tous les scénarios.
Yacouba TRAORE
Zénith Balè