Les avis de la population malienne divergent quant à l’application des mesures barrières préconisées par les autorités dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus.
Les mesures prises par les autorités dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie du coronavirus ne font pas l’unanimité au sein de la population malienne. Si certains trouvent ces mesures barrières salutaires, une grande partie de la population malienne les abhorre.
Djibril Traoré est vendeur de café à Kalaban-coro. Il trouve les mesures barrières salutaires et normales et demande aux autorités de tout faire pour les faire respecter par la population. Comme, dit-il, l’ont fait les autres pays pour empêcher la propagation de la maladie.
Il appelle les autorités à obliger les personnes qui refusent de respecter les mesures, même s’il faut passer, par la force. Sinon, poursuit-il, « on ne pourrait pas finalement contrôler la maladie et cela pourrait entraîner la mort de milliers de personnes au Mali ».
Un point de vue soutenu par M. Guindo, vendeur de poissons au marché de Kalaban-coro. « Que cette maladie soit vraie ou fausse, respectons ces mesures barrières, sinon si ça dégénère, ce sont les pauvres qui seront les premières victimes » prévient-il.
Comme MM. Djibril et Guindo, M. Keita, vendeur de sable au bord du fleuve à Kalaban-coro, trouve les mesures barrières salutaires, bien qu’il déplore la difficulté voire l’impossibilité d’en appliquer certaines comme la distanciation sociale. « L’Etat nous demande de laisser un mètre, alors que les mosquées (où on ne doit pas laisser d’espace entre fidèles) sont toujours ouvertes et d’autres lieux où les gens s’agglutinent comme les marchés et ici même au bord du fleuve », affirme-t-il.
M. Kanté, contrairement aux trois autres, pense que les mesures prises par les autorités sont contraignantes et inapplicables. Et d’ajouter que les autorités n’ont rien fait pour permettre l’application de ces mesures. Dans les autres pays, poursuit-il, où les mesures sont respectées, les autorités ont d’abord mis en place des mesures d’accompagnement. « Si l’Etat veut que les mesures barrières soient respectées par la population, il faut qu’il ait lui-même la volonté » ajoute-t-il.
Si Nassou Traoré, vendeuse au marché de Kalaban-coro, apprécie certaines mesures barrières comme se laver régulièrement les mains au savon, porter le cache-nez ; elle trouve d’autres oppressantes et non applicables, comme la fermeture des marchés à 16h et la distanciation sociale.
« La distanciation sociale est impossible au marché ici » fulmine un autre vendeur. Même avis chez cette vendeuse de viande au marché de Kalaban-coro, qui affirme que la maladie existe mais qu’elle n’existe pas au Mali. En plus, ajoute-t-elle, les autorités nous imposent ces mesures dérangeantes, sans mesures d’accompagnement. « Comment l’Etat peut prendre des mesures pareilles qui nous empêchent d’avoir de quoi nous nourrir et sans rien nous offrir nous permettant de couvrir les besoins fondamentaux » se demande-t-elle.
Selon elle, les autorités fatiguent la population avec des mesures qui sont synonymes de calvaire pour les pauvres. « Si l’Etat tient à faire respecter les mesures par la population, qu’il fasse son devoir d’accompagnement », soutient-elle.
Les mêmes inquiétudes sont partagées par un apprenti de Sotroma à Niamakorokourani, selon lequel, les mesures du gouvernement sont oppressantes, surtout pour les conducteurs et leurs apprentis.
Il faut dire que le ministre des Transport avait demandé la limitation du nombre de personnes dans les véhicules des transports. « Pour que nous respections les mesures comme la distanciation sociale, l’Etat doit demander de diminuer le prix du carburant et revoir aussi les recettes », martèle-t-il.
Comme on le constate, il appartient donc à l’Etat d’amener la population à faire respecter les mesures barrières. Autrement, c’est la porte ouverte à toute sorte de catastrophe.
Fadiala N. Dembélé
Stagiaire
Le Wagadu