Rejetée, critiquée et ignorée, QUEEN LUMIERE est une jeune étudiante d’une vingtaine d’année. Elle a pris la décision de se voiler, chose qui lui a valu beaucoup. N’empêche qu’elle demeure sur sa décision, peu importe ce qui en découle dans une société où on juge par les oreilles ‘’les ont dits’’ et non par les yeux (ce qu’on voit).
Voilée maintenant depuis peu, Queen Lumière affirme que la vie nous donne tous une seconde chance, et que c’est à nous de la saisir et de faire un choix entre prendre un nouveau départ où demeurer sur le chemin choisi. Selon elle, le voile est très important dans la religion musulmane. Si certains le voient comme un morceau de tissus, cette jeune fille le voit comme une lumière. « Le Coran demande à ce que la femme se couvre pour ne pas attirer, séduire les hommes comme ce verset que nous avons l’habitude d’entendre (Rabattez vos voiles sur vos poitrines …) », dit-elle.
Queen Lumière est une fille qui a été de l’autre côté du mûr, qui s’habillait sexy, pantalon serré, mini robe bustier, mini-jupe qui lui arrivait au genou, mais du jour au lendemain, elle a pris une décision qui a basculé sa vie, celle de porter le hijab (se couvrir les cheveux). Le Hijab est diffèrent du Niqab qui ne laisse rien apparaitre même pas les yeux, contrairement à la Burqua, ce dernier qui ne laisse apparaitre que les deux yeux.
Pour avoir choisi de se voiler alors que la majeure partie des jeunes filles de son âge, s’habillent sexy, collé serré, elle affirme être marginalisée par ses amies. « Je n’ai jamais pris une décision qui m’a autant éloigné de mes amies tout en faisant de moi, un sujet de discussion, de préjuger, de commérages, que celle de porter le voile. Je me suis voilée par simple conviction. Se voiler n’est pas une faveur qu’on fait à Allah Azzawajel, mais un devoir, une obligation qui incombe sur toutes les femmes musulmanes. Je m’habillais comme les jeunes filles de mon âge mais un beau jour j’ai pris un foulard, et devant mon miroir je l’ai incorrectement mis. Cela m’a pris plus de 5mn vu que c’était ma première fois de le mettre. Au moment de sortir de ma chambre, j’ai voulu l’ôter par peur des préjugés et réactions du monde extérieur, mais je me suis souvenu de la prêcheuse de renom Malmatou Mamy Sacko qui disait lors d’un séminaire sur le port du voile : ’’ Ne remettez pas votre repentir à demain. Qui sait de quoi demain est fait ? As-tu un contrat avec l’Éternel, sais-tu si demain ton âme se lèvera et que ton corps restera inerte sur le lit comme un caillou ? Sais-tu de quoi demain est fait ? Tu te dis jeune, un jeune ne meurt pas ? ‘’. Grâce à ces paroles, je suis sortie toute prête d’affronter et de supporter les préjugés de celles qui sont trop occupées à pointer les défauts des autres du doigt tout en oubliant qu’elles sont imparfaites aussi. J’ai reçu des piques toute la journée, j’ai voulu laisser tomber, mais je me suis dit : A mon Créateur je retournerais, son approbation est plus importante que les critiques de ses créatures, de ceux qu’il (Allah) a créé pour nous.
Comment a-t-elle vécu cette période de sevrage ?
Mal, dit-elle : « j’ai parfois été tenté d’abandonner car mes amies ne me considéraient plus en disant que nous n’avons plus les mêmes sujets de discussions, et qu’on a plus grandes choses en commun. J’ai été mis à l’écart comme si j’étais pestiférée. Ce qui m’a le plus choqué c’est la réaction de certaines personnes auxquelles je tenais beaucoup. Elles ont étés les premières à me juger et à me coller des étiquettes. Des membres de ma propre famille me lançaient des piques comme quoi se voiler du jour au lendemain, un changement à la hâte, tu finiras par te lasser de ton nouveau look Selon eux se voiler ne veut pas dire qu’une personne est pieuse. Certes l’habit ne fait pas le moine mais on reconnait le moine à travers son habit ! Je ne suis en compétition avec personne, je veux juste devenir une meilleure personne chaque jour. Je les comprends étant la seule qui a troqué ses tenues sexy contre des hijab, bref la seule voilée de la famille, mais ’’ Alhamdoulillah’’ je n’ai pas cédé à la tentation, et même si certains propos me blessaient dans mon âme, je garderais mon éternel sourire sur les lèvres. Être accepté comme tu es, est-ce trop demandé, respecter la décision de quelqu’un est-ce trop demandé aussi ? Avant de me voiler, beaucoup m’avaient dit’’ Je suis prêt (e) à prendre une balle pour toi ! Rire, je ne leur demandais pas de prendre une balle pour moi, mais juste être présent pour cette nouvelle phase, pour me soutenir et me conseiller, peu m’ont soutenu. Au lieu de me conseiller, m’encourager, beaucoup m’ont tourné le dos et se sont mis à me juger tout en me rappelant mon passé. Chacun de nous à une boite noire, on a tous un passé, aussi lourd ou léger soit-il, que l’on soit fière ou pas il fait partie de notre vécu !
Ça ne sert à rien de rappeler à une personne son passé, il fait partie d’elle aussi mauvais ou bon soit-il. Tous les liens sont sacrés et important pour moi, je n’ai pas pris une balle pour mes amis, mais j’ai pris des risques pour beaucoup d’entre elles, par Allah je ne regrette rien.
Professionnellement j’aimerais faire une grande carrière, mais avec le voile, je me demande si ce serait possible. Dans le domaine où j’évolue, la mixité est la règle. J’ai pensé à me tourner vers les entreprises islamiques qui n’embauche en général que les voilées. Après les mots décourageant de mes collègues qui ne cessaient de me rappeler mon changement en me disant que je n’avais aucune chance dans mon domaine.
On m’appelle ironiquement Adja ou Malmatou. Je me suis rendu à une cérémonie, un homme a serré la main de tous mes collègues et m’a ensuite dit’’ les voilées refusent de serrer la main des hommes, elles exagèrent, je pense que c’est l’intention qui compte…’’ et a continué de me rabaisser. Qui suis-je pour dévier les prescriptions d’Allah ? Je serre la main des hommes malgré moi, ça me fend le cœur en sachant que j’ai désobéi à mon créateur, pour le plaisir de sa créature. J’ai failli plier bagage pour ne pas avoir à affronter le même monsieur, après la cérémonie je me suis refugiée dans un coin pour pleurer comme la fille sensible aux critiques que je suis.
En conseil de dernier mot je demande à ce que la société cesse de mettre un visage sur le voile. Nous voilées, quoi que nous fassions ou que nous disons, la société nous taxent. Certaines personnes apportent plus de problèmes que de solutions dans notre vie, en l’écoutant tu ne t’affirmeras jamais et tes décisions ne seront que les paroles. Je suis voilée mais je reste la même fille banale et simple qu’elles ont eu à côtoyer. Quand une personne change pour le bon, apportez-lui le soutien dont elle a besoin dans le cas échéant éloignez-vous d’elle sans la blesser ou la faire regretter sa décision. Je ne regrette pas ma décision car je sais que c’était la bonne et je me sens bien dans ma peau avec mon hijab. Oui j’ai été rejetée, mais ma décision reste irrévocable, car grâce à cette décision, je me sens différente et j’ai vu la lumière. Je ne suis pas parfaite, j’aimerai juste me rapprocher plus d’Allah et d’être un bon exemple pour mes consœurs », conclut-elle.
Oumou FOFANA
Le Confident