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Abdoulaye Diakité, directeur général de la société «Diakité Robotics » : “Grâce à la robotique, nous pourrions développer des solutions permettant d’être sur le même ring que les pays développés”

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Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, Abdoulaye Diakité, ingénieur en système mécatronique, nous parle de sa société “Diakité Robotics”, ses domaines d’intervention, les difficultés rencontrées lors de la création de la société et enfin comment il aperçoit la robotique dans le développement d’un pays.

Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Abdoulaye Diakité : Je me nomme Abdoulaye Diakité, directeur général de la société “Diakité Robotique”. Après l’obtention de mon diplôme de baccalauréat au Lycée Cheick Anta Diop à Bamako, je suis parti à Londres (Angleterre) pour entreprendre des études universitaires. J’ai d’abord obtenu un Bachelor en Science informatique, suivi d’un Master dans le système mécatronique. Et juste après, j’ai décidé de rentrer au Mali afin de mettre à profit mes compétences.

Parlez-nous de la Société Diakité Robotics ?

“Diakité Robotics” est une société de mécatronique. La mécatronique est définie comme la combinaison synergique et systémique de la mécanique, de l’électronique, de l’automatique et de l’informatique en temps réel. “Diakité Robotics” a été créée en 2014 dans le but de vulgariser la mécatronique au Mali, mais aussi dans toute la sous-région.

Quels sont les domaines d’intervention de Diakité Robotics ?

La société Diakité Robotics intervient dans divers domaines, notamment les systèmes mécatroniques, les systèmes biomécatroniques, les systèmes électromécaniques, les systèmes de sécurité intelligente et sécurisation physique, la métrologie et prototypage rapide, les systèmes domotiques, la sculpture de buste.

Après sa création, la Société “Diakité Robotics” a-t-elle rencontré du succès ?

Depuis 2014 jusqu’à nos jours, nous avançons lentement mais sûrement. Lentement dans le sens où la mécatronique et la robotique étant un domaine très nouveau dans les pays comme le Mali. Cela a fait qu’au début, nous avons été confrontés à un ralentissement des activités, mais depuis les deux dernières années, grâce à cette nouvelle ère des startups, les choses commencent à aller.

Aujourd’hui, nous commençons de voir qu’il y a beaucoup de jeunes startups qui développent des solutions d’automatisme, des solutions de système embarqué, de robotiques et de drones, etc. Donc, tout cela nous amène vers cette nouvelle ère de la quatrième révolution industrielle.

Avez-vous rencontré des difficultés dans la création de la société ? Si oui, lesquelles ?

La société Diakité Robotics a été créée un mois juste après mon retour au Mali. Pour la création, je n’ai pas eu de grandes difficultés. C’est vrai que la robotique est un nouveau domaine au Mali. Mais nous avons essayé de nous adapter à la situation. Après sa création en 2014, nous avons commencé à concevoir les contrôleurs de feu tricolore, notamment celui de Badalabougou au niveau du palais de la Culture. C’était pour montrer que nous avions la compétence nécessaire dans le domaine du système embarqué et que nous pouvons concevoir des solutions nous-mêmes pour répondre à nos propres besoins. Par la suite, nous nous sommes adaptés à tout ce qui est le domaine de la sécurité.

Par exemple, après l’attaque terroriste de l’hôtel Radisson Blu, c’est nous qui avons sécurisé l’hôtel. En plus de cela, nous avons œuvré pour d’autres institutions et d’autres sociétés de la place. Donc, au fur et à mesure, nous nous sommes réadaptés, notamment dans le domaine du prototypage rapide pour les pièces de rechange pour les usines de production parce que nous avons eu à travailler en étroite collaboration avec les industries. Donc, nous avons vu qu’il y avait un problème majeur dans toutes les usines à Bamako. C’est le problème des pièces de rechange. C’est-à-dire qu’il y a un manque de pièces de rechange sur le marché. Là, nous nous sommes lancés dans la rétroconception des pièces de rechange d’où nous avons un bureau d’étude pour tout ce qui est conception, rétroconception, scan d’une pièce ou d’un objet, etc.

Actuellement, surtout en cette période de la pandémie du coronavirus ou Covid-19, nous sommes en train de concevoir des masques pour les populations, nous sommes également en train de travailler sur des respirateurs artificiels pour les malades. C’est pour vous dire qu’au niveau de Diakité Robotics, nous nous adaptons à la situation parce qu’en tant qu’entrepreneur, il faut posséder cette vision de pouvoir se reconvertir en fonction de la demande et c’est à travers cela que nous pourrions montrer que nous pouvons être polyvalents dans les différents secteurs d’activités.

Il faut également savoir que les problèmes que nous rencontrons au Mali sont généralement les mêmes problèmes que nous rencontrons dans la sous-région (Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Sénégal, Burkina Faso…). Donc, les solutions que nous arrivons à développer pour le Mali sont les solutions que nous pouvons importer vers ces pays frères.

Pensez-vous la robotique peut-être un moyen pour le développement d’un pays ?

Aujourd’hui, si nous regardons les grandes puissances mondiales, ces pays ne sont arrivés là où ils sont que par la technologie, l’innovation, l’automatisation et la robotisation, etc.

Aujourd’hui, nous assistons à l’ère de la quatrième révolution industrielle. Et cette quatrième révolution industrielle donne la possibilité aux pays du tiers-monde de pouvoir fait partir de la course et être au même niveau que les pays développés. Cela n’est possible que par la robotique, l’intelligence artificielle, les nouvelles technologies, etc. Grâce à la robotique, nous pourrions développer des solutions permettant d’être sur le même ring que les pays développés. Par exemple : la première prothèse de main bionique a été conçue en France en 2013.

Le 20 novembre 2019, “Diakité Robotics” a créé sa toute première prothèse de main bionique pour une personne amputée du bras.

Aujourd’hui, lorsque nous regardons, c’est vraiment une avancée majeure dans le domaine de l’orthopédie, parce que le fait de pouvoir redonner la possibilité à quelqu’un qui a perdu un membre de retrouver la motricité de son membre… Donc, nous essayons de toujours être à la pointe tout en adaptant des solutions à nos besoins.

Comment voyez-vous le développement de l’économie numérique au Mali dans les prochaines années ?

Vous savez, il y a deux ans que nous avons connu au Mali le phénomène de startup. Nous voyons de plus en plus que les jeunes ne restent plus en marge de l’innovation et de technologie. Ils essayent de développer des solutions qui répondent à notre besoin via les nouvelles technologies. Des applications, des solutions innovantes. Tout cela montre que nous ne pouvons pas rester en marge et que les nouvelles technologies jouent un rôle dans le développement d’un pays. Je dirais tout simplement que oui nous irons de l’avant grâce à l’économie numérique.

Un mot à l’endroit des jeunes qui veulent se lancer dans le domaine de la robotique ?

Je leur dirais tout simplement qu’il faut penser plus loin. Aujourd’hui, la robotique est un domaine qui représente le futur. C’est un domaine grâce auquel beaucoup de choses pourront se faire, surtout dans le domaine de l’industrialisation parce qu’il faut savoir qu’il n’y a pas d’industrialisation sans automatisme, il n’y a pas automatisme sans système mécatronique, ainsi de suite. C’est-à-dire que tout est lié et tout est interconnecté. Donc, j’exhorte la jeunesse à embrasser massivement le secteur de la science et plus précisément celui de la robotique.

Réalisé par Mahamadou TRAORE

AUjourd’hui Mali

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