Concerts de casseroles, chants collectifs, manifs en ligne et pancartes revendicatives: les syndicats célèbrent la journée internationale des travailleurs sans cortège mais sur les réseaux sociaux et depuis les balcons.
Emmanuel Macron a aussi donné le ton vendredi, en postant une vidéo sur les réseaux sociaux pour saluer “l’esprit du 1er Mai”, avec “une pensée pour les organisations syndicales”.
Le chef de l’Etat souligne que c’est grâce “au travail, au dévouement de nos soignants, des personnels de la protection civile, des forces de l’ordre, des armées, que nous sauvons chaque jour tant de vies”. Le président salue aussi “l’engagement” et le “travail” des agriculteurs, fonctionnaires, salariés, indépendants et bénévoles.
Un discours accueilli fraîchement par les syndicats.
“Il faudra arrêter de gérer les choses avec seule une logique budgétaire. On voit l’impasse dans laquelle ça nous a amené au niveau de l’hôpital”, a réagi sur France Info Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, invitant l’exécutif à des “actes”.
Philippe Martinez, son homologue de la CGT, s’est montré encore plus sceptique: “On a l’habitude de ce genre de message du président, qui s’oublie quelques jours après. Il faut maintenant passer aux actes”. “S’il soutient les +premiers de corvée+, qu’il le démontre”, a-t-il lancé sur France Inter.
Personnels de santé, salariés du commerce, de l’agroalimentaire, du paramédical, du social, du nettoiement, agents du service public… Ce sont justement ces “oubliés” et “invisibles de la société” que sa confédération, mais aussi la FSU, Solidaires, les mouvements lycéens Fidl, MNL, UNL et étudiant Unef ont appelé à mettre en lumière en cette journée des travailleurs.
Dès jeudi, des initiatives ont fleuri. Personnels soignants et militants CGT ont manifesté devant la Pitié-Salpêtrière à Paris… sans oublier les précautions sanitaires désormais d’usage: masques et distanciation physique.
Sur leurs pancartes, on pouvait lire “SOS Hôpital public”, “300 euros pour tous, tout de suite” ou “Augmentez nos salaires”. Vendredi matin, Fabien Roussel (PCF) a distribué du muguet aux soignants devant le même hôpital public.
– “Bella Ciao” –
Mais pas question de battre le pavé, même si quelques appels à se rassembler ont été lancés hors syndicats.
“On part du principe que le confinement et le minimum d’interaction entre les gens sont une des meilleures pistes pour éviter la propagation de ce virus, alors on essaie d’être cohérents”, dit Eric Beynel, de Solidaires.
Parmi les revendications proposées par les syndicats, les “manifestants” pourront choisir entre “Pour un monde juste, durable et solidaire” (CGT), “Colère confinée, explosion assurée!” (Solidaires), “Le service public, utile comme jamais” (FSU)…
La CGT a invité à faire des vidéos ou photos avec le message à compléter: “le jour d’après…”. Les premières pancartes demandent “un départ à la retraite anticipée”, “une juste répartition des richesses”, “une semaine de 32 heures” ou “à ne pas mourir au travail”.
Dans la matinée, sur le site internet de la centrale de Montreuil et sa page Facebook, sera diffusé un concert d’une vingtaine d’artistes du monde entier. Il y a également des appels à faire des concerts de casseroles à midi (#casserolade), et de premiers chants des Partisans “Bella Ciao” ont commencé à être retransmis.
Fidèle à sa tradition, FO a lancé un appel de son côté et voit un parallèle entre la crise liée au coronavirus et la journée du 1er Mai, née aux Etats-Unis en 1886 à l’occasion d’un mouvement social réclamant la journée de travail de 8 heures et la semaine de 48 heures, remise en question par une ordonnance présentée en mars et qui prévoit de déroger jusqu’à 60 heures.
“Le mot d’ordre à FO, c’est la santé doit être reconnue comme un droit fondamental”, a indiqué Yves Veyrier sur RTL jeudi.
La CFDT, la CFTC, l’Unsa et les étudiants de la Fage, qui célèbrent traditionnellement le 1er mai ensemble, réaffirment sur les réseaux sociaux leurs revendications générales “pour l’emploi, la justice sociale et pour un modèle de développement respectueux de l’environnement et des femmes et des hommes au travail”.
La CFDT joindra à tous ses posts sur les réseaux le hashtag #construisonsdemain
AFP