De plus en plus, des manifestations nocturnes se multiplient à Bamako et à l’intérieur du pays. Il s’agit de protestations contre le couvre-feu et les résultats des législatives proclamés par la Cour constitutionnelle le 30 avril dernier.
De la commune I, à la commune VI, les dernières nuits ont été agitées malgré le mois béni du ramadan et le l’instauration du couvre-feu, à cause de la maladie à Corona Virus. En effet, depuis l’arrêt de la Cour constitutionnelle sur les résultats des législatives 2020, les jeunes de la capitale ont décidé d’aller à une désobéissance citoyenne, pour exprimer leur colère face à ce qu’ils appellent les tripatouillages électoraux. Depuis maintenant quatre nuits, les échauffourées ont remplacé le calme habituel qui régnait dans la capitale malienne.
Des gaz lacrymogènes, des coups de feu pour intimider les manifestants, des scènes de jets de pierres, des motards qui klaxonnent dans tous les sens, voilà l’atmosphère qui empeste la vie des Bamakois après des journées pénibles de jeun, sous un soleil de plomb.
De Baconi à Doumazana, passant par le quartier Hippodrome, Djelibougou au rond-point de l’hôtel Montana, jusqu’à Fadjiguila Nafadji, les jeunes de la commune I, à l’instar de ceux d’autres communes de Bamako, bravent chaque nuit les forces de l’ordre en organisant des manifestations pour boycotter le couvre-feu et dénoncer le tripatouillage électoral. Mieux, ces jeunes s’organisent pour appeler les autres citoyens à faire comme eux.
Dans la même lancée, au niveau du pont richard en commune III, les alentours de l’hôpital du Luxembourg, en passant par les quartiers de la Commune V, les manifestants barricadent les routes et brulent des pneus au beau milieu des voies principales. En commune V, les jeunes de Bacodjicoroni, de Daoudabougou, du Quartier-Mali, Badalabougou, Sabalibougou, Magnambougou ne sont pas restés en marge de cette désobéissance civile. Malgré les gaz lacrymogènes et les intimidations des éléments du GMS, des centaines de jeunes ont décidé de veiller pendant toute la nuit, afin de semer le désordre sur les voies publiques dans la capitale Bamako.
Si l’argument avancé par des leaders de ces manifestations est la contestation de l’arrêt très contesté de la Cour constitutionnelle, certains Maliens en profitent pour clamer leur ras-le-bol aux plus hautes autorités. Dans une vidéo, un jeune de la commune III a décrié les coupures intempestives d’électricité, depuis le quelques jours.
« On ne peut pas nous dire de rester à la maison dans une chaleur de merde et nous couper le courant. Moi je sors pour soutenir mes camarades jeunes ; car nous en avons ras le bol », a-t-il clamé. Pour d’autres, le couvre-feu a trop duré, il faut sortir de la routine.
En tout état de cause, ces manifs ne sont en aucun cas un bon présage pour un pays à la sécurité fragilisée comme le nôtre. Notons que ces manifestations se sont déjà soldées par des blessés, dont un grave, notamment un chef de famille au Badialan I, qui a finalement succombé suite aux méfaits des gaz lacrymogènes, que les forces de l’ordre ont jetés contre sa maison.
Malgré tout, les jeunes promettent de continuer à braver l’autorité de l’État en restant dehors au-delà de 21 heures.
Rappelons que les villes de Kayes, Sikasso, Kita, Koutiala, Mopti et Gao ont aussi rallié Bamako dans ces manifestations, comme pour exprimer leur ras-le-bol au gouvernement.
En tout état de cause, si rien n’est fait pour stopper ces échauffourées nocturnes à temps, des bandits de tout acabit ne vont pas hésiter à s’inviter dans la partie. Ce qui ne présage rien de bon pour la stabilité d’un pays déjà sous le feu des terroristes, depuis quelques années.
PAR CHRISTELLE KONE
Info-Matin