Il n’y a pas de hasard en politique, tout se prépare à l’avance, ou les conditions sont créées pour y être. C’est ce qui s’est passé avec l’élection du désormais président de l’Assemblée Nationale.En effet, depuis son accession au pouvoir, le président IBK n’a cessé de prôner la promotion de la jeunesse et cela depuis, le choix de trois Premiers ministres de moins de 50 ans (Oumar Tatam Ly, Moussa Mara et Boubou Cissé) et de nombreux jeunes dans les départements ministériels. Avec des résultats mi-figue mi-raisin.
Déclaré battu par le ministère, Moussa Timbiné a refait surface grâce à la prise en compte de ses requêtes par la Cour Constitutionnelle. Du coup, le fils du président Karim Kéïta élu en CII du District de Bamako a indiqué la voix à suivre :’’Moussa est mon candidat’’. Depuis lors, il n’y avait plus de surprise pour l’élection de Moussa, un fidèle parmi les plus fidèles du président IBK. Que faut-il retenir de cette élection ?
Il faut noter que Moussa Timbinés’est marié avec la politique avant de se marier avec sa femme actuelle. Leader estudiantin, il s’est vite engagé dans la politique aux côtés d’IBK et son clan. Malgré les périodes de vache maigre, il lui (IBK) est resté fidèle avec son franc-parler. Acteur parmi les acteurs pour l’élection d’IBK en 2013, il a opté pour l’Assemblée Nationale. Où il avait occupé le poste de vice-président. Élu ou repêché, Moussa Timbiné fut le choix de la famille présidentielle.
C’est le 11 mai 2020 qu’a eu la rentrée inaugurale des parlementaires de la 6ème législature du Mali. Les travaux se sont déroulés au Centre International de Conférence de Bamako (CICB) sous haute surveillance sécuritaire, avec comme président de séance AbdrahamaneNiang, doyen d’âge des élus. À ses côtés ont siégé les deux plus jeunes députés de l’institution. Le perchoir tant attendu a été attribué à Moussa Timbiné au sortir d’un vote à bulletin secret avec 134 voix contre 08 pour Moussa Mara, son challenger, et 03 abstentions.
Moussa Timbiné ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Cela se sent à travers sa lutte contre Dr Tréta, l’actuel président du Parti. Le quotidien Le Soir de Bamako dans sa parution du mardi 12 mai 2020, a bien fait de relater la lutte interne entre IBK et Tréta d’une part et d’autre part entre Moussa Timbiné et Dr Tréta. Dans ce duel, qui était en mission de qui ?
Premier secrétaire général du RPM, Dr BocariTréta, actuellement président du parti, avait tous les atouts qui le prédestinaient à une belle carrière politique après l’avènement d’IBK à la tête de l’État. Mais la participation du Dr Tréta dans le premier mandat d’IBK l’a fragilisé. Son image sera ternie quand il a été cité dans le scandale autour des engrais frelatés. Depuis cette affaire, cette figure du RPM formée à l’université Patrice Lumumba de Moscou éprouve du mal à marcher tête haute sur la scène malienne. Ses ennuis seront aggravés quand il a nourri l’ambition de briguer le poste de député en commune V où le jeune Moussa déjà a fait un premier mandat.
Tréta a voulu se présenter d’abord chez lui à Ténenkou où les populations l’avaient mis en garde. Pour s’imposer en commune V, il comptait sur l’influence du Maire Amadou Ouattara, Secrétaire général de la section V RPM. L’élu de la commune V paiera le prix fort de son soutien à Dr Tréta dans cette tentative puisqu’il sera mis à l’écart à la faveur d’une conférence de section qui a permis au président du bureau politique de la jeunesse RPM de prendre le contrôle de ladite section. Une humiliation que le maire Ouattara n’a pas du tout digérée. Aussi, cette humiliation justifie-t-elle son implication aux élections législatives 2020 dans la commune contre le jeune Moussa Timbiné.
La bataille pour le contrôle du perchoir nous a fait découvrir le fossé entre ces personnalités du RPM. Lors de la réunion du bureau politique pour convenir du choix d’un candidat à présenter au président fondateur, Dr Tréta a fait apparaître sa préférence pour MamadouDiarrassouba. Cet acte, certains l’ont condamné ; ils l’ont boudé. C’est dans ces conditions que le jeune Timbiné a réitéré sa candidature. Sans doute, le jeune député avait le soutien de Karim Keïta. Dans une sortie à la veille de la rentrée parlementaire, le fiston national a clarifié sa position en confirmant ne pas convoiter ce poste. L’ancien président de la commission de défense avait indiqué son soutien à Moussa Timbiné. Ce qui fut fait, car aujourd’hui Moussa Timbiné est le détenteur du perchoir. Avec cette consécration du jeune tisserand, qui travaille dans l’ombre au sein du noyau dur pourra atteindre son objectif : organiser un congrès extraordinaire pour prendre le contrôle du RPM. Bientôt il sera le président du Parti si Dieu le veut.
Cette élection au perchoir de l’Assemblée Nationale nous a révélés, le chemin balisé par IBK pour le plus jeune président de l’Assemblée Nationale du Mali depuis 1960 en la personne de Moussa Timbiné et pour quelle fin ?
Décidé à réviser coûte que coûte la Constitution, avec Moussa au perchoir, IBK aura une grande marge de manœuvre. Alors, en parvenant à la révision, le pouvoir du Mali aura un autre visage. Car, ce serait Karim Keïta qui va prendre les rênes du Sénat dont la création tient à cœur IBK comme les prunelles de ses yeux. À défaut de parvenir à cette fin, tout sera mis en œuvre pour que Moussa qui est un membre de la famille puisse lui succéder. Alors, on peut, sans risque de se tromper affirmé qu’IBK prépare avec promptitude sa succession.
Siramakan KEITA
Source: Le Carréfour