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16 mai 1977-16 mai 2020 : Que faut-il retenir de l’après Modibo Keïta ?

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«Lorsque les propriétaires deviennent des observateurs, c’est le festival des brigands.» (Modibo Keïta).

Nous ferons l’économie de la grande œuvre du président Modibo Keïta, lâchement assassiné par des soldats brutaux qui se sont emparés du pouvoir, le 19 novembre 1968, car elle a marqué l’histoire de notre peuple.

Disons simplement qu’en huit ans de gestion des affaires, le président nationaliste Modibo Keïta a montré que la construction d’un Mali libre et prospère est possible sans le colonisateur français. De l’industrie à l’école en passant par l’agriculture, l’élevage et la santé, le Mali avait amorcé un tournant décisif dans la réalisation de son devenir. Le premier président du Mali avait pris le chemin de la structuration de la personne humaine au moyen d’une œuvre politique et patriotique sans égale.

Le président Modibo Keïta, pouvait-il vivre longtemps avec cet engagement sans réserve pour la construction d’un Mali radicalement nouveau épris de paix et de justice sociale véritable ? Les hommes avertis pouvaient répondre par la négative sachant que le gage de la France coloniale n’était autre de tout mettre en œuvre pour que l’œuvre de Modibo Keïta ne donne pas de fruit car cette œuvre nationaliste de Modibo Keïta était la voie ouverte à l’émancipation réelle de notre peuple travailleur.

La France n’est pas passée par mille chemins : elle s’est appuyée sur des officiers et sous officiers maliens pour donner un coup d’arrêt à cet élan patriotique sans précédent engrangé par le régime nationaliste de Modibo Keïta. Ces soldats apatrides trouvaient par ce coup d’État perpétré, le 19 novembre 1968, contre la première République, le moyen de se partager les acquis déjà inestimables de la première République.

L’ancien prisonnier de Taoudenit, Guédiouma Samaké, a écrit dans son ouvrage historique intitulé ‘‘Le chemin de l’honneur’’: «Le salaire d’un lieutenant était de l’ordre de 80 000 Francs maliens. Pour les autres, cela est admissible, mais pour un lieutenant responsable national, c’est peu, très peu pour faire face aux petites réceptions souvent organisées à l’intention des amis dont le nombre allait croissant journellement. C’est que lorsqu’on accède à une échelle sociale aussi élevée, les courtisans ne manquent pas. Des primes spéciales seront donc instituées pour satisfaire ces besoins nouveaux même si on a clamé partout que les caisses de l’État sont vides. Le logement du lieutenant aussi ne convient pas car trop exigu pour contenir tout ce monde.»

Ce passage sur les putschistes de 1968 est on ne plus, clair. Il explique, si besoin en est, que le gage fondamental et essentiel du coup d’État perpétré en 1968 par les quatorze membres putschistes du Comité militaire de libération nationale (CMNL) contre Modibo Keïta était de se servir à la mangeoire. C’est pourquoi donc, le procès de ses anciens compagnons Tiékoro Bagakoyo et Kissima Doukara a été tenu très loin de Bamako à l’abri des regards indiscrets, là-bas, à Tombouctou. C’était en 1978.

De ce procès pour le moins obscur et contre le droit, on peut simplement retenir que c’était une grosse farce juridique n’ayant pas permis au peuple malien de savoir comment les putschistes sont entrés en guerre les uns contre les autres. Certainement pour le partage du gâteau, en tout cas pas pour servir le peuple malien ! Sous prétexte que Tiékoro Bagayoko, Kissima Doukara et Karim Dembélé (que Moussa appelait la bande des trois) ont voulu attenter à la sureté de l’État, Moussa Traoré a simplement empêché la manifestation de la vérité en envoyant le procès à des milliers de kilomètres de Bamako.

Pire, l’avocat des accusés en la personne de Me Chevrier (cet avocat chevronné franco- malien) est retrouvé mort à son domicile à la veille dudit procès à Tombouctou. L’argument fallacieux qu’on a fait courir était que maître Chevrier est mort par excès de bière.

Le président Modibo Keïta, réclamé par la jeunesse scolaire et estudiantine pour reprendre le pouvoir, en 1977, a été assassiné dans sa cellule au camp des commandos parachutistes de Djicoroni-Para. C’était le 16 mai 1977. Dors en paix président !

En tout cas était-ce pour éviter de répondre aux questions qui pourraient lui être posées sur les conditions de la mort de Modibo Keïta et sur la tentative de coup d’État de la bande des trois que l’excellent neurologue de l’hôpital du Point G, le Pr Frank Samaké, est mort sans que l’on sache de quoi. C’est dire que Moussa a taché ses mains du sang de tous ceux qui pouvaient lui faire ombrage dans sa dictature sanguinaire.

Pire, il a massacré 224 fils du pays pour lui avoir demandé d’ouvrir le pays au multipartisme et à la démocratie. Le général Moussa Traoré est tombé, le 26 mars 1991, avec ses mains trempées dans le sang de notre peuple.

Vingt- neuf (29) ans après, le Mali vit les affres de la gestion calamiteuse des affaires par les démocrates véreux qui n’ont que faire des intérêts fondamentaux de notre peuple travailleur.

En effet, quarante-trois ans après l’assassinat crapuleux du président Modibo Keïta, il convient de retenir que les différents régimes de la deuxième et de la troisième Républiques ont tout simplement trahi le peuple malien.

Dors en paix président Modibo Keïta ! Le peuple malien vous remercie et est reconnaissant pour votre œuvre accomplie.

Fodé KEITA

Source: L’Inter de Bamako

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