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Forces armées du mali : une institution saignée par la délinquance financière

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Un soldat burkinabè des Forces armées nationales (FAN) lors d'une patrouille en décembre 2016 (illustration). © DR / DCRPA Burkina Faso

La Grande Muette est partout respectable. Celle du Mali ne fait pas exception à ce jugement favorable. Mais des pratiques prédatrices des délinquants à col blanc sapent régulièrement son moral et son utilité. 

Un militaire, qu’il soit homme de rang ou officier supérieur, de par sa formation est un homme physiquement apte à servir pour défendre sa patrie ; il a pour cela les ressources morales qui lui permettent d’éviter tous les répréhensibles. Sans aucun doute, les FAMas sont constituées d’hommes et de femmes de cette étoffe.
Mais voilà, lorsque des politiques appelés à gérer l’institution militaire se permettent, avec indignité, d’en faire une vache laitière à leurs seuls profits sordides, il y a problème. L’armée nationale souffre des dérives qui ne peuvent plus être cachées. La presse, dans son rôle de veille, s’est plusieurs fois fait l’écho de nombre de manquements qui sapent non seulement le moral des troupes, mais en plus font perdre à l’institution militaire toute son efficacité. Y a-t-il d’ailleurs aujourd’hui au Mali un corps de la Fonction publique plus saigné que l’armée ? Sans doute non.
La presse a récemment révélé un trou d’au moins 44 milliards de détournements au détriment de nos soldats. Des estimations qui, à vrai dire, pourraient être revues à la hausse pour établir le préjudice à quelque 166 milliards de FCFA d’ici décembre 2020. La fourchette, selon le journal à l’origine de la levée du lièvre, est large à cause de l’incertitude sur l’étendue de la fraude. Et des détails suivent : « En moyenne, nous chiffrons à 92. 668 de francs FCFA le montant mensuel de primes qui disparaissent pour chaque militaire, hormis les officiers. De 2017 à ce jour, et sur la base de 10.000 militaires déployés sur le terrain, nous arrivons au chiffre de 44 milliards ; et bien plus si on remonte aux années précédentes. Et si on va du principe que 30% de la masse salariale de 553 milliards de FCFA a alimenté cette fraude (cumulée de 2017 à 2020), on arrive au chiffre extraordinaire de 166 milliards ».
De quoi donner du vertige et révolter le plus mou des citoyens. Le crime dépasse l’entendement lorsque l’on sait que le budget annuel ordinaire de notre armée nationale ne dépasse pas les 300 milliards. Une armée nationale qui, de surcroît, s’est vue spoliée de 1230 milliards de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (2015- 2019), avec d’ailleurs un dépassement de 100 milliards pour un résultat digne des plus grands mafiosis : achats de blindés en carton, d’avions de combat Tucano sans viseurs sortis des épaves d’Amérique latine, etc. Même l’eau potable demeure une douloureuse problématique pour les militaires et leurs familles. Par exemple, à Kati, la plus grande garnison militaire du pays pour ne pas citer les autres, les braves épouses de militaires doivent se réveiller à 03 heures du matin pour sacrifier à la corvée d’eau. Faut-il rappeler le nombre de soldats tombés au front pour la défense de la patrie parce que tout simplement ils ont manqué d’armes efficaces ? Il y a urgence à soigner la pandémie financière qui est en train de causer la mort de notre armée. C’est pire que Covid-19.

Bogodana Isidore Théra

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